The Project Gutenberg eBook of Petit histoire des grandes rois de Angleterre

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Title: Petit histoire des grandes rois de Angleterre

Author: Ephrem Chouinard

Release date: November 18, 2015 [eBook #50485]
Most recently updated: October 22, 2024

Language: French

Credits: Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online
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*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK PETIT HISTOIRE DES GRANDES ROIS DE ANGLETERRE ***

Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée. Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.

Les autres erreurs très apparentes (mots masculins en féminin et/ou le contraire), sont voulues par l'auteur. Il paraît qu'il s'agit de l'humour typiquement québécois.

1 2

Petit Histoire des Grandes Rois
de Angleterre

3 4

5

Petit Histoire
DES
Grandes Rois
DE
Angleterre
PAR
OUN COLONISTE DES PLUS VERIDIQUES

Edition augmentée,
agrandie et beaucoup additionnée

QUEBEC
Typ. Laflamme & Proulx
1910

6 7

AVERTISSEMENT

IL y a quelques années, un ami des Canadiens-français, feu M. le docteur W.-H. Drummond, de Montréal, prenait plaisir à publier, de temps à autre, dans les journaux de la métropole, des pièces rimées au cours desquelles il prêtait à de nos compatriotes français un langage formé d'un mélange d'expressions anglaises apprises, pour ainsi dire, à la volée, et de tournures françaises d'une saveur de terroir des plus prononcées. Ce rapprochement à la bonne franquette des deux idiomes de notre pays amenait, va sans dire, des situations d'un réalisme amusant, bien que parfois poussé à des limites invraisemblables. Je n'en veux donner pour exemple que les quelques vers suivants, que je tire du volume intitulé The Habitant, dans lequel le poète anglais a réuni ses pièces:

I read on de paper

mos' ev'ry day all about Jubilee

An' grande procession movin' along, an' across de sea,

Dat's children of Queen Victoriaw comin' from far away

For tole Madame w'at dey think of her, an' wishin' her bonne santé.

8

An' if anyman want to know pourquoi les Canayens should be dere

Wit' res of de worl' for shout Hooraw an' t'row hees cap on de air,

Purty quick I will tole heem the reason w'y we feel lak' de oder do.

For if I'm only poor habitant I'm not on de sapré fou.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

So de sam' as two broder we settle down, leevin' dere han' in han',

Knowin' each oder, we lak' each oder, de French an' de Englishman,

For it's curi's t'ing on dis worl', I'm sure you see it agen an agen

Dat offen de mos' worse ennemi, he's comin' de bes', bes' friend.

J'eus dans le temps,—c'était en 1897,—l'idée de répondre au badinage du sympathique docteur en faisant, à mon tour, parler en français un de nos compatriotes anglais; et c'est alors que parut dans certains journaux de Québec et de Montréal une pièce que j'avais intitulée: Ode à Victoria Ire à l'occasion qu'elle joubile en Diamond. L'accueil bienveillant qui lui fut fait m'engagea, un peu plus tard, à écrire la Petit Histoire dont je me permets de présenter aujourd'hui l'édition «augmentée, agrandie et beaucoup additionnée». Puisse-t-elle être accueillie par nos compatriotes de langue anglaise avec le même esprit de bienveillance que nous apportons encore nous-mêmes à la lecture du livre humoristique de M. le docteur Drummond.

Nous vivons dans un pays où la connaissance des langues anglaise et française est non seulement utile, mais d'une nécessité de tous les instants. 9 Chacun de nous sait bien—disons-le toujours!—s'exprimer d'une manière passable dans sa langue maternelle; mais, lorsque nous nous trouvons aux prises avec l'autre langue, celle qui nous est moins familière, nous sommes plus ou moins portés à commettre des hérésies ou d'amusants quiproquos qu'un peu de réflexion, suggérée peut-être par la critique, pourrait nous faire éviter.

C'est sans doute dans cet esprit que le docteur Drummond a écrit ses poèmes humoristiques, et c'est pareillement, que l'on veuille bien le croire, sans plus de méchanceté que je mets ma Petit Histoire sous les yeux des lecteurs anglais. On réussit parfois à faire, au moyen d'un simple badinage de bon aloi, ce que ne saurait accomplir une démonstration sérieuse et compliquée.

Ephrem Chouinard

10 11

AVANT-PROPOS

Pour bien comprenner le Histoire

De ce qu'on appelle les rois,

Il faut fixer dans son mémoire

Certains points au nombre de trois,

Savoir: tout d'abord la première;

Ensouite la numero deux;

Puis, enfin, vienné le dernière

Qui n'est pas la moindre d'entr'eux.

La roi, qu'il soit mâle ou femelle,

Est oun être qui vient d'En Haut,

Et, par conséquent, tout en elle

Doit être trouvé bonne et beau.

C'est la premier point. La deuxième,

Venant ensouite du premier,

C'est que, pour oun roi vilain même,

Chacun doit être coutumier

D'aller se jeter dans le braise

Pour y rester tant qu'il est cuit,

Et se considérer fort aise

De s'être fait griller pour lui.

La troisième est beaucoup curieuse:

C'est que la roi «can do no wrong»,

Que ce soit dans le guerre affreuse

Ou la simple jeu de Ping-Pong.

12

Bien! En mettant dans votre tête

Ces trois points dextrement trouvés,

Vous ne jugerez rien de bête

Dans les faits qui sont relevés,

Sur la trône de Angleterre

On vit si tant de grandes rois

Qu'on ne savé plus comment faire

Pour le dire assez bien des fois.

Depouis la tout premier d'entr'elles

Jousqu'à notre saige Edouard Sept,

Tous nos monarques sontaient belles

Et beaucoup grands, comme l'on sait.

Dans les autres pays du monde

Oh! l'on vit bien, de temps en temps,

Certains rois de savoir profonde

Ou possédant d'autres talents.

Mais ce n'était point le coutume

Et, je le dis en vérité,

Trop souvent la royal costume

Cachait le médiocrité.

Bien, chez nous c'été différente;

De rois savants et pleins d'honneur

Nous avons eu souite charmante

Et tout ce qui fut la meilleur.

Quant aux monarques féminines,

C'était aussi pareil toujiours,

Et de plus vertueuses mines

Jamais vit-on meilleur concours.

Je ne dis pas que rois et reines

N'eurent jamais de manquements,

13

Ni que souvent par grandes haines

Ils n'ont pas fait souffrir leurs gens.

D'aucuns ont commis des sottises,

Volé les biens de leurs voisins,

Pillé les trésors des églises

Et dans la sang trempé leurs mains.

Quelques-uns ont battu leurs mères,

Assassiné frères et sœurs;

Mais, à part ces petits misères,

Oh! c'était d'excellentes cœurs.

Je veux vous en donner les preuves

Par cette histoire en raccourci

Que, dans ces vers tout à fait neuves,

Je vais vous présenter ici.

14 15

Race Saxonne

16

17

EGBERT-LE-GRAND
(827-837)

Oun roi sauvaige ou chef de bande

Etait Egbert probablement,

Et qu'il était d'oun vertu grande

Nul n'affirmerait sous serment.

Issu de le race saxonne,

Il été la premier garçon

Qui porta l'anglaise couronne

D'oune indépendante façon.

On ne sait pas de lui grand chose,

Ni s'il fut bon, nul ou méchant;

Et, peut-être pour cette cause,

On le surnomme Egbert-le-Grand.

Peut-être aussi cet nom splendide

Lui vienné de ce qu'oun beau jour

En France d'oun pas très rapide

Il dut aller faire oun séjour;

18

Et ce fut la roi Charlemagne

Qui le reçut dans sa palais [1].

Chacun sait que toujours on gagne

A fréquenter les gens replets.

Le puce qui pique oun princesse,

Par exemple, il est plus heureux

Qu'oun pauvre ciron en détresse,

Dessus le peau d'oun miséreux.

Charlemagne étant maggnifique,

Egbert fit bien de frotter lui;

Et c'est oun saige politique

Qui soubsisté même aujourd'hui.

Que d'êtres d'insiggnificance

Atteignent la plus haut crédit,

Pour avoir avec persistance

Faisé la frottaige susdit!

[1] Voir note à l'appendice.

19

ETHELWOLF 836-858
ETHELBALD  858-860
ETHELBERT  860-866
ETHELRED Ier 866-871

Puis, pour trente ans le Angleterre

Fut en guerre avec les Danois

Qui les Anglais mettaient à terre

Souvent et beaucoup à le fois.

Cependant l'anglaise couronne

Il ne fut pas foulée aux pieds,

Mais retomba sur le personne

De rois plus ou moins estropiés.

Ethelwolf il vint après l'autre

Dont nous avons parlé tantôt,

Et fut si tant oun bon apôtre

Que j'en veux dire oun petit mot.

Qu'il nous suffise de comprendre

Qu'oun beau jour, je ne sais trop quand,

Du roi de France il devint gendre

...On s'imagine bien comment,

Et que—la ciel le garde et sauve!—

La beau-père de notre roi

Il s'appelait Charles-le-Chauve

...On peut bien deviner pourquoi.

20

Reprenant la fil de l'histoire,

Plus tard Ethelwolf s'en alla

Faire oun voyaige méritoire

A Rome, et fut si long par-là

Que, dans la cours de son absence,

Ethelwald, son fils, vrai coquin,

Avec le plus grande indécence

Prit le couronne et le fit sien.

Cet garçon, après deux années,

Finit son règne, par bonheur,

Et l'oun de ses frères puinées,

Ethelbert, fut sa successeur.

De cet-lui je dis peu de chose,

Attendu que je n'en sais rien.

D'Ethelred encore je n'ose

Risquer oun mot en mal ou bien,

Si ce n'est qu'il était la frère

De la monarque précédent

Et que, dit-on, il fut le père

Du roi fameuse Alfred-le-Grand.

21

ALFRED-LE-GRAND
(871-900)

Dans la cours des règnes dernières

Les Danois, peuple belliqueux,

Causèrent beaucoup les misères

Aux Saxons en allant chez eux.

On se faisait la diable-à-quatre,

Pillant et tuant tour à tour

Et des moyens de se combattre

Sans cesse cherchant, nuit et jour.

Si tant qu'on ne pouvait connaître,

A travers le confusion,

Si la Danois était la maître

Ou bien si c'était la Saxon.

C'est alors que vint oun garçonne

Qui portait la doux nom d'Alfred,

Réclamer pour lui le couronne

Transmis par son père Ethelred.

Il battit à plate couture

Ses très «troublesome» voisins

Que certaines liens de nature

Faisaient à peu près des cousins.

22

Plus tard le famille danoise

Il vainquit Alfred à son tour;

Mais lui, prince habile et sournoise,

En lui jouant oun fameux tour [2],

Le chassa de sa territoire.

Depuis, la Saxon conquérant

Régna tranquille et plein de gloire

Et mérita la nom de Grand,

Si tant il fit au people anglaise

Du bien, du bien, toujiours du bien.

Même, en passant, je suis fort aise

De signaler comme étant sien

L'institution trèsment bonne

(En attendant mieux) du jury [3],

Que l'on aime plus que personne

Pourvu... que l'on n'y soit pas pris.

Oh! ce fut oun fameux monarque

Que cet mossieur Alfred-le-Grand,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il vogua toujours en avant.

[2] Voir note à l'appendice.

[3] Voir note à l'appendice.

23

EDOUARD Ier L'ANCIEN (900-925)

Cet Edouard s'appelé l'Ancienne

Pour ne pas confusionner

Avec oun autre qui s'amène,

Plus loin, du nom d'Edouard Premier.

Cet-lui qu'ici je vous mentionne

Il était fils d'Alfred-le-Grand,

Et sur son tête le couronne

Il eut oun lustre flamboyant,

Sinon autant que pour son père,

Du moins, assez pour sa bonheur.

Il pratiqua souvent le guerre

—Car il était fin batailleur,—

Et vainquit sa cousin germaine [4]

Qui cherchait à le détrôner,

Ainsi que d'autres qui, sans gêne,

Voulaient sa pays gouverner.

Puis, aimant d'oune amitié vive

La roi de France, Charles Trois [5],

24

Il lui donna son fille Ogive,

Bonne et charmant tout à la fois.

On dit aussi que cet bon prince,

Pour les sciences très porté,

Fonda—bienfait qui n'est pas mince,—

La Cambridge université.

[4] Voir note à l'appendice.

[5] Voir note à l'appendice.

25

ATHELSTAN
(925-941)

De cet-lui-là l'histoire nette

Pouvé se dire en quelques mots;

Mais nous n'avons de son binette

Point de traits ni petits ni gros.

Pour d'autres encor qui font suite

J'ai le même embarrassement,

N'ayant que leur seule conduite

Pour les rappeler oun moment;

Et j'en suis chagrin à l'extrême,

Car quelques-uns, sans contredit,

Furent de ces princes qu'on aime

Parmi tant d'autres qu'on maudit.

Athelstan était fils de l'autre

Qui s'appelait Edouard Premier.

Il vécut comme oun bon apôtre,

De vertus étant coutumier,

Et ne se mettant en colère

Pour bien gouverner son maison

Que lorsque l'on voulait lui faire

Du tintouin sans bonne raison.

Oh!... ce fut oun grande monarque,

Sans doute, et beaucoup très pouissant,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il... a dû filer en avant.

26

EDMOND I
(941-946)

C'est oun frère du précédente,

Mais il ne régna que cinq ans;

Car, malgré qu'il fut très proudente,

Oun assassin... le mit dedans.

Le chose vous est bien égale,

Mais il paraît que c'est cet roi

Qui mit le peine capitale,

En Angleterre, dans le loi.

Bien! il eût fait oun grand monarque

S'il avait vivé plus longtemps,

Et... sous son œil l'anglaise barque

Eût bousculé les ouragans.

EDRED
(946-955)

Edred était oun autre frère

De cet-là que l'on vient de voir.

Et pour neuf ans le Angleterre

Sur sa trône il le fit asseoir.

Et... ce fut oun grande monarque,

—Là-dessus je dois insister,—

Et, sous son œil, l'anglaise barque

Il... ne pouvé pas s'arrêter.

27

EDWY
(955-957)

Il était fils d'Edmond Première

Et ne fut roi que pour deux ans,

En essuyant dans son carrière

Les choses les plus déplaisants.

Il s'attira, dit-on, le haine

De ses barons et du clergé:

Doublement lourd et cruel chaîne

Qu'à son col il s'était forgé!

Oun grand moitié de sa royaume

Bientôt il perdit sans retour;

Puis les malheurs sur cet pauvre homme

Semblant s'acharner chaque jour,

Pour je ne sais trop quel caprice

Son femme du nom d'Elgiva

Fut condamnée à la supplice,

Et cette perte l'acheva.

Bien! oun traitement de la sorte

Il devait le toucher oun brin,

Et c'est pour cela qu'il est morte,

Bientôt après, dans la chagrin.

28

EDGARD, LE PACIFIQUE
(957-975)

Edgard, surnommé Pacifique,

(Probablement pour son douceur),

D'Edwy, son frère impolitique,

Devint alors la successeur;

Et, comme il n'était pas de taille

A faire mentir sa surnom,

Il ne commetté le bataille

Jamais sans excellent raison.

D'abord, il s'en va dans l'Ecosse

Livrer trois ou quatre combats,

Puis chez les Irlandais, qu'il rosse

Et met complètement à bas.

Ensouite il faisé sa possible

Pour sa peuple civiliser,

Well!... ce qui dut être pénible

Assez qu'il ne put s'amuser.

On dit qu'oune Anglaise jolie

Qui portait la nom d'Elfrida

Le mit en si grande folie

Que pour femme il la demanda.

Mais le porteur de sa messaige,

Ayant conçu même appétit,

Trouva qu'il était beaucoup saige

De garder le femme pour lui.

Le roi fut en si grand colère

A cet trompaige audacieux

Qu'il poignarda le pauvre hère

Et prit son veuve d'autant mieux.

29

Dans cet événement tragique

La monarque outragé, je crois,

S'il n'eût pas été... Pacifique,

Aurait occis l'autre deux fois.

Well! Well! Cet petit incidence

Il n'est devant vous mentionné

Que pour expliquer l'occurrence

Pourquoi si tant fut malmené

La roi suivant dans notre liste,

Et pourquoi plus loin je vous dis

Que, depuis cet temps, il existe

Oun saint de plus au paradis.

Edgard n'en fut pas moins monarque

Très tendre et beaucoup avenant,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il prit oun grand sheer en avant.

30

EDOUARD II, LE MARTYR
(975-978)

Après qu'Edgard fut mis en terre,

Edouard, son fils, lui succéda;

Mais il avait pour belle-mère

La susmentionnée Elfrida

Qui, voulant avoir sur la trône

Sa propre fils plutôt qu'Edouard,

Mena du dernier le personne

Dans oun affreuse traquenard.

Il partit un jour pour le chasse

Et n'en revint que... décédé;

D'Elfrida, dit-on, l'âme basse

En avait ainsi décidé.

Cet monarque si jeune et belle

Au ciel mettait tout sa désir,

Et c'est le raison pour laquelle

Il est saint Edouard-le-Martyr

31

ETHELRED II
(978-1016)

La fils de l'affreux belle-mère

Alors régna trente-huit ans,

Presque toujours étant en guerre

Avec les danois habitants,

Entre Suénon, roi danoise,

Et lui, sans mesure ni frein

Constamment on se cherchait noise

A propos de tout et de rien.

Si tant que la monarque anglaise

De son trône un jour fut chassé,

Et ne put reprendre son aise

Qu'après que l'autre eut trépassé.

Enfin, pour terminer l'affaire,

De Suénon la successeur

Ayant repris le Angleterre,

Ethelred mourut de douleur.

32 33

Rois Saxons et rois Danois

34

35

CANUT-LE-GRAND
(1016-1036)

Tenez! voici la roi danoise

Qui s'appelé Canut-le-Grand,

Non pas qu'il fut long d'une toise,

Mais oun roi vraiment conquérant.

Il partagea d'abord la trône

Avec la fils d'Ethelred Deux [6];

Et, pour que l'anglaise couronne

Restât longtemps sur ses cheveux,

Il épousa même son veuve

Et s'en fit comme oun paravent,

Procédé qui n'été pas neuve,

Mais réussit encor souvent.

Si tant qu'il fit naître l'usaige

Parmi les gens des deux pays

D'entremêler par mariaige

Et devenir de bons amis.

36

Bien! si cet acte souveraine

Est cause qu'aujourd'hui chez nous

Nous avons le plus meilleur reine

Et, certes, la plus beau de tous [8],

Je te bénis de tout mon être,

Canut, pour cette œuvre important,

Et suis prêt à le reconnaître,

Tu mérites la nom de Grand.

[6] Voir note à l'appendice.

[8] Voir note à l'appendice.

37

HAROLD I
(1036-1039)

En mourant, la pouissant monarque

A ses deux fils laissa ses droits,

Canut ayant la Danemarke,

Et l'autre, Harold, la trône anglois.

Mais bientôt entre les deux frères

S'éleva le dissension,

Canut voulant avoir entières

Les deux couronnes sur son front.

Pauvre Harold fit tout diligence

Pour résister à l'attentat;

Mais la bon droit a maigre chance

Auprès d'oun esprit scélérat.

Il advint donc que les deux frères

Etant près d'en venir aux mains,

Harold mourut dans... les misères

Et sans doute aussi les chagrins.

38

CANUT III ou HARDI-CANUT
(1039-1041)

Oh! c'était oun méchant garçonne,

Avare, hautain, fourbe et cruel,

Ne respectant jamais personne,

Ne craignant ni diable ni ciel.

Si tant que point je ne regrette

De n'avoir pas ici ses traits:

D'oun tel animal le binette

On aime bien mieux loin que près.

Lorsque mourut Harold, son frère,

Cet prince il était si content

Que sur son corps il osa faire

Comme oune danse d'habitant,

Trépignant de joie indiscrète

Et projetant partout dans l'air

Des cris de sauvaige en goguette

Ou de chacal à sa dessert.

Trois ans plus tard il était morte

A son tour et mis en lieu frais.

Tant mieux! que la diable l'emporte,

Et qu'on n'en parle plus jamais!

39

EDOUARD-LE-CONFESSEUR
(1041-1066)

Voulez-vous d'oun vrai grand monarque?

Eh bien! cet-lui-là regardez!

Sa règne il fit brillante marque

Parmi ceux des rois décédés.

Fils d'Ethelred dont tout à l'heure

On a rappelé quelques faits,

Il fit tout pour rendre meilleure

Le grand nation des Anglais.

Il était trèsment maggnifique,

Tendre pour les déshérités,

Et souvent d'oun mot pacifique

Il tranchait maints difficultés.

Il vécut toujours sans folie,

Toujours du ciel favorisé,

Et, quoiqu'il eût femme jolie,

Il... fut plus tard canonisé.

40

HAROLD II
(1066-....)

Beau-frère de la précédente,

Cet-lui-ci ne fit que passer;

Car Guillaume-la-Conquérante

Bien vite il le fit trépasser.

41

Race Normande

42

43

GUILLAUME I, LE BATARD, LE CONQUERANT
(1066-1087)

L'oun des princes les plus guerrières

Fut Guillaume la Conquérant,

Qui cogna plus d'anglais derrières

Que jamais roi danois ou franc.

Son père était Robert-la-Diable,

Et son mère probablement

Etait quelque chose d'aimable,

Comme l'on dit, à l'avenant.

Dans tous les cas, on nous assure

Qu'il était oun fils naturel,

Ce qui rend la travail bien dure

Pour trouver son mère réel.

De la pays de Normandie

Il était maître; mais, oun jour,

Pour voir sa royaume agrandie

Il médita quelque bon tour.

Se dit-il, si de l'Angleterre

La roi je pouvais devenir,

44

Oh! mon gloire il serait si claire

Que rien ne le pourrait ternir.

Alors il leva des armées

Et se rua sur les Anglais

Dont les bandes, fort alarmées,

Fuyaient comme des feux follets [9].

Si tant qu'à la fin son pouissance

Il était la maître de tout,

Tandis que l'anglais suffisance

Il était rendu presque à bout.

Sur la trône monta Guillaume

Qui s'y maintint plus de vingt ans.

Oh! c'était oun très habile homme,

Possédant beaucoup des talents.

On dit qu'il fut cruel et fourbe

Et quelque peu vindicatif;

Mais, bah! pour gouverner le tourbe

Ne faut-il pas être oun peu vif?...

D'abord, il prit pour son usaige

Les biens d'oun grand nombre de gens,

Et composa son entouraige

Presque uniquement de Normands.

Puis il bâtit le Tour de Londre,

Oun tas d'effroyables prisons

Où, par le suite, on vit se fondre

Tant de chefs d'illustres maisons.

Pour finir, on en conte oun bonne

Qui, tout d'abord insiggnifiant,

45

Fait voir qu'aux alentours d'oun trône

Tout il devient mirobolant.

En sus de la vaste domaine

Dont il avait le royauté,

Guillaum possédait oun bedaine

Encor plus plein de majesté.

Ce qui fit dire au roi de France,

Alors Philippe la Premier:

—Cousin Guillaume a plus de panse

Que jamais il n'eût de penser.—

Cet mot mit Guillaume en colère,

Si tant qu'en France traversé

Dans la but de tout mettre à terre,

Par oun archer il fut blessé,

Et mourut dans le Normandie,

Très lâchement abandonné

Par ses trois fils—race jolie—

Auxquels il avait tant donné.

[9] Voir note à l'appendice.

46

GUILLAUME II, LE ROUX
(1087-1100)

C'est oun des fils du grand Guillaume

Qui, nous dit-on, en avait trois,

Dont l'oun vécut comme oun pauvre homme,

Et les autres devinrent rois.

De la premier, Robert Courte-Heuse [10],

Très peu de chose il faut conter,

Sinon que, toujiours malchanceuse,

Sur la trône il ne put monter.

Quant à Guillaume, il fut peut-être

Oun assez singulier garçon,

Ayant parfois des goûts de traître,

De cruel ou bien de fripon.

Sa poil de le couleur carotte

L'avait fait surnommé «le Roux»;

Malheur à cet-lui qui s'y frotte

Oun moment qu'il est en courroux!

47

Si tant qu'il eut oun suffisance

De plus ou moins laids compromis

Et, pour bien dire, oune existence

Veuf de toute espèce d'amis.

Tout de même, il... fut oun monarque,

Disons, très noble et complaisant;

Et... vous savez, l'anglaise barque

Sous son œil marcha de l'avant.

[10] Voir note à l'appendice.

48

HENRI I, dit BEAUCLERC
(1100-1135)

Bien! Voici Henri la Première,

Troisième fils du Conquérant

Et puis, par conséquent, la frère

De la Guillaume précédent.

C'est bien lui. Je vous le réplique

Afin que, peut-être distrait,

Pour cet-là d'oun singe d'Afrique

Vous n'alliez prendre sa portrait.

Comme il était beaucoup savante,

On l'appelait Henri Beauclerc,

Ce qui semble très impioudente,

Puisqu'il n'était ni beau ni... clair.

Il eut avec Robert, son frère,

D'abord de sanglants démêlés

Au cours de lesquels cet dernière

Il fut toujiours des mieux volés.

Pauvre Robert, nommé Courte-Heuse,

Pourtant chef d'oun si grand maison,

49

Tant de plus en plus malheureuse,

Finit ses jours dans oun prison.

Puis, de cet frère malhabile

Ayant débarrassé son dos,

Henri battit à Brenneville

La roi français Louis le Gros.

Comme on voit, c'est oun grand monarque

Que cet premier des rois Henris,

Et, monté sur l'anglaise barque,

Il a dû prendre bien des ris.

50

ETIENNE DE BLOIS
(1135-1154) [11]

D'oun fille de la Conquérante

La fils alors il usurpa.

Usurper semble acte méchante;

Mais nul remords ne l'occupa.

Car, si pour toute autre personne

C'est mal de voler oun chapon,

Pour oun prince tâter oun trône

Oh! c'est considéré très bon.

Son acte est toujiours légitime

Pourvu qu'il remporte son point,

Et ne devient jamais oun crime

Que lorsqu'il ne réussit point.

Etienne donc, à le sourdine,

La trône il prit sans barguigner,

Au détriment de son cousine

Mathilde qui devait régner.

51

Fille du roi Henri Première

Que je viens de vous présenter,

Ce Mathilde était l'héritière

Qui devait la sceptre porter.

Bien! Etienne il est oun monarque

Qu'il faut très beaucoup admirer,

Puisque avec lui l'anglaise barque

Il ne pouvé pas... chavirer.

[11] Voir note à l'appendice.

52 53

Plantagenets

54

HENRI II
(1154-1189)

C'été la fils de ce princesse

Mathilde, dont on a conté

Qu'Etienne avait avec prestesse

Accaparé le royauté,

Et la fruit de sa mariaige

Avec Geoffroy Plantagenet,

Non pas oun petit personnaige,

Mais duc d'Anjou, pour parler net.

Henri vivait avec son père

En ressentant oun grand ennui

De voir sa troue d'Angleterre

Tenu si longtemps loin de lui;

Et toujiours refoulant ses larmes

Tant qu'il pouvait dans sa gosier,

De le grand science des armes

Il fit l'apprentissaige entier.

Si tant qu'à cet jeu dangereuse

Il se faisait fort remarquer

Déjà comme oun lutteur fameuse,

Lorsqu'Etienne vint à claquer.

55

Enfin, Henri prit le couronne

Dont si jeune il était sevré

Et le trouva beaucoup très bonne

Après qu'il s'en vit assuré.

D'Eléonore de Guyenne,

Que Louis Sept, étique époux,

Venait d'abandonner sans peine [12],

Il s'était mis à les genoux;

Si tant qu'avec son héritance

Il posséda, tout à le fois,

Presque le moitié de le France

Et sa propre pays anglois.

Il fit très beaucoup des conquêtes,

Avec ses voisins se battit

Et gagna victoires complètes

Autant qu'il en eut appétit.

Mais, tout en paraissant gentille,

Sa règne il fut bien attristé

Par des querelles de famille

A propos d'oun fils révolté.

Cet fils—nommons-la tout de suite,—

Etait Richard Cœur de Lion.

Nons faut-il blâmer son conduite?...

Tout la monde est d'avis que non.

C'est encor Henri la Deuxième

Qui de Becket versa la sang

Ou fit verser, à l'autel même,

Par quatre officiers de haut rang,

56

Crime qui tant fâcha l'Eglise

Que, pour rentrer dans sa giron,

Il se fit fouetter en chemise

Par plusieurs moines formant rond.

Puis, de la pauvre Rosamonde

La tant pathétique récit [13]

Qu'il fait encor pleurer la monde....

Enfin, tout dans cet règne-ci,

Jusqu'à le mort du grand monarque,

Il est vraiment très émouvant,

Bien que toujiours... l'anglaise barque

Il fît bonne route en avant.

[12] Voir note à l'appendice.

[13] Voir note à l'appendice.

57

RICHARD I, C[OE]UR DE LION.
(1189-1199)

En se révoltant de le sorte

Richard fit mal, cela s'entend.

Mais, pour moi, la diable m'emporte

Si je n'en aurais fait autant [14].

D'ailleurs, l'affaire est triste et noire,

Dénotant des esprits pervers,

Et les détails de ce histoire

Ne pouvé pas s'écrire en vers.

Quand la bonhomme il fut éteinte,

Pauvre Richard il devint roi;

Puis il s'en fut en Terre-Sainte

Pour oun peu ranimer son foi.

Là-bas il se couvrit de gloire,

Tua des Turcs autant qu'il put,

Courut de victoire en victoire

Et jamais ne manqua son but.

Peut-être encourt-il le censure

Pour avoir eu des goûts trop vifs,

58

Comme lorsqu'il fit, on assure,

Egorger cinq mille captifs.

Mais pendant que les Infidèles

Sous le pesanteur de son bras

Voyaient des milliers de chandelles

Et s'effondraient par grandes tas [15],

Richard il reçut d'Angleterre

Oun avis que sa frère Jean

—Cet-là qui s'appelait Sans Terre—

Il s'était fait nommer régent.

Richard, la cœur plein d'amertume,

Vers chez lui partit vitement,

Désirant, selon son coutume,

Y sortir sa ressentiment.

Mais, passant à travers l'Autriche

Pour dans sa pays revenir,

La duc, par oun procédé chiche [16],

En prison le fit retenir.

Bien! oun garçon de cet calibre

Ne se retienné pas longtemps;

Si tant que bientôt il fut libre

Et prit son vol à travers champs.

On dit que Blondel, la trouvère,

Lequel suivait Cœur de Lion,

En lui chantant d'oune voix claire

Favorisa l'évasion.

Bref, ayant repris son couronne,

Encore il régna quelques ans,

59

Jamais ne pliant à personne

Et ferraillant de temps en temps [17].

Car c'était oun fier batailleuse

Que cet Richard Cœur de Lion.

Il avait oun bras merveilleuse

Qui tapait comme oun vrai pilon;

Et quand du bout de son épée

Il touchait Turc ou Moricaud,

Cet dernière était tant coupée

Qu'on n'en trouvait plus oun morceau.

Oh!... c'était oun pouissant monarque,

Très douce et tioujours complaisant,

Et, sous son œil, l'anglaise barque

Il... dépassait presque le vent.

[14] Voir note à l'appendice.

[15] Voir note à l'appendice.

[16] Voir note à l'appendice.

[17] Voir note à l'appendice.

60

JEAN SANS-TERRE
(1199-1216)

A le mort de Richard, son frère,

Jean, qui l'avait déjà tenté,

Put mettre sur son tête altière

Le couronne tant convoité.

C'était oun prince très hautaine,

Menteur et beaucoup querelleur,

Et dont le vie il fut très pleine

De ce qui n'est pas la meilleur.

On dit qu'il fut assez barbare

Pour tuer sa frère Geoffroi;

Mais, bah! oun tel fait n'est ni rare

Ni condamnable chez oun roi.

Enfin, lui-même il eut son heure

Pour descendre dans la tombeau,

Et... c'été le place meilleur

Pour bien garder oun tel crapaud [18].

[18] Voir note à l'appendice.

61

HENRI III
(1216-1272)

Henri Trois, fils de Jean Sans Terre,

A peine à l'âge de neuf ans

Il était roi de Angleterre

Et des pays environnants.

Il eut maints démêlés en France,

Comme en avaient eu ses aïeux;

Mais il paraît que son vaillance

Il ne fut pas beaucoup chanceux.

Louis Neuf, la pieux monarque,

Au moment d'en venir aux mains,

Lui dit un jour:—Petiot, rembarque

Ou je te fais casser les reins.—

Devant cet langaige énergique

L'anglais monarque eut si tant peur

Qu'on dit qu'il... avala son chique

Pour se remettre oun peu la cœur.

Est-ce cela qui, par le suite,

Lui fit tout croire et tout oser?

Je ne le sais; mais son conduite

Nous amène à le supposer.

62

Il fit le guerre à droite, à gauche,

Et tant de coups voulut porter

Que c'était comme le débauche

D'oun gars qui ne peut s'arrêter.

Saint Louis le battit à Saintes

Et puis encore à Taillebourg;

Si tant que d'entendre ses plaintes

La ciel il dut devenir sourd.

All right! Plus tard il devint saige [19],

Et c'est oun grand plaisir de voir

Qu'il n'est pas morte de la raige

Après tant d'efforts pour l'avoir.

[19] Voir note à l'appendice.

63

EDOUARD I
(1272-1307)

Dedans le grand famille anglaise

Il est tant d'éléments divers

Que, pour étudier son genèse,

Parfois on est tout à l'envers.

Ainsi l'on voit en autre paige

Trois Edouard tour à tour passer.

Bien! il faut la numérotaige

Des Edouard tout recommencer.

Cet-lui-là qu'ici je présente

Il était de race normand;

Mais le famille précédente

Il était saxon... seulement,

Vous avez compris, je l'espère,

Sans que je fasse plus de frais;

Sinon... c'été mieux de me taire,

Car vous ne comprendrez jamais.

Bien! cet nouvel Edouard Première

Il était la fils d'Henri Trois,

Et d'abord pour aider son père

Il se battit plus d'oune fois.

64

Ensouite, ayant pris le couronne,

Il régna des plus saigement

Et fut pour sa peuple oun garçonne

Dont on peut faire compliment.

Il battit Wallace en Ecosse

Et s'en fit rosser à son tour,

Puis lui fit prendre oun nouveau dose

Et le mena droit à la Tour [20].

Il conquit la pays de Galles,

Et c'été depuis cet jour-là

Que tous les héritiers royales

«Princes de Galle» on appela.

Edouard fit quelques injustices

Et fut parfois fourbe et menteur;

Mais ce sont là petits caprices

Dont maints grands se font oun honneur.

[20] Voir note à l'appendice.

65 EDOUARD II
(1307-1327)

C'est la fils de la précédente

Et je n'en dirai pas très long;

Car il eut oun vie écœurante,

Si tant qu'il était polisson.

Contre l'Ecosse faisant guerre,

Il faillit y perdre ses os;

Robert Bruce le mit à terre,

Comme on dit, en criant: Ciseaux!

Puis, retournant à les orgies

Pour quoi pauvre Edouard semblait né,

C'est dans la cours de ses folies

Qu'il fut oun jour assassiné,

De quel sauvaige, affreux manière,

Certes, je ne vous dirai pas...

Oh! non, ni pour or ni prière

Je n'oserais... Quel triste cas!

Non, je ne puis... Bien, c'est oun tige

De fer qu'on fit rougir à blanc...

66

Jamais je ne saurais, vous dis-je...

On le tenait solidement,

Et deux bandits... Fait désolante!...

Nommés Mautravers et Gournay

Lui poussèrent la fer brûlante...

Well!... Well!... ailleurs que dans la nez.

Ajoutons pour finir la thème,

Le fait, non des moins singuliers,

Qu'oun frère de la roi lui-même

Etait la chef des meurtriers.

67

EDOUARD III
(1327-1377)

C'été la fils de cet dernière.

A peine était-il couronné

Que les meurtriers de son père

Il chercha, comme oun fils bien né.

Mais, fait bien triste et lamentable,

De cet crime qu'il pleurait tant

Son propre mère était coupable

Avec Mortimer, son amant.

Il fit du haut d'oune potence

A cet dernier faire la saut,

Et se contenta, par clémence,

De mettre son mère au cachot.

Dans oun cachot mettre son mère,

Direz-vous, c'est agir en chien.

Just so; mais.... point de commentaire:

Ce qu'oun roi fait est toujiours bien.

Edouard prit le terre écossaise

Que son père il avait perdu;

68

Puis, dans la royaume française

Etant ensouite descendu

Pour en disputer le couronne

Au roi Philippe de Valois,

Il faisé, lui-même en personne,

Courber Calais dessous ses lois,

Remportant le fameux victoire

Sur cet prince, auprès de Crécy.

Oun peu plus tard, la prince Noire,

Son fils, très fort guerrier aussi,

Gagna ce que depuis l'on nomme

Le grand bataille de Poitiers,

Où la roi Jean, pauvre bonhomme,

Fut au nombre des prisonniers.

Pourtant, Charles Cinq dit le Saige,

Successeur de cet même Jean,

Il fit baisser la caquetaige

Du britannique conquérant.

Depuis, cet dernier fut tranquille

Et vécut pour beaucoup des ans,

Sachant faire oun travail utile

Chaque fois qu'il en était temps;

Protégeant lettres et finance,

Industrie, Ecole d'Oxford [21];

Bâtissant la palais immense

Qui s'appelle Château-Windsor,

69

Et créant l'Ordre mirifique

De la Jarretière, par quoi

Cet-lui sur laquel il s'applique

Devient presque égal à la roi.

Enfin, il fut... oun grand monarque,

Bon père et fils affectueux,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il naviguait toujiours très mieux.

[21] Voir note à l'appendice.

70

RICHARD II
(1377-1399)

Petit-fils du roi précédente

Et fils du fameux Prince Noir,

Cet Richard n'était pas méchante,

Mais ni très bon, comme on va voir.

Il se plaisait dans le mollesse,

Ne songeant qu'à se bien nourrir,

Et laissait tout dans le détresse

Pour se livrer à la plaisir.

Avec cela faible à l'extrême,

Confiant tout à sa cousin

Qui, très fier, gouvernait lui-même

En méditant oun coup vilain.

Oun jour, cet-lui-ci le fit prendre

Et dans oun prison confiner,

Où bientôt l'âme il lui fit rendre

Pour pouvoir à son tour régner.

Afin de comprenner le suite

De l'histoire des rois anglais,

Il faut sur la prince susdite

Donner certains détails complets;

71

Et c'été le meilleur des choses

Qu'on pouvé faire pour, plus tard,

Dessus le Guerre des Deux Roses

Oun peu dissiper la brouillard.

Lorsque Richard prit le couronne,

Ayant à peine onze ans sonnés,

On mit auprès de son personne

Ses trois oncles, gens raisonnés

Et pleins de bonne expérience,

Pour former comme oun magister

Ou, si l'on préfère, oun régence:

C'était York, Lancastre et Gloster.

Well! Well! Maintenant si j'encastre

Dans ma récit que la cousin

Ci-haut était fils de Lancastre...

Vous n'avez plus besoin de rien.

72

HENRI IV [22]
(1399-1413)

C'est cet cousin dont tout à l'heure

On a vu la premier exploit.

Comme il disait: c'était son heure

De régner; donc, c'était son droit.

Quand oun gars a mis dans son tête

Qu'il a cet curieuse attribut,

Justice, honneur, rien ne l'arrête,

Il faut qu'il atteigne son but;

Et le chose est encor plus triste

Quand on voit certains grandes gens

Suivre l'ambitieux à la piste

Pour appuyer ses errements.

C'est bien là ce qui de Lancastre

Fit le fortune de hasard,

En précipitant la désastre

De cet imbécile Richard.

73

En tout cas, mossieu Henri Quatre

Il ne fut pas des plus fameux.

Tour à tour brutal et folâtre,

Fourbe, cruel et vaniteux,

Il fit si tant des injustices

Et mécontenta tant de gens,

Que tous, lassés de ses caprices,

Le haïssaient sur tous les sens.

Enfin, qu'il était oun roi piètre

Tout la monde semble d'accord

Et... se fait plaisir de connaître

Qu'il est depuis longtemps bien mort.

[22] Voir note à l'appendice.

74

HENRI V
(1413-1422)

Pour être la fils d'oun tel sire

Que cet-lui-là nommé plus haut,

Henri Cinq ne fut pas trop pire

Et vécut assez comme il faut.

Cependant il ne faut pas croire

Qu'il était oun ange du ciel.

Oh! non; les paiges de l'Histoire

Ne nous apprené rien de tel.

En France il continua le guerre

Que son père avait entrepris [23],

Et se donna grande misère

Pour garder ce qu'il avait pris.

A porter le français couronne

Alors on avait appelé

Charles Six, étrange personne

Dont le tête il était fêlé.

75

Son femme, Isabeau de Bavière

Par oune infâme trahison [24]

Elle livra le France entière

A la monarque anglo-saxon.

Well! Well! nous verrons dans le suite

Ce qu'il advint de tout cela

Quand le France, bien mieux conduite,

Encor grande se révéla...

Mais, pour la présent, peu n'importe

Ce qu'advint du monarque anglais:

Il est très certain qu'il est morte...

Après cela, rien je n'en sais.

[23] Voir note à l'appendice.

[24] Voir note à l'appendice.

76

HENRI VI
(1422-1461)

La fils du roi Henri Cinquième

Il n'était vieil que de huit mois

Quand il ceignit la diadème

Anglais et français à le fois.

Car, depuis quelque temps, le France

Presque entier il était soumis,

Et de l'anglaise dépendance

Il n'était pas encor remis.

Plus tard, levant son oriflamme,

L'anglais monarque il put entrer

Dans Paris même, à Notre-Dame,

Et, pompeux, s'y faire sacrer...

Bah! très souvent, par invective,

Bien des gens s'en font faire autant

Sans que leur pouvoir digestive

S'en affecte la moindrement.

Henri, d'oun race si tant fière,

N'était pas oun génie extra;

77

Peut-être en aurait-on pu faire

Oun très honneste magistrat.

Mais roi d'Angleterre et de France,

Ah, fichtre! c'est oun dur métier,

Exigeant plus la connaissance

Que pour compolser oun dossier.

N'importe! Il eut assez d'adresse

—Et ce fut pour lui très heureux,—

Qu'il put épouser oun princesse [25]

Ayant de l'esprit pour les deux.

Il voulut, tout d'abord, en France

Garder ce qui lui fut donné;

Mais des Anglais l'ancien pouissance

Il devint tout ratatiné.

C'est cet Henri dont les armées

Partout répandant les terreurs,

Furent si tant bien abîmées

Par la maiden de Vaucouleurs.

Devant la bras si redoutable

De la pieuse Jeanne Darc

L'Anglais courait comme la diable

Ou comme oun mouton dans oun parc.

Peut-être courrait-il encore

Si, dans oun guet-apens surpris

Par des alliés de Bedfore,

Pauvre Jeannot n'eût été pris

Et remis aux mains exécrables

D'oun gars... portant nom d'animal

78

Que devant les gens respectables

De mentionner il serait mal.

Elle était oun fille très saige,

Conduite par la doigt de Dieu;

Mais cet gueux, triplement sauvaige,

Il la fit périr dans la feu.

Depuis cette aventure inique

Jeanne il est partout admiré;

Mais la tribunal tyrannique

Qui l'a jugée est exécré.

Notre Henri Six en Angleterre,

A peu près dans la même temps,

Il ne savé plus comment faire

Pour répondre à les mécontents.

Les maisons d'York et de Lancastre

Alors commençaient à lutter,

Et préparaient la grand désastre

Qui tant de sang devait coûter;

Car, parmi tous les affreux choses

Qui désolèrent les humains,

Je crois le Guerre des Deux Roses

Il été l'oun des plus vilains.

D'abord Henri, cet imbécile,

Il se fit battre à Saint-Alban

Par Warwick, capitaine habile

Et quelque peu d'oun prétendant.

Mais bientôt le reine lui-même

Prenant parti pour son mari,

Battit comme oun œuf de carême

Cet-là qui l'avait conquéri.

79

L'an suivant, oun autre défaite

Mit encor Henri Six à bas;

Alors il dut, courbant le tête,

Vers le prison tourner ses pas.

Dans le Tour, pour six longs années

Probablement qu'il s'ennuyait,

Quand Warwick, maître-ès-destinées,

A la trône il le renvoyait;

Procédé bien étrange, en somme,

Et si tant curieuse à la fois

Que, depuis lors, Warwick on nomme

«Faiseur et défaiseur de rois.»

Enfin, par la prince Edouard Quatre,

Oun fils de la Yorkais maison,

Pauvre Henri se fit encor battre

Et refourrer dans le prison

Où, cinq ans plus tard... il est morte...

Peut-être cet dernier malheur

Peut s'expliquer de meilleur sorte

Par... Edouard, la compétiteur.

[25] Voir note à l'appendice.

80

EDOUARD IV
(1461-1483)

Edouard, de le maison yorkaise,

Etait oun fort joli garçon,

Ce qui pour en être oun mauvaise

N'est, certes, pas oune raison.

Nous avons vu comment cet homme

Il parvint à roi devenir;

Bien! son histoire il est, en somme,

Pas de très bonne souvenir.

Toujiours il ne fit que batailles

Même avec ses meilleurs amis,

Multipliant impôts et tailles,

Croyant que tout lui fût permis.

De Lancastre, maison rivale,

Il chercha la malheur en tout,

Affectant sa pouvoir royale

A le poursuivre jusqu'au bout.

Mais ce n'est pas là tout encore

Qu'il s'arrêta dans son chemin;

Il eut comme oun soif qui dévore

De répandre la sang humain.

81

Il avait avec lui deux frères:

L'un Clarence, et l'autre Richard,

Cet-lui-ci des meilleurs guerrières,

Et cet-lui-là fameux pochard.

Un jour, au malheureux Clarence,

Gardé par son ordre en prison,

Edouard fit mettre en son présence

Oun grand tonneau de vin, dit-on.

Puis... on trouva le pauvre hère

Noyé... du coup qu'il avala...

Bien! on ne dit pas que son frère

Il pleura beaucoup pour cela.

Ayant emprisonné le femme

De la défunt roi Henri Six,

Edouard, le vengeance dans l'âme,

Encore assassina son fils.

On verra bientôt par le suite

Que cet attentat odieux,

Infâme et lâche il fut bien vite

Rétribué jusqu'au plus creux.

Au roi de France il chercha noise [26];

Mais Louis Onze eut vite alors,

Avec sa petit air sournoise,

Mit la fougueux saxon dehors.

Enfin, croyant voir son pouissance

Montée au gré de ses désirs,

Il se mit à faire bombance

Et se jeta dans les plaisirs.

82

Il mourut d'étrange manière,

Et... je vous ferai remarquer

Que sans doute Richard, son frère,

Mieux qu'oun autre... peut l'expliquer.

[26] Voir note à l'appendice.

EDOUARD V
(1488-....)

C'est la fils de la précédente.

Pauvre enfant! Son oncle Richard

Voulut être nommé Régente

Et le tenir sous sa regard...

La prince—ô destinée amère!—

Régna deux mois... dans oun prison

Avec Richard, sa petit frère,

Qu'on lui donna pour compaignon.

Puis, sur les ordres du Régente,

Cet criminel audacieux

Que le soif de régner tourmente,

A mort ils furent mis tous deux [27].

[27] Voir note à l'appendice.

83

RICHARD III
(1483-1485)

C'est lui, l'infâme meurtrière

De son frère et de ses neveux,

Qui, dans l'art triste de mal faire

Surpassa toutes ses aïeux.

Cet homme monté sur la trône

Après s'être couvré de sang,

Jamais dans les yeux de personne

Ne fut autre qu'oun grand tyran.

Il avait l'âme vile et noire,

La c[oe]ur de vices saturé,

Et dans la monde son mémoire

Il fut toujiours très exécré.

D'être reconnu pour oun diable

C'est déjà beaucoup assez mal;

Mais, vrai, c'est trop abominable

Que d'être oun pareil animal.

Bien! Ecoute, Richard, écoute!

Vivant je t'aurais craint, bandit;

Mais puisque ta mort ne fait doute,

Je n'ai point peur: donc sois maudit!

84 85

Famille Tudor

86

87

HENRI VII
(1485-1509)

D'aucuns font le maison présente

Remonter à... Confucius.

Moi, je trouvé plus évidente

Qu'il commence à... Tu dors, Brutus!

(Vite, que la lecteur oublie

Cet exécrable calembour!

Autrement, ce petit folie

Pourrait marquer ma dernier jour.)

Well, then! la premier de ce race

Qui monta sur la trône anglais

Il ne fut pas oun gars bonasse,

Mais oun prince des plus discrets.

Descendant d'Edouard la Troisième

Par le branche Lancastrien,

Son bon droit à la diadème

N'était pas reconnu très bien.

Richard, dans sa courroux amère,

Disait que sa compétiteur

Etait «bâtard de père et mère,

Bien que ce fût sa seul malheur.»

88

Bah! quand on veut manger du trône

Et que son droit il est petit,

Oun tel raison n'est pas si bonne

Qu'il doive couper l'appétit.

Notre homme à Richard fit le guerre,

Le tua de son propre main [28],

Puis bientôt sur son front altière

Brilla la signe souverain.

Du monde alors les grandes causes

On approfondissait, oui-da!

Et sous cet règne, entr'autres choses,

Fut découvert la Canada.

On dit qu'Henri Sept fut avare

Et qu'il amassa de l'argent

Assez pour remplir oune mare

Ou fréter oun gros bâtiment.

Hum!... En cet temps-là, je présume,

De même qu'aujourd'hui chez nous,

Du métal oun gros apostume

Devait rencontrer tous les goûts;

Et l'on peut bien se faire imaige

Que la prince dont nous parlons

Dut avoir, pour lui rendre hommaige,

Nombre d'amis dans ses salons.

Bien!... Disons qu'il fut oun monarque

Prodigue... et beaucoup complaisant

Et que sous lui l'anglaise barque

Il marcha beaucoup en avant!

[28] Voir note à l'appendice.

89

HENRI VIII
(1509-1547)

Cet gros-là, c'est Henri Huitième,

Prince savant, rempli de soin,

Ami fidèle et charmant même

Pourvu qu'on s'en tînt... assez loin.

To begin with, il fit le guerre

A Louis Douze des Français

Pour je ne sais trop quelle affaire;

Mais bientôt il conclut le paix

En donnant à la vieil monarque

Son sœur Marie en conjungo,

Ce qui tioujours il fut la marque

D'oun cœur valant oun vrai lingot.

Ajoutons que cette Marie [29]

Au bout d'oun an il était veuf,

Et, par nouvelle épouserie,

—Ce qui partout n'est rien de neuf,—

90

Il devint, comme à l'ordinaire

Et dans la délai consacré,

Mère de celle qui fut mère

De la pauvrette Jeanne Grey.

Bien! De cet-lui-ci tout à l'heure

On verra l'histoire attristant.

Ne croyez pas qu'en son demeure

Alors Henri resta content.

En cet temps-là dessus le terre

Régnaient trois rois grands à l'excès:

C'était Henri dans l'Angleterre,

François Premier chez les Français,

Et puis l'empereur d'Allemaigne,

Charles-Quint de sa petit nom,

Qui pouvait en faisant campaigne

Passer son vie, oh! tout du long;

Tous trois de vaste intelligence,

Se jurant oun accord bien doux

Et, par mesure de proudence [30],

S'épiant toujiours en-dessous...

Mais passons! Car vouloir tout dire

Sur cet triplet intéressant

Exigerait oun travail pire

Que pour en calomnier cent.

En poursuivant d'Henri l'histoire,

De ses femmes il faut parler,

Et c'est oun soujet, veuillez croire,

Difficile à rafistoler.

91

D'abord, Henri pour son compaigne

Eut Catherine d'Aragon,

Tante de Charles d'Allemaigne,

Et de vertus vrai parangon.

Pour je ne sais trop quel caprice

Qu'ont parfois, dit-on, les grands rois,

Après quinze ans de cet cilice

Il voulut faire oun nouvel choix;

Mais Clément Sept, pape très saige

Et sur ces points beaucoup savant,

Voulut que d'Henri la menaige

Restât même qu'auparavant.

Certes, ce n'était que justice

Et prudence tout à la fois;

Car je crois que le moindre indice

De céder au monarque anglois

Eût attiré sur la Saint-Père

De Charles-Quint tout la courroux,

Cet dernier ne se gênant guère

De la faire éclater sur tous,

N'ayant pas même eu d'hésitance,

Six ans avant, comme l'on sait,

De tenir longtemps en souffrance

La même pape Clément Sept [31].

De parler sur oun ton de maître

Henri Huit très accoutumé,

Il ne voulut pas se soumettre,

Si tant il était allumé;

92

Et c'est au cours de ce chicane

Que cet épouseur enraigé

A fonder l'Eglise anglicane

Bientôt on vit tout engaigé.

De la dame Anne de Boleyne

Henri devint la tendre époux...

Tendre!... il faut ici prendre haleine,

Cet mot je la dis entre nous;

Car tout se passa de telle sorte

Qu'après trois ans de renouveau

Pauvre Boleyne elle était morte,

Morte par la main de la bourreau.

Sans doute pour noyer son peine,

Henri prit alors la Seymour,

Car il n'avait point tant de haine

Qu'au fond il n'avait de l'amour.

Seymour étant mort de mort douce,

Sans la bourreau ni ses atours,

Notre homme en eut telle secousse

Que, craignant beaucoup pour ses jours,

Il choisit comme quatrième

Anne Cleves, femme allemand

Qu'il trouva, néanmoins, trop blême

Pour répondre à sa sentiment.

Alors, ramassant sa couraige,

Il prit Kate Howard aussitôt,

Qui le laissa dans la veuvaige,

Etant morte sur oun billot.

Enfin, pour montrer quel patience

Il était dans sa cœur de roi,

93

A Kate Parr, dans son clémence,

Il permit de lui jurer foi.

C'est tout... Sur cet aimant monarque

La ciel enfin reprit ses droits;

Trente-huit ans l'anglaise barque

Avait navigué sous ses lois.

De son femme ainsi que des grues

Il n'avait eu que trois enfants:

D'abord deux filles très bourrues,

Puis oun fils des plus innocents.

[29] Voir note à l'appendice.

[30] Voir note à l'appendice.

[31] Voir note à l'appendice.

94

EDOUARD VI
(1547-1553)

C'est la fils qu'Henri la Huitième

Il avait eu de la Seymour

Et qui de porter diadème

A dix ans vit venir son tour.

Il était oun faible jeune homme,

Malade, et, sans être oun nigaud,

Pour bien gouverner oun royaume

Possédant très peu la jingo.

Il fut d'abord sous le tutelle

De la frère de son maman,

Qui fut renversé de l'échelle

Par Dudley, oun autre manant.

Cet-lui-ci, dès lors, prit son place

Auprès du pauvre souffreteux

Dont il gagna le bonne grâce

En le cajolant de son mieux;

Si tant que la prince mourante

Fit testament en faveur... Bien!

De Jeanne Grey, oun descendante

Du famille lancastrien,

95

Oubliant son propre lignée

Très fâchée de cet curieux choix

Et puis pas du tout résignée

A perdre ainsi ses royaux droits.

Enfin s'éteignit cet monarque

A peine à l'âge de quinze ans;

Oh! mais, sous lui... l'anglaise barque

Il avait bravé bien des vents.

96

JEANNE GREY
(1553-....)

Nous avons, dans oun autre paige,

Vu d'où venait ce Jeanne Grey,

Fille d'oun beaucoup haut lignaige

Puisqu'il descendait de Mary,

Sœur du fameux Henri Huitième

Et femme, pour oun court moment,

Du roi français Louis Douzième.

Well! Well! Poursuivons maintenant!

Jeanne était mignon et gentille,

A peine âgée de dix-sept ans,

Et, quoique de royal famille,

Fuyait la trône tout le temps.

Mais tant fit Dudley, son beau-père,

Avec Guilford, son jeune époux [32],

Qu'elle consentit, pour leur plaire,

A régner. C'était, entre nous,

97

De la part des deux imbéciles,

Faire faire à cet jeune enfant

Oun pas non des moins difficiles

Et sûr d'avoir mauvais tournant.

Pauvre Jeanne! Bien éphémère

Fut sa règne. Sans hésiter

Mary Tudor, affreux mégère,

La fit vite décapiter.

[32] Voir note à l'appendice.

98

MARY TUDOR LA SANGLANTE
(1553-1558)

Mary Tudor était le fille

D'Henri Huit par le premier lit.

Elle était laide en vrai gorille,

Avec oun teint de pissenlit.

De son père la fanatisme

Barbare, étroit, hautain et fol,

Joint au dangereux royalisme

De la parentaige espagnol,

Fut, je crois, le pur héritaige

Du virago Mary Tudor,

Si tant il avait l'apanaige

De tout ce qui fait la butor.

Oun jour, Philippe Deux d'Espaigne [33]

Il vint pour réclamer son main.

Il l'obtint, mais sans son compaigne

Voulut partir le lendemain.

99

En apercevant cet visaige

L'hidalgo, surpris, s'était dit:

Caramba! vite la veuvaige,

Autrement je suis déconfit.—

Et, depuis lors, le pauvre reine

Dut viver loin de son époux,

Et, pour mieux consoler son peine,

Fit éclater oun grand courroux.

D'abord, elle voulut le tête

De la pauvrette Jeanne Grey,

Et puis, pour compléter le fête,

Celle du jeune époux Dudley.

Northumberland perdit le sienne,

Ainsi que le fameux Cranmer [34];

Suffolk subit le même peine

Avec l'évêque Latimer.

Puis partout se multiplièrent

Les échafauds et les bûchers,

Et les flots de sang qui coulèrent

Auraient attendri les rochers.

Enfin.... elle mourut—ô chance!—

Sans avoir eu le moindre enfant,

Et c'est là que le Providence

Pour l'humanité fut clément.

[33] Voir note à l'appendice.

[34] Voir note à l'appendice.

100

ELISABETH [35]
(1558-1603)

Lisbeth il fut oun très beau reine

Avec oun grande nez pointu.

Son mère était Anne Boleyne

Qui lui légua tout son vertu.

Bien! à propos du damoiselle,

On eut d'abord difficulté

Pour établir oun peu sur elle

La point de légitimité;

Car des femmes en mariaige,

C'est comme du sel sur oun rôt:

Point n'en faut faire oun gaspillaige,

Mais éviter d'en mettre trop.

Or, chose non controversée,

Henri Huit pensait autrement

Et toujiours plus qu'à la pincée

Il usa de la condiment.

101

Si tant que de Lisbeth la titre

Il fut presque aussi débattu

Et mis sur transparente vitre

Que, plus tard, le fut son vertu.

N'importe! Il monta sur la trône,

Et je vous dirai certement

Que jamais femme, homme ou personne

Ne fut reine plus joliment.

C'été pendant sa règne illustre

Que la peuple anglais, jour et nuit,

Commença de prendre la lustre

Dont il reluit tant aujourd'hui;

C'est dans cet règne que Shakspeare

Il écrivit si trèsment bien

Que pas oun autre n'a fait pire

De si longtemps qu'il n'écrit rien.

Mais parlons de Lisbeth lui-même,

De qualités si bien nourri

Que c'est oun curiouse problême

De voir qu'il n'eut point de mari.

Oh! oh! si d'oun chef de ménaige

Il n'eut pour se faire oun portrait

Que le seul pitoyable imaige

D'Henri, son père, on comprendrait;

Car, vraiment, la cœur la plus tendre

Devient vite ratatiné

Lorsque tout il lui fait entendre

Qu'il est au billot destiné.

Et n'allez pas vous faire idée

Que Lisbeth manqua d'aspirants!

102

Elle en fut même incommodée,

Et parfois de très écœurants.

Nommons: Philippe, sa beau-frère,

Féroce espagnol carcajou,

Et cet gringalet légendaire

Qui s'appelait la duc d'Anjou.

Mais, si grand que fut la beau moine

Qui cherchait à la contourner,

Chacun dut manger son avoine

Et bredouille s'en retourner.

Et voilà! Des amis fidèles,

En eut-elle? Why! certainly,

Et pas des petits citronnelles;

Songez donc: Essex et Dudley,

Les deux boys les plus maggnifiques

Et plus adroitement docteurs

Possédant toutes empiriques

Pour soigner les grands maux de cœurs!

Ce reine était d'humeur changeante,

—C'est connu,—bonne à certain jour,

Puis tout à coup si tant méchante

Qu'on n'en pouvait faire le tour

Ni même y venir assez proche

Sans risquer d'accomplir oun saut

Qui vous jetait comme oun vrai poche

Tout en travers sur oun billot.

Et souvent après que son ordre

Il fut suivi jusqu'à la fin,

Lisbeth tombait tout en désordre

Si tant qu'il avait du chagrin.

103

Oh! l'on vit fort bien cet prodige,

Curieuse et beaucoup triste aussi,

Lorsqu'Essex, perdant sa prestige,

Sur la billot fut raccourci;

Car, sitôt que la coup fut faite,

—Ou, plutôt, qu'elle fut coupé,—

Le reine, au fond de son retraite,

A pleurer fut très occupé,

Faisant oun si grande vacarme

Avec si brûlante soupir

Qu'on pensa de sonner l'alarme

A tous les pompiers pour venir.

Et puis, le façon très indigne

Dont il traita Mary Stuart

Fait qu'aujourd'hui chacun trépigne

A cet infamous traquenard.

Non pas que le reine d'Ecosse

Il fut l'ange que quelqu'un dit;

Non, je crois que cet-ci fut rosse

Oun peu trop fort pour sa crédit.

Par exemple, sa ton hautaine...

Sa manque de discrétion...

Rizzio... hum!... Puis son grand haine

Pour Darnley... oh!... Bothwell, hon! hon!...

Ses menaces à le sourdine...

Mais ce n'était pas suffisant

Pour que Lisbeth à son cousine

Fît subir pareil traitement.

Aussi, dedans cette occurrence

Lisbeth perdit de sa grand nom

104

Et de sa plus noble héritance,

Si tant qu'il fut là polisson.

Et puis la monde avec tristesse

Se dit, devant tels faits flagrants:

Trop souvent que de petitesse

Ne trouve-t-on pas chez les grands!...

Oh! mais Lisbeth fut oun monarque,

Malgré tout, très fort et savant,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il en fit, des bonds en avant!

[35] Voir note à l'appendice.

105

Maison des Stuarts

106

107

JACQUES I
(1566-1625)

Lisbeth, pas n'est besoin de dire,

Il était morte sans enfants.

Et c'est, pour oun trône, oun sort pire

Que la trop plein de prétendants.

Car, s'ils sont plusieurs à le file,

On peut choisir et c'est très bien;

Mais cet choix devient difficile

Quand dessous le main on n'a rien.

Donc, de princes le pénurie

Il causait beaucoup des douleurs

A la peuple tout ahurie

De devoir en chercher ailleurs.

Jadis des rois issus de France

Sur la trône s'étaient assis;

Mais ce n'était par complaisance,

Car cet trône ils l'avaient conquis.

Alors on chercha dans l'Irlande

Parmi les grands du nation,

Mais il paraît que dans le bande

On ne put trouver rien de bon.

108

Bien! Tout à coup la peuple anglaise

Se dit: Oh! mais, que j'ai donc tort

De tant chercher, quand à mon aise

J'en puis trouver oun sans effort!

Il se souvenait qu'en Ecosse

Autrefois oun princesse anglais

Etait allée en bel carrosse

Pour devenir reine écossais.

Et ce princesse il fut, de même,

Grand'mère de Mary Stuart,

Duquel la fils, Jacques Sixième,

D'Ecosse il devint roi plus tard.

Pour lors se dit la peuple anglaise:

Heavens! c'est cet-là qu'il nous faut.

Qu'il vienne, et, pour le mettre à l'aise,

Nos soins ne feront pas défaut.

Il vint. Mais comme, en Angleterre,

On croit toujours tout inventer,

La nom de Jacques la première

Au lieu de l'autre il dut porter.

Bien! paraît-il, dans tout l'Histoire

Il est malaisé de trouver

Oun règne moins rempli de gloire,

Mais, en même temps, d'en rêver

Oun qui fût plus vraiment honnête.

Quant à Jacques, nul autre roi

Jamais ne reçut par le tête

Tant d'éloges de bonne foi

Ni tant de coups de la critique,

De grands saluts, malins discours

109

Ou fleurs de gai panégyrique.

Sur lui le griffe et la velours,

Alternant d'oun façon constante

Dans leur flatterie ou courroux,

Jamais l'oun ne fut plus cuisante,

Ni l'autre d'oun contact plus doux.

En somme, cet règne il fut bonne,

Avec certains succès complets

Et, comme toujiours, le couronne

Eut de plus ou moins gais reflets.

Doué de beaucoup d'énergie,

Jacques bientôt sous ses efforts

Il vit sa pouvoir élargie

Dans la dedans comme au dehors.

Il établit, comme oun bon père,

Parmi ses soujets l'union,

Et de l'Ecosse et l'Angleterre

Il compléta le fusion.

Il était oun prince savante

Et souvent poussait la travers,

Pour paraître encor plus charmante,

Jusqu'à vouloir... faire des vers.

Pourtant certains goûts despotiques

Lui firent commettre des torts;

Si tant que des rangs politiques

Oun jour il fut presque dehors [36].

110

C'est ainsi que—fait regrettable!—

Il prépara la grand malheur

Qui fit la sort si misérable

De son fils et son successeur.

N'importe! Il fut oun grand monarque,

Oh! yes, et beaucoup très pouissant,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il fit tioujours voile en avant.

[36] Voir note à l'appendice.

111

CHARLES I
(1625-1649)

La fils de Jacques la Première,

Bien! il fut Charles la Premier [37].

C'est oun chose beaucoup trop claire

Pour que l'on prouvé le nier.

Et puis, qu'il fit grand gaucherie

En déplaisant à ses soujets,

Ce n'est pas, non plus, menterie,

Mais oun vérité des plus vrais.

Oh! c'était oun charmant garçonne,

On le dit et je le crois bien.

Mais lorsqu'il monta sur la trône

Savait-il quelque chose ou rien?...

Ignorait-il que, pour oun prince,

Gouverner bien c'est maîtriser,

Et qu'avec oun pouvoir trop mince

On se fait vite mépriser?

112

Pourquoi, d'abord, contre l'Espaigne

Et le France tout à le fois

Fit-il le très vilain campaigne

Où, Hell! il se brûla les doigts?

Pourquoi devint-il orgueilleuse

Au point qu'il osa refuser

Ce que sa peuple souffreteuse

Il voulait tant lui proposer?

Pourquoi fit-il, à droite, à gauche,

Si grandes tas de mécontents

Que c'était comme oune débauche

De pleurs et de gémissements?

Son Parlement il lui demande

Quelque chose pour amoindrir

Le misère qui se fait grande;

Se rendra-t-il à cet désir?

Oh! non. D'oun ton brusque et hautaine

Il répond à la Parlement

Que son demande il est trop vaine

Pour qu'il s'en occupe oun moment [38].

Qu'arriva-t-il?... On le devine.

La Parlement, fâché très fort,

Saisit la roi si tant mutine

Et vite il vous le mit à mort [39].

Pauvre Charles! Ton destinée

Il fut bien amère, ma foi,

Et ta règne mal terminée...

Mais... est-ce de mon faute, à moi?

[37] Voir note à l'appendice.

[38] Voir notes à l'appendice.

[39] Voir notes à l'appendice.

113

République

114

115

OLIVIER CROMWELL, Protecteur
(1649-1658)

De Charles la bras tyrannique

Avait forcé beaucoup d'Anglais

A s'en aller dans l'Amérique

Chercher la bonheur et le paix.

Bravant les rigueurs de le houle

Ils s'en allaient, l'esprit bien noir,

Et de ces émigrés le foule

Il était pitoyaible à voir.

Oun jour, l'ordre vint du monarque,

Qu'oun tel exode inquiétait,

D'arrêter tout navire ou barque

En partance pour cet objet.

C'est ainsi que fut empêchée

La départ d'Olivier Cromwell,

Oun Puritaine tout crachée.

Les Puritaines?... Qu'est-ce?... Well!

C'est oun drôle espèce d'apôtres

Qui croient pouvoir se rendre purs

En purifiant surtout les autres

Envers lesquels ils sont très durs.

116

Pauvre Charles! Comme il fut bête

De vouloir garder cet garçon!

Cromwell resta; mais dans son tête

Eclata le rébellion.

Alors comme représentante

Au Parlement il fut porté

Et, là, pour sa travail constante,

Comme oun grand homme il fut compté.

Bientôt son œuvre il fut complète:

La Parlement il conduisait

Si tant qu'oun jour du roi le tête

Sur oun échafaud il roulait.

Cromwell triompha, maggnifique,

Comme oun grande libérateur,

Et de la nouveau république

Il fut nommé la Protecteur.

Pour neuf ans il garda cet titre

Et, faut le dire à sa crédit,

Oh! point il ne fut oun bélître,

Mais grand homme, sans contredit.

Sous lui notre chère Angleterre,

Depuis longtemps très indigent,

Il devint si beaucoup prospère

Qu'on... ne peut pas dire comment.

Cromwell ne fut pas oun monarque

Dans la sens brutal de cet mot;

Mais sous son œil... l'anglaise barque

Il marcha beaucoup comme il faut.

117

RICHARD CROMWELL
(1658-....)

Il est la fils du précédente,

Et fut deuxième Protecteur;

Mais des talents de sa parente

Il avait bien peu le couleur.

Le père il était très active,

Brave soldat, parleur brillant;

Mais la fils, loin d'être aussi vive,

Il passait la temps en bâillant.

Des ennemis du république

Parfois il avait si tant peur

Qu'il lui prenait comme oun colique

Dont il sentait oun grand douleur.

Aussi sa règne fut bien courte;

Après six mois, triste, abattu,

Il s'enfuyait comme oune tourte

Ou comme oun chien qu'on a battu.

La fils de Charles la Première,

Tournant de sa pays autour,

Il était près de le frontière

Attendant l'heure du retour.

118 119

Restauration des Stuarts

120

121

CHARLES II
(1660-1685)

Bon! Voilà ces rois excellentes

Qui nous reviennent de nouveau!

Devant leurs plumaiges brillantes

Cromwell avait fui comme oun veau,

Et la prince Charles Deuxième

Dans sa pays s'étant rendu

Avait repris la diadème

Que son père il avait perdu.

Je voudrais bien dessus sa règne

Pouvoir écrire oun compliment;

Mais ma cœur de poète il saigne

Pour rimer sur oun tel manant.

Charles Deux fut la prototype

Du roi sensuel et viveur,

Cherchant partout le maggnifique

Même à le prix de son honneur.

Chez lui c'était comme oun rafale

De freluquets et polissons,

Et jamais dans le cour royale

On n'avait vu tant de guenons.

122

C'étaient tioujours fêtes brillantes,

Promenades et bals masqués,

Danses des plus mirobolantes

Comme proupos des plus risqués.

Les vins coulaient en vrais déluges

Dans des festins de fins ragoûts,

Où l'on mangeait comme des juges

Et l'on buvait comme des trous.

Les damoiselles mouchetées,

Tout couverts de colifichets,

Avec au col des brochetées

De parures les plus coquets,

Traînaient leurs riches mousselines

Sur les parquets doux et luisants,

Maintes galantes mascoulines

Leur débitant des compliments.

Puis, au son des clarionnettes,

Violons, flûtes, tambourins,

On se faisait mille courbettes

A s'en donner des tours de reins,

Tourbillonnant en rondes folles

Dans oun frelassement joli,

Le bouche plein de mots frivoles,

La nez bourré de patchouli.

Pardonnez à mon innocence

De ne vous en dire plus long!...

Qu'oun cœur bien né tioujours s'offense

De tels discours, oh! c'est très bon.

Encor si les torts de son père

Charles Deux avait évités;

123

Si des habitants d'Angleterre

Les droits il avait respectés!...

Mais, par oun acte impolitique

S'aliénant la Parlement,

Il voulut d'oun bras tyrannique

Gouverner seul et violemment.

Alors les cris et les murmures

Ils s'élevèrent de partout [40],

Et plusieurs cruelles mesures

La roi prit pour les mettre à bout.

Oh! oh! c'été vraiment oun chance,

Pour la pauvre roi criminel,

Que la peuple, en cette occurrence,

N'eût plus son Olivier Cromwell!

Il vécut. Mais ses torts nombreuses

Tombèrent sur la roi suivant

Qui, lors de ses jours malheureuses

Avait assez des siens, pourtant.

[40] Voir note à l'appendice.

124

JACQUES II
(1685-1689)

Jacques Deux il était la frère

De Charles Deux qu'on vient de voir;

Et c'est affreux tout le misère

Qu'il prit pour le couronne avoir.

Par malheur, à le politique

Il mêla le religion,

Si tant que partout le critique

Il s'attacha dessus son nom.

Erreur difficile à comprendre,

Qui de nos jours soubsiste encor

Parmi cet-là qui veulent prendre

«La sanctuaire pour décor...»

Jacques d'abord, brave et tenace,

Dans sa succès trop confiant,

Pensa qu'au peuple en faisant face

Il devrait rester triomphant.

Aux premiers clameurs de le foule

Il répondit par le rigueur;

125

Mais, comme oun tonnerre qui roule,

Les cris prirent plus de vigueur [41].

Bientôt Jacques put reconnaître

Que, même jusqu'en son maison,

Contre sa trône et sa bien-être

Se préparait le trahison.

En effet, son fille Marie

Avec Guillaume, son époux,

Aux biens de le royauterie

Ils faisaient déjà les yeux doux.

Guillaume était prince d'Orange

Et de Hollande oun stathouder,

Ce qui ne veut pas dire oun ange,

Mais oun garçon bougrement fier.

Les Jacobites ou Papistes

Etaient de Jacques les suivants;

Et cet-là nommés Orangistes

Etaient de Guillaume les gens.

Bien! cet dernier à sa beau-père,

D'auprès duquel il avait fui,

Il fit oune terrible guerre

Pour avoir le couronne à lui.

A le rivière de le Boyne

Leurs soldats s'étant rencontrés,

Ils se chauffèrent tant le couenne

Que beaucoup en furent grillés.

126

Jacques s'y vit, l'excellent homme,

Dépouillé de ce qu'il avait;

Et sa gendre, la bon Guillaume,

Eut la trône qu'il convoitait.

Noble et caressante famille!

De voir son père détrôné,

Mary, dit-on,—excellent fille!—

De rire était ratatiné.

[41] Voir note à l'appendice.

127

Orange et Stuart

128

129

GUILLAUME III ET MARIE II
(1689-1702)

Très peu de chose il reste à dire

De ces deux tourtereaux charmants.

Ni l'oun ni l'autre ne fut pire

Que rois et reines précédents.

Guillaume il eut beaucoup à faire,

En commençant, pour conserver

La trône qu'à son cher beau-père

On l'a vu tantôt enlever.

Cet-ci dans la pays de France

Avec ses gens s'étant rendu,

Y cherchait encore oune chance

De ravoir sa trône perdu.

Mais cet espoir il était vaine.

Guillaume avait beaucoup d'amis

Dont pour Jacques le grande haine

Jamais depouis ne s'est remis;

Et lorsque Louis, Roi-Lumière,

Signa la traité de Ryswick [42],

130

De pauvre Jacques le prière

Il fut oublié... pretty quick.

Enfin, du pouvoir souveraine

Guillaume jouit avec douceur;

Mais bientôt il perdit son reine [43],

Et ce lui fut oun grand douleur.

Lui-même, si brave et si forte,

Oun jour il tomba de cheval;

Puisque de cet coup il est morte,

C'est qu'il s'était fait oun grand mal.

N'importe! il fut pouissant monarque,

Très tendre et beaucoup complaisant;

Et sous son œil l'anglaise barque

Il fit oun grand saut en avant.

[42] Voir note à l'appendice.

[43] Voir note à l'appendice.

131

ANNE
(1702-1714)

Anne elle était sœur de Marie,

Et sur la trône fut douze ans.

Elle était douce et bien jolie,

Mais fanatique en même temps.

Pour rendre son gloire immortelle

Elle fit tout en sa pouvoir;

Mais sa lustre la plus réelle

Vint, je crois, comme l'on va voir.

En effet, c'été sous ce reine

Que vivé la fameux guerrier

Mossieu Malbrouck, grand capitaine,

D'oun appétit si carnassier.

Malbrouck il fit le guerre en France

Dont les soldats il écrasa;

Et, pour vaincre, son diligence

Bien rarement on surpassa [44].

Bien! ce n'est pas tant sa couraige

Qui lui valut sa grand renom,

132

Mais de son gloire l'apanaige

Il lui vint d'oun fameux chanson:

«Mossieu Malbrouck s'en va-t-en guerre...»

«Paige, quel nouvelle apportez?...»

«Oh! mais... je l'ai vu mettre en terre...»

«Par quatre biaux sous-officiers...»

Et puis: «Madame à son tour monte

«Bien plus haut qu'il peut pas monter...»

Chanson que les Français, sans honte,

Toujours ils ne font que chanter.

Si tant que du grand capitaine

Il ne reste plus aujourd'hui

Que cet scandalouse refraine

Qu'on a fait pour rire de lui.

Well! well! quant au reine lui-même,

S'il ne fut pas de les plus grands,

Il eut l'avantaige suprême

De se faire aimer tout la temps,

Dirigeant toute son pouissance

A rendre heureux tous ses soujets.

Si tant qu'après la long distance

De deux siècles, la peuple anglais

Ne parle pas de «good queen Anne»

Sans beaucoup grand le bouche ouvrir

Pour aussitôt oun vrai boucane

De compliments laisser sortir.

Well, then! Anne fut oun monarque

Dont on ne peut médire en rien;

Car sous son œil l'anglaise barque

Il marcha tioujours... oh!... très bien.

[44] Voir note à l'appendice.

133

Maison de Hanovre

134

135

GEORGE I
(1714-1727)

De la fameux Jacques Première

Cet nouvel prince il descendait,

Et seul protestant héritière

De l'anglais trône il se trouvait.

Il fut, dit-on, oun roi très saige,

Cherchant la bien de ses soujets,

Mais, fort malheureux en ménaige,

Avalant beaucoup des regrets.

D'oune intrigue basse et méchante

Son femme oun jour il accusa [45],

Et dans oun prison effrayante

Trente deux ans il la laissa.

Tout de même... il fut oun monarque

Beaucoup très tendre et complaisant,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il fila tioujours en avant.

[45] Voir note à l'appendice.

136

GEORGE II
(1727-1760)

Cet George il était fils de l'autre,

Et c'était oun si bon enfant

Qu'on en aurait fait oun apôtre

Pour... tant qu'il était complaisant.

Il guerroya contre le France

Et plusieurs batailles perdit [46];

Mais aussi, par bienheureux chance,

Il en gagna,... sans contredit.

Ainsi fit-il le grand conquête

De la pays de Canada,

Malgré qu'elle ne fut complète

Que sous la roi qui succéda.

Oh! ce fut oun pouissant monarque,

Comme on voit, très entreprenant,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il marcha très loin en avant.

[46] Voir note à l'appendice.

137

GEORGE III
(1760-1820)

Petit-fils de George Deuxième,

Cet-ci n'avait que vingt deux ans

Lorsqu'il coiffa la diadème

Qu'il devait garder si longtemps.

Oh! ce fut oun très chanceux homme

Qui faisait tout ce qu'il voulait;

Et l'on peut ajouter, en somme,

Qu'il en... voulait tant qu'il pouvait.

Mais il ne faut pas que l'on pense

Que tous ses vœux furent bénis,

A moins qu'il ne songeât d'avance

A... perdre les Etats-Unis.

Car c'est alors que ce contrée,

Au bruit de la canon grondant,

Malgré l'Anglais fit son entrée

Dans la régime indépendant.

George ensouite eut oun règne heureuse,

Ni trop sévère ni trop mou;

138

Mais son tête un jour devint creuse

Et, pour dix ans, il fut très fou...

N'importe!... il fut un grand monarque,

Fort bon et très... intelligent,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il marcha beaucoup en avant.

139

GEORGE IV
(1820-1830)

De la monarque précédente

George Quatre il était la fils,

Et pour longtemps il fut Régente,

Son père étant fol comme dix.

Enfin il monta sur la trône

Et le garda deux fois cinq ans;

Mais sur son tête le couronne

N'éclata pas de feux brillants.

Il fut adversaire implacable

De l'empereur Napoléon,

Et d'oun façon peu charitable

Il traita cet clever garçon.

Contre le liberté d'écrire [47]

Il avait de drôles travers;

Et, s'il vivait, au lieu d'en rire,

Il se choquerait de mes vers.

Mais tout marche de telle sorte

Que sans peur mes goûts je poursuis:

140

Aujourd'hui George Quatre est morte,

Tandis que, by Jingo! je vis...

N'importe! Qu'il fût malheureuse

En formulant certains décrets,

Et que d'oun main trop rigoureuse

Il ait traité quelques soujets,

N'empêche qu'il fut grand monarque,

Et sous son œil si tant chrétien

Comment marcha l'anglaise barque...

Oh! oh! vous le devinez bien.

[47] Voir note à l'appendice.

141

GUILLAUME IV
(1830-1837)

De George Quatre il était frère

Et, comme on vous l'a dit tantôt,

George Trois il était son père

Qui même avait plus d'oun marmot.

Des deux bords de le politique

Il fut comme oun explorateur:

Tantôt libéral très pratique,

Et tantôt franc conservateur.

C'est ainsi que, chez nous encore,

Certaines gars ont la talent

De suiver constamment l'aurore

De la prochain soleil levant.

Mais... Guillaume il fut oun monarque

Pour oun bâtiment bien lester,

Et sous son œil l'anglaise barque

Il ne pouvait pas s'arrêter.

142

VICTORIA I
(1837-1901)

De Victoria le Première

Tout ce qu'on peut dire est très bon.

Elle fut reine, épouse et mère

De toute le meilleur façon.

Pour voir oun peu son origine

On doit l'Histoire remonter,

La meilleur moyen, j'imagine,

De ne point s'en laisser conter.

D'abord, pour commencer la thème,

George Trois avait quatre fils.

Mon franchise il serait le même

S'il en avait eu trente-six.

Mais, pour ce qu'il n'en eut que quatre,

Je m'en tiens à cet numéro,

Et je me ferais plutôt battre

Que d'y joindre même oun zéro.

George Quatre il fut la première,

Guillaume Quatre la Second;

143

Puis vint oun autre par-derrière

Dont je ne souviens plus la nom.

La duc de Kent il vint ensouite,

Et son fille Victoria,

Comme l'on a vu par le souite,

Elle devint reine et... voilà!

Victoria fut si tant bonne

Et si tant se fit respecter,

Que mon cœur de joie il frissonne

Quand je me vois pour le chanter.

Sa règne eut oun tel maggnitude

Que, pour en bien suivre la cours

Dans oune véridique étude,

Les vers de huit pieds sont trop courts.

Huit ou dix pieds, oh! saperlotte!

C'été bon pour les rois communs;

Même oun seul pied dans oun bon botte

Conviendrait bien à quelques-uns.

Mais pour oun reine qu'on admire

Avec encor plus des raisons,

Les grandes vers de Shakespeare

Même ils ne seraient pas trop longs.

Well! well! quand ce reine admirable

Fit sa Diamond Jubilee,

Sur cet sujet tant respectable

Oun grand hymne j'avais poli.

C'était en vers alexandrines

Beaucoup tendres et trèsment beaux

Et, pour les rendre plus coquines,

Coupés de petits vermisseaux.

144

Or, comme ils renferment complète

L'histoire de cet règne-là,

Permettez qu'ici je répète

Cet hymne comme le voilà!

ODE A VICTORIA [48] A L'OCCASION QU'ELLE JOUBILE EN DIAMOND. Juin 1897.

Je souis oun fils altier de le grande Angleterre

De qui la fier drapeau partout dessus le terre

Flotte dans le vent.

Mon cœur, en cet moment que le Reine joubile,

Il est piqué très fort comme par oun aigouile

Et saute en avant.

Je ne me senté pas oune grande poète

Et je ne connaissé le française rimette

Pas assez beaucoup;

Mais d'oune si bel jour pour garder le mémoire

De Queen Victoria je veux chanter le gloire

Encor pour oun coup.

Les soixante ans ils sont restés loin en arrière

Depouis que notre Reine entreprit le carrière

Comme le voilà;

Et le youmanité, dans cette longue règne,

Il n'a jamais souffert et jamais il ne saigne

A cause cela.

145

Our most gracious Queen, en régnant de le sorte,

Il était jeune encor pour de son oncle morte

Prendre placement.

Si tant belle il était que tout la monde admire

Encor bien plus des fois qu'on ne peut pas le dire,

Oh!... certainement.

Son beauté maggnifique il était bien complète;

De son joustice aussi chacun il faisait fête

Partout au dehors.

On en parlait si fort de Roussie en Bretaigne

Que, pour aller le voir, sa cousin d'Allemaigne

Eut le fièvre au corps.

La prince il était beau, ni grande ou trop petite,

Et devers son cousine il s'en alla bien vite

Sans faire du bruit.

Le reine il le trouva bien pour son convenance

Et l'aima tant si fort en voyant son présence

Qu'elle épousa lui.

Peut-être l'on dira c'été pas mon affaire,

Et quant à son privé c'été mieux de me taire

Dans mes humbles chants.

Mais ces petites mots innocentes, il semble,

Expliqueront fort bien comment les deux ensemble

Eurent tant d'enfants.

N'importe! elle été là, grande reine et pouissante,

Du nation anglaise emblême éblouissante

Avec sceptre d'or;

Et, soixante ans après, des bords de l'Amérique

Jusques aux sables cuits du creux noir de l'Afrique

Elle règne encor.

146

Sous sa bienveillante œil tous nos gens prospérousent.

Les autres nations entr'elles se jalousent,

Luttant pour l'honneur.

Mais dans le Angleterre on vit en bons apôtres;

On ne fait plus le guerre, on le fait faire aux autres,

Oh! c'été meilleur.

Le Angleterre il est toujours très richissime;

C'été connu. Pour lors de s'exposer le frime

Il aurait bien tort.

Depuis trente ans, l'Anglaise il a mis dans son tête

Qu'oun boulet de canon il fait moins le conquête

Que des pièces d'or.

Sous la sceptre si mol de notre Souveraine

On connait bien l'amour, mais non jamais le haine

Et ses vilains traits;

Le paix règne partout dans cette vaste empire

Sur lequel la soleil, si tant loin qu'il dévire,

Ne s'endort jamais.

Oh! c'est oun grande roi... Mais non, il faut écrire

Reine; car ces deux mots ils ne voulé pas dire

Ici the same thing.

En français, voyez-vô, mêler la mascouline

Sans d'excellents raisons avec le féminine,

Ça serait shocking.

De longtemps je sentais oun grand concoupiscence

D'écrire pour mon reine, au jour de son naissance,

Oun hymne poli.

Voilà! Pardonnez-moâ, vous, mes frères anglaises,

Si j'ai voulu chanter avec des vers françaises

Our Queen's Jubilee!

[48] Voir note à l'appendice.

147

Pour ce que les alexandrines

Sont vers difficiles beaucoup,

Aux huit-pieds, qui sont moins mutines,

Je reviens encor pour oun coup.

Hélas! et c'été pour vous dire

Que ce grand reine si charmant

Que tout la monde encore admire

Comme du temps de sa vivant;

Reine si doux, femme si bonne,

Si tant polie et vertueux

Que dans son cœur chacun s'étonne

Qu'il descendît de tels aïeux

Dont on vient de lire l'histoire...

Hélas! c'été pour dire, enfin,

Que de son vie et de son gloire

En pleurant on a vu le fin.

Il est morte en grande monarque,

Comme il l'avait été vivant;

Et, ciel! ce que l'anglaise barque

Dans son temps fila de l'avant!...

148

EDOUARD VII
(1901-....)

Avant la présent souveraine

Ceux qu'on a vus ils étaient morts,

Et l'on pouvait dire sans gêne

S'ils ont été bons ou butors.

Mais Edouard Sept il est en vie,

Oh! très en vie à cet moment,

Et, pour jamais qu'on ne l'oublie,

J'ai mis son binette plus grand.

Car si d'oun monarque bien morte

On peut dire tout ce qu'on veut,

Il est proudent que d'autre sorte

On parle d'oun roi qui se meut.

149

C'est ce que la peuple grenouille

Un jour il apprit sous les eaux;

Du moins, Esope il en bredouille

Dans oun de ses beaux fabliaux.

Car si vous mettez le critique

Sous la nez d'oun prince vivant,

Le chose tant beaucoup le pique

Qu'il se fâche et saute en avant.

Alors, sous le fureur royale

L'improudent est vite perdu;

On vous le lance comme oun balle

Au bout d'oun cordeau de pendu.

Tenez! en parlant de Sans-Terre

J'ai dit qu'il était oun crapaud.

Bien! si d'Edouard cet mot grossière

J'allais souffler, gare à ma peau!

D'oun bout à l'autre de la ville

Ce ne serait que cris de mort;

Chacun il se croirait utile

En me faisant oun mauvais sort,

Les grands de le magistrature

Ils me prononceraient oun gueux,

Et même le cléricature

Il ne me traiterait pas mieux.

Oun animal de ce faconde,

Dirait-on, il faut accrocher,

Car vérité le plus profonde

Parfois il faut savoir cacher.

Et, quand du haut d'oune potence

Mon corps il se balancerait,

150

C'est à qui plus fort en cadence

"God save the King!" il chanterait.

Bien! Toute crainte je défie,

Et je le fais en... défiant;

Car jamais roi pendant son vie

Ne fut plus qu'Edouard édifiant.

Dear, me! mon seule inquiétude

Est—tenez cela pour compté!—

De ne pouvoir en cette étude

Rendre joustice à son bonté.

Fils de Victoria Première,

Grand reine que l'on pleure encor,

Il est en tout son héritière

Même jusque dans sa cœur d'or;

Et, tandis qu'avec grand sagesse

Sur sa peuple il règne aujourd'hui,

Cet-ci de plus en plus engraisse,

Devient rougeaud, brille et reluit.

Si tant que point je ne redoute

Pour la dit peuple aucun malheur,

Excepté... peut-être la goutte,

Très noble mal de haut seigneur,

Et cet autre, l'apoplexie,

Que ne connait point la quêteux.

Et voilà comment j'apprécie

Les bienfaits de cet règne heureux,

Oh, dear! oh, dear! D'Edouard vivante

Pourquoi craindrais je de parler?

Ce que je dis est mot courante,

Et rien je ne puis dévoiler

151

Qui ne soit oun parfait hommaige

A le bonté de notre Roi,

A son savoir, à sa couraige,

A sa... Well! Well!... à sa tout, quoi!

Don't fear! Edouard est oun monarque

Qui savé gouverner très bien,

Et... sous son œil l'anglaise barque

Oh, tenez!... je ne dis plus rien.

152

EPILOGUE

Dans la pays de Angleterre

Oh! tout il été trèsment beau;

Et tout il été si nouveau

Dans la pays de Angleterre,

Qu'on a beau dire la contraire

Même en criant comme oune veau,

Dans la pays de Angleterre

Oh! tout il été trèsment beau.

D'oun bout de cet pays à l'autre

Ce n'est que palais, que jardins

D'où sont exclus tous les gredins,

D'un bout de cet pays à l'autre.

C'est mon avis, sinon le vôtre,

Et cet-là de gens beaucoup fins:

D'oun bout de cet pays à l'autre

Ce n'est que palais, que jardins.

Le grand nation qui l'habite

Il été la plus grand de tous.

Oh! chacun sait ça comme nous,

Le grand nation qui l'habite

Il été loin d'être... petite.

Si tant qu'à la fin, savez-vous,

Le grand nation qui l'habite

Il été la plus grand de tous.

153

C'été surtout par son richesse

Qu'il compté la plus de valeur.

Quand plus qu'oun autre il est meilleur

C'été surtout par son richesse;

Car... tout la monde il le confesse

Et c'été bien connu, d'ailleur,

C'été surtout par son richesse

Qu'il compté la plus de valeur.

A cause de son grand pouissance

Beaucoup de peuples sont heureux;

Tandis que d'autres sont... peureux

A cause de son grand pouissance.

Si tant que, par son alliance,

—Quand ils ne pouvé faire mieux—

A cause de son grand pouissance

Beaucoup de peuples sont heureux.

Il ne courtisé pas le guerre

Quand il pouvé faire autrement;

Et, comme noble amousement,

Il ne courtisé pas le guerre.

Pourvu... qu'il fasse son affaire

Et que d'autres soient en avant,

Il ne courtisé pas le guerre

Quand il pouvé faire autrement.

Parmi les sauvaiges d'Afrique

Il sait se faire redouter,

Et sa nom il fait respecter

Parmi les sauvaiges d'Afrique.

154

Là ses ordres sont sans réplique,

Et... s'il faut vous le répéter,

Parmi les sauvaiges d'Afrique

Il sait se faire redouter.

Avec la peuple civilise

Oh! bien, il été très proudent,

Et tioujours très condescendant

Avec la peuple civilise.

Pendant longtemps il... temporise;

Mais si l'autre montre le dent,

Avec la peuple civilise

Oh! bien, il été très proudent.

Douce Albion! Chère patrie!

Je t'aime autant que je le peux

Jusqu'en mon âme le plus creux.

Douce Albion! Chère patrie!

Je ne fais pas de menterie

Dans l'expression de mes feux:

Douce Albion! Chère patrie!...

Je t'aime autant... que je le peux!

155

NOTES:

[1] —A la suite d'une querelle avec les siens, Egbert dut se réfugier en France, où il séjourna pendant quelque temps à la cour de Charlemagne.

[2] —Alfred s'était introduit dans le camp danois, déguisé en barde.

[3] —Alfred protégea les arts, la navigation et le commerce, et fonda l'institution du jury.

[4] —Ethelwald.

[5] —Charles III dit le Simple. Ce roi ayant été pris par le comte de Vermandois, Ogive s'enfuit en Angleterre, à la cour de son frère Athelstan et y fit élever son fils Louis, ce qui valut à ce prince le surnom d'Outre-Mer. —Elgiva était parente d'Edwy, et celui-ci l'avait épousée malgré les canons de l'Eglise. Elle lui fut enlevée et périt dans les supplices. —Saint Dunstan, alors archevêque de Cantorbery, fut le principal conseiller d'Edgard.

[6] —Edmond II succéda à son père. Son intrépidité et sa force l'avaient fait surnommer Côte de fer (Iron-side). Il fut assassiné en 1017, et laissa Canut seul maître de l'Angleterre.

(La note 7 n'existe pas).

[8] —On sait que notre Très Gracieuse Souveraine, la reine Alexandra, est fille de Christian IX, roi du Danemark.

[9] —Guillaume le Conquérant vainquit Harold II à la fameuse bataille d'Hastings.

[10] —On l'appelait Courte-Heuse parce que, dit-on, il avait les jambes très courtes.

156

[11] —Etienne de Blois prit la couronne, au détriment de sa cousine Mathilde, fille d'Henri I. Il eut pour femme l'héritière des comtes de Boulogne.

[12] —Répudiée par Louis VII dit le Jeune. Eléonore valut à Henri II la possession de la Guyenne, du Poitou, du Périgord, du Saintonge, de l'Auvergne, de l'Angoumois et du Limousin.

[13] —Rosemonde, maîtresse de Henri II, était fille de Lord Clifford. Voulant la garantir des jalouses entreprises d'Eléonore, sa femme, Henri fit construire pour elle à Woodstock un asile mystérieux avec une espèce de labyrinthe; elle y mit au jour deux enfants, Richard Longue Epée, et Geoffroy qui devint archevêque d'York.

[14] —Son père Henri II lui avait bel et bien enlevé sa promise, Alice, fille de Louis VII, roi de France.

[15] —Il remporta à Asor une brillante victoire contre 100,000 musulmans.

[16] —Le duc d'Autriche, que Richard avait outragé au siège de St-Jean-d'Acre.

[17] —Richard Cœur-de-Lion battit Philippe Auguste à Fréteval.

[18] —En 1215, à la suite d'une révolte des barons anglais, Jean Sans Terre fut forcé de signer la Grande Charte, qui est la base des libertés anglaises.

[19] —Henri III fut contraint de confirmer la Grande Charte.

[20] —Wallace fut décapité à Tower-Hill.

[21] —Edouard III favorisa l'université d'Oxford. En souvenir de la victoire de Crécy, où il avait donné pour mot d'ordre le mot Garter (jarretière), Edouard III établit l'Ordre de la Jarretière. Suivant une tradition généralement répandue, la comtesse de Salisbury, qui était aimée du roi, ayant laissé tomber dans un bal une jarretière, Edouard la releva; et comme son empressement donnait à rire aux courtiers, il s'écria: Honi soit qui mal y pense! ajoutant que tel qui riait s'estimerait heureux d'en porter une semblable; peu après il créa le nouvel ordre. Le costume et les insignes des chevaliers de cet ordre sont: une jarretière de velours bleu sur laquelle est brodée, en argent, la devise Honi soit qui mal y pense! un manteau en velours bleu; un chaperon et un justaucorps de velours cramoisi, un chapeau de velours noir, un collier d'or, un ruban bleu porté en sautoir de gauche à droite, auquel est suspendue une médaille d'or portant l'effigie de S. George.

(Bouillet.)

157

[22] —La couronne revenait, de droit, à Roger Mortimer, petit-fils du duc de Clarence, deuxième fils d'Edouard III. C'est cette usurpation qui prépara la funeste guerre des Deux Roses.

[23] —Henri V remporta la bataille d'Azincourt, où l'armée de Charles VI fut taillée en pièces.

[24] —Isabeau de Bavière signa le traité de Troyes, qui faisait passer la couronne sur la tête d'Henri V.

[25] —Marguerite d'Anjou. Elle prit bientôt un empire absolu sur Henri VI et gouverna pour lui.

[26] —Edouard IV envahit la France pour soutenir Charles le Téméraire contre Louis XI.

[27] —Sur l'ordre de Richard, Tyrrel se rendit à la Tour et étouffa les deux enfants sous des matelas et des oreillers.

[28] —Richard fut vaincu par le comte de Richmond (plus tard Henri VII) à la bataille de Bosworth, près de Nottingham, où il perdit la vie avec le trône.

158

[29] —Marie d'Angleterre épousa alors le duc de Suffolk, qui l'avait suivie en France comme ambassadeur.

[30] —Entr'autres occasions, à l'entrevue du Camp du Drap d'Or, en Flandre.

[31] —Clément VII, Jules de Médicis, assiégé dans Rome par l'armée de l'empereur, sous le commandement de Charles de Bourbon, fut détenu sept mois et ne put se sauver qu'à la faveur d'un déguisement.

[32] —Guilford Dudley, fils de l'autre Dudley, duc de Northumberland.

[33] —Philippe II était fils de Charles-Quint.

[34] —Cranmer, archevêque de Cantorbery, avait prononcé le divorce d'Henri VIII d'avec Catherine d'Aragon. Marie Tudor le fit périr sur le bûcher, en 1556. Latimer, évêque de Worcester, fut aussi brûlé vif à Oxford.

[35] —C'est sous le règne d'Elisabeth qu'eut lieu, en France, le Massacre de la Saint-Barthelémy.

[36] —C'est alors qu'eut lieu l'attentat connu sous le nom de Conspiration des Poudres, qui faillit faire périr le roi avec le Parlement tout entier.

[37] —Charles I était marié à Henriette de France, fille d'Henri IV et de Marie de Médicis.

[38] —Charles I renvoya successivement quatre parlements qui lui refusaient des subsides pour continuer ses guerres extravagantes. C'est contre lui que les Ecossais rédigèrent le fameux Covenant Act, par lequel ils s'engageaient à défendre le protestantisme jusqu'à la mort.

159

[39] —Charles I fut décapité à Whitehall.

[40] —C'est sous Charles II que se formèrent les deux partis politiques connus sous les noms de Whigs et Tories. L'incendie de Londres, en 1666, consuma 30,000 maisons.

[41] —Sous Jacques II eut lieu, en France, la Révocation de l'Edit de Nantes, ce qui n'était pas beaucoup de nature à aider le monarque anglais dans ses luttes de religion.

[42] —Par le traité de Ryswick, Louis XIV rendit à l'Espagne ce qu'il lui avait enlevé et reconnut Guillaume III pour roi d'Angleterre.

[43] —Marie II mourut de la petite vérole en 1695.

[44] —Le fameux duc de Marlborough, ancêtre des Churchill de nos jours, avait fait son apprentissage des armes sous Condé et Turenne. En 1704, il envahit la Bavière, battit l'électeur à Shellenberg, incendia 300 villes de ses Etats, écrasa le général français Tallart et l'électeur de Bavière à Blenheim. Il défit Villeroi à Ramillies en 1706, Vendôme à Oudenarde en 1708, et le maréchal de Villars à Malplaquet en 1709.

[45] —Sophie de Nell.

[46] —George II fut battu à Fontenoy par le maréchal de Saxe, et ailleurs encore. Il eut à soutenir, en Ecosse, une guerre contre le Prétendant Charles-Edouard, petit-fils de Jacques II. George II fonda le British Museum.

[47] —George IV rendit de nombreuses lois contre la liberté de la presse.

[48] —Cette pièce a été publiée dans divers journaux de Québec et de Montréal.

160 161

TABLE DES MATIÈRES

  PAGES
Avertissement de l'auteur 7
Avant-propos 11
Egbert-le-Grand 17
Ethelwolf, Ethelbald, Ethelbert, Ethelred 19
Alfred-le-Grand 21
Edouard I, l'Ancien 23
Athelstan 25
Edmond I 26
Edred 26
Edwy 27
Edgard, le Pacifique 28
Edouard II, le Martyr 30
Ethelred II 31
Canut-le-Grand 35
Harold I 37
Canut III ou Hardi-Canut 38
Edouard-le-Confesseur 39
Harold II 40
Guillaume-le-Conquérant 43
Guillaume II, le Roux 46
Henri I, Beauclerc 48
Etienne de Blois 50
Henri II 54
Richard I, Cœur-de-Lion 57
Jean Sans-Terre 60
Henri III 61
Edouard I, (race normande) 63 162
Edouard II 65
Edouard III 67
Richard II 70
Henri IV 72
Henri V 74
Henri VI 76
Edouard IV 80
Edouard V 82
Richard III 83
Henri VII 87
Henri VIII 89
Edouard VI 94
Jeanne Grey 96
Marie I, Tudor 98
Elisabeth 100
Jacques I 107
Charles I 111
Olivier Cromwell 115
Richard Cromwell 117
Charles II 121
Jacques II 124
Guillaume III et Marie II 129
Anne 131
George I 135
George II 136
George III 137
George IV 139
Guillaume IV 141
Victoria I 142
Ode à Victoria I 144
Edouard VII 148
Epilogue 152
Notes 155