Title: Le Tour du Monde; De Tolède à Grenade
Author: Various
Editor: Édouard Charton
Release date: November 21, 2009 [eBook #30512]
Most recently updated: October 24, 2024
Language: French
Credits: Produced by Carlo Traverso, Christine P. Travers and the
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PARIS
IMPRIMERIE FERNAND SCHMIDT
20, rue du Dragon, 20
NOUVELLE SÉRIE — 11e ANNÉE 2e SEMESTRE
Le Tour du Monde
a été fondé par Édouard Charton
en 1860
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND
1905
Droits de traduction et de reproduction réservés.
L'ÉTÉ AU KACHMIR
Par Mme F. MICHEL
I. De Paris à Srinagar. — Un guide pratique. — De Bombay à Lahore. — Premiers préparatifs. — En tonga de Rawal-Pindi à Srinagar. — Les Kachmiris et les maîtres du Kachmir. — Retour à la vie nomade. 1
II. La «Vallée heureuse» en dounga. — Bateliers et batelières. — De Baramoula à Srinagar. — La capitale du Kachmir. — Un peu d'économie politique. — En amont de Srinagar. 13
III. Sous la tente. — Les petites vallées du Sud-Est. — Histoires de voleurs et contes de fées. — Les ruines de Martand. — De Brahmanes en Moullas. 25
IV. Le pèlerinage d'Amarnath. — La vallée du Lidar. — Les pèlerins de l'Inde. — Vers les cimes. — La grotte sacrée. — En dholi. — Les Goudjars, pasteurs de buffles. 37
V. Le pèlerinage de l'Haramouk. — Alpinisme funèbre et hydrothérapie religieuse. — Les temples de Vangâth. — Frissons d'automne. — Les adieux à Srinagar. 49
SOUVENIRS DE LA CÔTE D'IVOIRE
Par le docteur LAMY
Médecin-major des troupes coloniales.
I. Voyage dans la brousse. — En file indienne. — Motéso. — La route dans un ruisseau. — Denguéra. — Kodioso. — Villes et villages abandonnés. — Où est donc Bettié? — Arrivée à Dioubasso. 61
II. Dans le territoire de Mopé. — Coutumes du pays. — La mort d'un prince héritier. — L'épreuve du poison. — De Mopé à Bettié. — Bénie, roi de Bettié, et sa capitale. — Retour à Petit-Alépé. 73
III. Rapports et résultats de la mission. — Valeur économique de la côte d'Ivoire. — Richesse de la flore. — Supériorité de la faune. 85
IV. La fièvre jaune à Grand-Bassam. — Deuils nombreux. — Retour en France. 90
L'ÎLE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER
I. L'île d'Elbe et le «canal» de Piombino. — Deux mots d'histoire. — Débarquement à Porto-Ferraio. — Une ville d'opéra. — La «teste di Napoleone» et le Palais impérial. — La bannière de l'ancien roi de l'île d'Elbe. — Offre à Napoléon III, après Sedan. — La bibliothèque de l'Empereur. — Souvenir de Victor Hugo. Le premier mot du poète. — Un enterrement aux flambeaux. Cagoules noires et cagoules blanches. Dans la paix des limbes. — Les différentes routes de l'île. 97
II. Le golfe de Procchio et la montagne de Jupiter. — Soir tempétueux et morne tristesse. — L'ascension du Monte Giove. — Un village dans les nuées. — L'Ermitage de la Madone et la «Sedia di Napoleone». — Le vieux gardien de l'infini. «Bastia, Signor!». Vision sublime. — La côte orientale de l'île. Capoliveri et Porto-Longone. — La gorge de Monserrat. — Rio 1 Marina et le monde du fer. 109
III. Napoléon, roi de l'île d'Elbe. — Installation aux Mulini. — L'Empereur à la gorge de Monserrat. — San Martino Saint-Cloud. La salle des Pyramides et le plafond aux deux colombes. Le lit de Bertrand. La salle de bain et le miroir de la Vérité. — L'Empereur transporte ses pénates sur le Monte Giove. — Elbe perdue pour la France. — L'ancien Musée de San Martino. Essai de reconstitution par le propriétaire actuel. Le lit de Madame Mère. — Où il faut chercher à Elbe les vraies reliques impériales. «Apollon gardant ses troupeaux.» Éventail et bijoux de la princesse Pauline. Les clefs de Porto-Ferraio. Autographes. La robe de la signorina Squarci. — L'église de l'archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement. La «Pieta» de l'Empereur. Les broderies de soie des Mulini. — Le vieil aveugle de Porto-Ferraio. 121
D'ALEXANDRETTE
AU COUDE DE L'EUPHRATE
Par M. VICTOR CHAPOT
membre de l'École française d'Athènes.
I. — Alexandrette et la montée de Beïlan. — Antioche et l'Oronte; excursions à Daphné et à Soueidieh. — La route d'Alep par le Kasr-el-Benat et Dana. — Premier aperçu d'Alep. 133
II. — Ma caravane. — Village d'Yazides. — Nisib. — Première rencontre avec l'Euphrate. — Biredjik. — Souvenirs des Hétéens. — Excursion à Resapha. — Comment atteindre Ras-el-Aïn? Comment le quitter? — Enfin à Orfa! 145
III. — Séjour à Orfa. — Samosate. — Vallée accidentée de l'Euphrate. — Roum-Kaleh et Aïntab. — Court repos à Alep. — Saint-Syméon et l'Alma-Dagh. — Huit jours trappiste! — Conclusion pessimiste. 157
LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES
Par M. RAYMOND BEL
À qui les Nouvelles-Hébrides: France, Angleterre ou Australie? Le condominium anglo-français de 1887. — L'œuvre de M. Higginson. — Situation actuelle des îles. — L'influence anglo-australienne. — Les ressources des Nouvelles-Hébrides. — Leur avenir. 169
(p. xiv) LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
Par M. ALBERT THOMAS
I. — Moscou. — Une déception. — Le Kreml, acropole sacrée. — Les églises, les palais: deux époques. 182
II. — Moscou, la ville et les faubourgs. — La bourgeoisie moscovite. — Changement de paysage; Nijni-Novgorod: le Kreml et la ville. 193
III. — La foire de Nijni: marchandises et marchands. — L'œuvre du commerce. — Sur la Volga. — À bord du Sviatoslav. — Une visite à Kazan. — La «sainte mère Volga». 205
IV. — De Samara à Tomsk. — La vie du train. — Les passagers et l'équipage: les soirées. — Dans le steppe: l'effort des hommes. — Les émigrants. 217
V. — Tomsk. — La mêlée des races. — Anciens et nouveaux fonctionnaires. — L'Université de Tomsk. — Le rôle de l'État dans l'œuvre de colonisation. 229
VI. — Heures de retour. — Dans l'Oural. — La Grande-Russie. — Conclusion. 241
LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
Par M. GERSPACH
La petite ville de Lugano; ses charmes; son lac. — Un peu d'histoire et de géographie. — La cathédrale de Saint-Laurent. — L'église Sainte-Marie-des-Anges. — Lugano, la ville des fresques. — L'œuvre du Luini. — Procédés employés pour le transfert des fresques. 253
SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE
Par M. ÉMILE DESCHAMPS
I. — Woo-Sung. — Au débarcadère. — La Concession française. — La Cité chinoise. — Retour à notre concession. — La police municipale et la prison. — La cangue et le bambou. — Les exécutions. — Le corps de volontaires. — Émeutes. — Les conseils municipaux. 265
II. — L'établissement des jésuites de Zi-ka-oueï. — Pharmacie chinoise. — Le camp de Kou-ka-za. — La fumerie d'opium. — Le charnier des enfants trouvés. — Le fournisseur des ombres. — La concession internationale. — Jardin chinois. — Le Bund. — La pagode de Long-hoa. — Fou-tchéou-road. — Statistique. 277
L'ÉDUCATION DES NÈGRES
AUX ÉTATS-UNIS
Par M. BARGY
Le problème de la civilisation des nègres. — L'Institut Hampton, en Virginie. — La vie de Booker T. Washington. — L'école professionnelle de Tuskegee, en Alabama. — Conciliateurs et agitateurs. — Le vote des nègres et la casuistique de la Constitution. 289
À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le Major PERCY MOLESWORTH SYKES
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.
I. — Arrivée à Astrabad. — Ancienne importance de la ville. — Le pays des Turkomans: à travers le steppe et les Collines Noires. — Le Khorassan. — Mechhed: sa mosquée; son commerce. — Le désert de Lout. — Sur la route de Kirman. 301
II. — La province de Kirman. — Géographie: la flore, la faune; l'administration, l'armée. — Histoire: invasions et dévastations. — La ville de Kirman, capitale de la province. — Une saison sur le plateau de Sardou. 313
III. — En Baloutchistan. — Le Makran: la côte du golfe Arabique. — Histoire et géographie du Makran. — Le Sarhad. 325
IV. — Délimitation à la frontière perso-baloutche. — De Kirman à la ville-frontière de Kouak. — La Commission de délimitation. — Question de préséance. — L'œuvre de la Commission. — De Kouak à Kélat. 337
V. — Le Seistan: son histoire. — Le delta du Helmand. — Comparaison du Seistan et de l'Égypte. — Excursions dans le Helmand. — Retour par Yezd à Kirman. 349
AUX RUINES D'ANGKOR
Par M. le Vicomte DE MIRAMON-FARGUES
De Saïgon à Pnôm-penh et à Compong-Chuang. — À la rame sur le Grand-Lac. — Les charrettes cambodgiennes. — Siem-Réap. — Le temple d'Angkor. — Angkor-Tom — Décadence de la civilisation khmer. — Rencontre du second roi du Cambodge. — Oudong-la-Superbe, capitale du père de Norodom. — Le palais de Norodom à Pnôm-penh. — Pourquoi la France ne devrait pas abandonner au Siam le territoire d'Angkor. 361
EN ROUMANIE
Par M. Th. HEBBELYNCK
I. — De Budapest à Petrozeny. — Un mot d'histoire. — La vallée du Jiul. — Les Boyards et les Tziganes. — Le marché de Targu Jiul. — Le monastère de Tismana. 373
II. — Le monastère d'Horezu. — Excursion à Bistritza. — Romnicu et le défilé de la Tour-Rouge. — De Curtea de Arges à Campolung. — Défilé de Dimboviciora. 385
III. — Bucarest, aspect de la ville. — Les mines de sel de Slanic. — Les sources de pétrole de Doftana. — Sinaïa, promenade dans la forêt. — Busteni et le domaine de la Couronne. 397
CROQUIS HOLLANDAIS
Par M. Lud. GEORGES HAMÖN
Photographies de l'auteur.
I. — Une ville hollandaise. — Middelburg. — Les nuages. — Les boerin. — La maison. — L'éclusier. — Le marché. — Le village hollandais. — Zoutelande. — Les bons aubergistes. — Une soirée locale. — Les sabots des petits enfants. — La kermesse. — La piété du Hollandais. 410
II. — Rencontre sur la route. — Le beau cavalier. — Un déjeuner décevant. — Le père Kick. 421
III. — La terre hollandaise. — L'eau. — Les moulins. — La culture. — Les polders. — Les digues. — Origine de la Hollande. — Une nuit à Veere. — Wemeldingen. — Les cinq jeunes filles. — Flirt muet. — Le pochard. — La vie sur l'eau. 423
IV. — Le pêcheur hollandais. — Volendam. — La lessive. — Les marmots. — Les canards. — La pêche au hareng. — Le fils du pêcheur. — Une île singulière: Marken. — Au milieu des eaux. — Les maisons. — Les mœurs. — Les jeunes filles. — Perspective. — La tourbe et les tourbières. — Produit national. — Les (p. xv) tourbières hautes et basses. — Houille locale. 433
ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
Par M. E. AMELINEAU
Légende d'Osiris. — Histoire d'Abydos à travers les dynasties, à l'époque chrétienne. — Ses monuments et leur spoliation. — Ses habitants actuels et leurs mœurs. 445
VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE
AUX MONTS CÉLESTES
Par M. JULES BROCHEREL
I. — De Tachkent à Prjevalsk. — La ville de Tachkent. — En tarentass. — Tchimkent. — Aoulié-Ata. — Tokmak. — Les gorges de Bouam. — Le lac Issik-Koul. — Prjevalsk. — Un chef kirghize. 457
II. — La vallée de Tomghent. — Un aoul kirghize. — La traversée du col de Tomghent. — Chevaux alpinistes. — Une vallée déserte. — Le Kizil-tao. — Le Saridjass. — Troupeaux de chevaux. — La vallée de Kachkateur. — En vue du Khan-Tengri. 469
III. — Sur le col de Tuz. — Rencontre d'antilopes. — La vallée d'Inghiltchik. — Le «tchiou mouz». — Un chef kirghize. — Les gorges d'Attiaïlo. — L'aoul d'Oustchiar. — Arrêtés par les rochers. 481
IV. — Vers l'aiguille d'Oustchiar. — L'aoul de Kaënde. — En vue du Khan-Tengri. — Le glacier de Kaënde. — Bloqués par la neige. — Nous songeons au retour. — Dans la vallée de l'Irtach. — Chez le kaltchè. — Cuisine de Kirghize. — Fin des travaux topographiques. — Un enterrement kirghize. 493
V. — L'heure du retour. — La vallée d'Irtach. — Nous retrouvons la douane. — Arrivée à Prjevalsk. — La dispersion. 505
VI. — Les Khirghizes. — L'origine de la race. — Kazaks et Khirghizes. — Le classement des Bourouts. — Le costume khirghize. — La yourte. — Mœurs et coutumes khirghizes. — Mariages khirghizes. — Conclusion. 507
L'ARCHIPEL DES FEROÉ
Par Mlle ANNA SEE
Première escale: Trangisvaag. — Thorshavn, capitale de l'Archipel; le port, la ville. — Un peu d'histoire. — La vie végétative des Feroïens. — La pêche aux dauphins. — La pêche aux baleines. — Excursions diverses à travers l'Archipel. 517
PONDICHÉRY
chef-lieu de l'Inde française
Par M. G. VERSCHUUR
Accès difficile de Pondichéry par mer. — Ville blanche et ville indienne. — Le palais du Gouvernement. — Les hôtels de nos colonies. — Enclaves anglaises. — La population; les enfants. — Architecture et religion. — Commerce. — L'avenir de Pondichéry. — Le marché. — Les écoles. — La fièvre de la politique. 529
UNE PEUPLADE MALGACHE
LES TANALA DE L'IKONGO
Par M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ
I. — Géographie et histoire de l'Ikongo. — Les Tanala. — Organisation sociale. Tribu, clan, famille. — Les lois. 541
II. — Religion et superstitions. — Culte des morts. — Devins et sorciers. — Le Sikidy. — La science. — Astrologie. — L'écriture. — L'art. — Le vêtement et la parure. — L'habitation. — La danse. — La musique. — La poésie. 553
LA RÉGION DU BOU HEDMA
(sud tunisien)
Par M. Ch. MAUMENÉ
Le chemin de fer Sfax-Gafsa. — Maharess. — Lella Mazouna. — La forêt de gommiers. — La source des Trois Palmiers. — Le Bou Hedma. — Un groupe mégalithique. — Renseignements indigènes. — L'oued Hadedj et ses sources chaudes. — La plaine des Ouled bou Saad et Sidi haoua el oued. — Bir Saad. — Manoubia. — Khrangat Touninn. — Sakket. — Sened. — Ogla Zagoufta. — La plaine et le village de Mech. — Sidi Abd el-Aziz. 565
DE TOLÈDE À GRENADE
Par Mme JANE DIEULAFOY
I. — L'aspect de la Castille. — Les troupeaux en transhumance. — La Mesta. — Le Tage et ses poètes. — La Cuesta del Carmel. — Le Cristo de la Luz. — La machine hydraulique de Jualino Turriano. — Le Zocodover. — Vieux palais et anciennes synagogues. — Les Juifs de Tolède. — Un souvenir de l'inondation du Tage. 577
II. — Le Taller del Moro et le Salon de la Casa de Mesa. — Les pupilles de l'évêque Siliceo. — Santo Tomé et l'œuvre du Greco. — La mosquée de Tolède et la reine Constance. — Juan Guaz, premier architecte de la Cathédrale. — Ses transformations et adjonctions. — Souvenirs de las Navas. — Le tombeau du cardinal de Mendoza. Isabelle la Catholique est son exécutrice testamentaire. — Ximénès. — Le rite mozarabe. — Alvaro de Luda. — Le porte-bannière d'Isabelle à la bataille de Toro. 589
III. — Entrée d'Isabelle et de Ferdinand, d'après les chroniques. — San Juan de los Reyes. — L'hôpital de Santa Cruz. — Les Sœurs de Saint-Vincent de Paul. — Les portraits fameux de l'Université. — L'ange et la peste. — Sainte-Léocadie. — El Cristo de la Vega. — Le soleil couchant sur les pinacles de San Juan de los Reyes. 601
IV. — Les «cigarrales». — Le pont San Martino et son architecte. — Dévouement conjugal. — L'inscription de l'Hôtel de Ville. — Cordoue, l'Athènes de l'Occident. — Sa mosquée. — Ses fils les plus illustres. — Gonzalve de Cordoue. — Les comptes du Gran Capitan. — Juan de Mena. — Doña Maria de Parèdes. — L'industrie des cuirs repoussés et dorés. 613
(p. 577) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE—49e LIV. No 49.—9 Décembre 1905.
APRÈS AVOIR CROISÉ DES BŒUFS SUPERBES ... (page 581).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
I. — L'aspect de la Castille. — Les troupeaux en transhumance. — La Mesta. — Le Tage et ses poètes. — La Cuesta del Carmel. — Le Cristo de la Luz. — La machine hydraulique de Juanilo Turriano. — Le Zocodover. — Vieux palais et anciennes synagogues. — Les Juifs de Tolède. — Un souvenir de l'inondation du Tage.
FEMME CASTILLANE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
«De Madrid à Tolède, écrit un auteur espagnol du XVIIIe siècle, le chemin est tout plat, sauf les côtes.»
Ceci reconnu exact, comme elle est triste et monotone, la route qui se déroule entre la capitale de l'Espagne moderne et la vieille capitale de l'Empire wisigoth! À peine a-t-on perdu de vue les maisons de Madrid, disposées en amphithéâtre au-dessous de l'hémicycle bleu formé par la chaîne du Guadarrama, que l'on entre dans une région déserte à frémir. En haut, le ciel d'un bleu implacable; en bas, une lande d'un gris uniforme, semée d'herbes revêches, et, par endroits, les cendres des chaumes brûlés dès la fin de la moisson. Les villages, fort rares, bâtis avec des matériaux de terre ou des pierres couleur du sol, se confondent avec lui. Ils n'attireraient point le regard si quelques arbres n'élevaient un maigre bouquet de verdure autour de ces pauvres demeures. En traversant cette plaine dénudée, on se prend à penser qu'ils furent bien mal obéis, ces ordres du Conseil de Castille, qui enjoignaient à chaque villageois de planter au moins cinq arbres par an.
L'origine de cette antique ordonnance remonterait sans doute à une période bien reculée. Ne serait-elle point un souvenir très lointain de ces lois religieuses, qui, en pays mazdéen, mettaient la plantation des arbres, le défrichement des terres incultes et l'élevage des bestiaux au nombre des œuvres pies commandées et bénies par Ormazd, le Dieu bon de la Perse antique? Les Arabes s'étaient trop mêlés dans leurs migrations à tous les peuples qu'ils avaient conquis, et les Perses par leur savoir, leur intelligence, leur sens artistique les avaient trop vivement impressionnés pour qu'ils aient échappé à leur influence. Faut-il s'étonner s'ils leur empruntèrent des lois et en reçurent des traditions qu'ils importèrent en Espagne et (p. 578) que les chrétiens, après l'expulsion de l'ennemi héréditaire, eurent la sagesse de conserver? Plût à Dieu qu'ils eussent gardé intactes celles qui réglaient la culture des terres: la moitié de l'Espagne ne serait pas stérile comme elle l'est aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, il ne faut pas s'évertuer à chercher des arbres entre Madrid et Tolède. L'on y perdrait ses yeux et son latin, à supposer que l'on soit encore approvisionné d'une langue que ses longs contacts avec l'Église ont fait bien mal noter.
Certes, le Castillan aime l'ombre, qui tempère l'ardeur d'un soleil de feu; mais il lui préfère les grains de blé que consommeraient les oiseaux nichés dans le feuillage. Qu'importé au laboureur le ramage de l'oiseau, ce petit bouquet de plumes, comme l'appelle si joliment Calderon, quand il songe à la récolte semée, sarclée et moissonnée au prix d'un dur labeur! Seuls le rossignol et l'hirondelle trouvent grâce à ses yeux, mais seulement parce qu'ils se nourrissent d'insectes, et que l'insecte aussi est redoutable. Le Castillan est pauvre, il n'a de choix qu'entre les maux!
En revanche, la Castille est riche de souvenirs légendaires ou historiques.
À Esquivias on ne manquera pas de rappeler le mariage et le long séjour de Cervantès; plus loin, on évoquera l'ombre du Chevalier de la Triste Figure, de Sancho Pança, et même de Dulcinée dont la naissance a illustré le Toboso tout voisin. Il n'est pas jusqu'à Rossinante, jusqu'à la monture de Sancho, jusqu'aux troupeaux qu'attaquait le Chevalier, qui n'aient laissé dans le pays une nombreuse postérité de chevaux étiques, d'ânes têtus et de mérinos à la longue laine. Qui l'oserait mettre en doute? Pour punir ce fanfaron d'incrédulité il ne suffirait pas de rétablir l'Inquisition.
ON CHEMINE À TRAVERS L'INEXTRICABLE RÉSEAU DES RUELLES SILENCIEUSES (page 584).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Ce n'est pas la première fois que je rencontre ces troupeaux en transhumance qui, depuis les temps antiques, vont de pâturage en pâturage, d'une extrémité à l'autre de l'Espagne, à mesure que les saisons changent. Ce n'est pas d'aujourd'hui que leurs colonies errantes conduites par des bergers à cheval et gardées par des chiens à demi sauvages stérilisent le sol qu'elles foulent sous leurs pas.
Possédés par une sorte de confrérie connue sous le nom de Mesta (juridiction) et qui comptait parmi ses membres les plus grands seigneurs et les abbés des plus riches monastères, des millions de moutons s'abattaient au printemps et à l'automne sur certaines régions dont leurs dents courtes avaient bientôt rasé l'herbe coupée au collet; d'étranges privilèges favorisaient leurs migrations, et la Mesta devint même si puissante et si autoritaire, qu'elle osa interdire de cultiver les terres fertiles, afin d'y réserver des pâturages abondants. En même temps que les bergers ainsi protégés s'enhardissaient, le laboureur opprimé perdait courage, car rien ne le préservait des incursions de l'ennemi. Il eût fait beau voir qu'il osât se plaindre des dégâts commis par les troupeaux des chevaliers de Santiago, de Calatrava, ou se défendre contre les quarante mille bergers condamnés au célibat par les exigences de la vie nomade, et souvent plus sauvages et plus redoutables que leurs chiens! Sans espoir en aucun recours, le laboureur abandonna la charrue, quitta le toit paternel. Mieux valait émigrer, partir pour le Nouveau Monde, gagner ces contrées féeriques où l'on remuait l'or à la pelle, où l'on échappait à l'oppression des grands feudataires, à la corvée imposée par les Ordres monastiques, et surtout au mouton! Au Moyen âge, le doux animal fut une plaie plus redoutable que la sauterelle d'Égypte; l'Espagne moderne en subit encore les conséquences. Le paysan ne revient jamais à la terre qu'il a aimée, lorsque son cœur et ses bras s'en sont détachés une fois. Chez lui, de pareilles décisions sont irrévocables.
Aussi bien, tandis que les rives du Guadiana étaient autrefois semées de villes et de gros bourgs florissants, (p. 579) on n'y voit plus aujourd'hui que des ruines ou des villages chétifs groupés autour d'une église immense, trois fois trop grande pour contenir une population appauvrie et paresseuse. De siècle en siècle les forts et les vaillants de chaque génération sont allés peupler l'Amérique du Sud ou les Philippines, et les qualités natives de la nation s'en sont ressenties.
LA RUE DU COMMERCE, À TOLÈDE (page 584).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Depuis 1835 les privilèges de la Mesta ont été abolis, et les troupeaux en transhumance ne peuvent cheminer que sur une largeur de quatre-vingts mètres; mais ce n'est pas en un jour qu'un remède si tardif peut guérir un mal invétéré, et des siècles s'écouleront avant que le Castillan ait repris le goût de la terre. Grave, majestueux, sombre, indifférent, longtemps encore il abandonnera le soin de cultiver son champ à des Galiciens, à des Baléares ou à des Basques qui vivent à ses dépens, et préférera souffrir la faim dans toutes les formes voulues par l'étiquette, plutôt que de déroger en accomplissant un labeur servile indigne d'un hidalgo.
Telle est l'œuvre de Robin Mouton; on ne peut nier que cette bête féroce n'ait commencé! Sa laine lui fait beaucoup pardonner; mais ses côtelettes! Il suffit de traverser l'Espagne pour leur garder rancune.
Voici le Tage; un ruban de sombre verdure en signale soudain le cours sinueux. «Il coule entre les peupliers verts, tellement endormi que ni l'arbre ne l'entend, ni le sable ne le sent passer. Dans son silence et dans son repos, les joyeux rossignols l'avertissent tout haut que le soleil se lève, et qu'il doit s'éveiller aussi. Entre les joncs de ses bords, son cours tranquille ne dit pas qu'il se réveille, mais témoigne qu'il se meut.»
À l'envi les poètes l'ont chanté: Garcilaso de la Vega évoque les nymphes capricieuses qui se jouent sur ses rives:
De quatra ninfas que, del Tago amado
Salieron juntas, a cantar me offresco.
(Les quatre nymphes qui, du Tage aimé
Sortirent ensemble, je promets de chanter.)
C'est à elles que Cervantès fait allusion quand il parle des beautés qui ont choisi pour demeure le cristal de ses eaux et s'asseyent sur la verte prairie pour tisser de leurs doigts légers les étoffes précieuses où se mêlent la soie, les perles et l'or. À son tour, Moratin subit le charme de ses ondes et le célébra dans des idylles que ne désavoueraient ni Théocrite, ni Virgile; mais nul n'a mieux glorifié le fleuve majestueux arrivé au terme de sa course, que l'immortel auteur des Lusiades. Le Tage n'est pas seulement (p. 580) pour lui le fleuve clair qu'aiment les pasteurs de ses églogues: il est le fleuve épique, il est le fleuve sacré, il est une sorte de divinité inspiratrice:
«Muses du Tage qui, dès la plus tendre enfance, m'avez inspiré un souffle si brûlant, si j'ai toujours dans mes chants rustiques célébré la beauté de votre fleuve, daignez cette fois m'accorder le style sublime, le ton élevé et majestueux ... Prêtez-moi des accents dont la grandeur égale, s'il est possible, les exploits de votre belliqueuse nation.»
Le Tage, blasé depuis longtemps sur les hommages hyperboliques des poètes, continue sa marche paresseuse de Fleuve vieilli, tandis que la voie ferrée s'en éloigne et coupe droit vers Tolède. Par bonheur, elle ne s'approche point des remparts de la vieille cité. En construisant la gare, l'ingénieur a reculé devant un sacrilège. Le voyage s'achève dans un carrosse hors d'âge ou dans un char à bancs mal suspendu, suivant que les voyageurs sont plus ou moins nombreux ou qu'ils inspirent plus ou moins de respect. Les fouets claquent, les mules ruent, les cochers les injurient, et l'ascension de la ville aux sept collines commence au milieu d'un tourbillon de poussière qu'eussent envié les dieux de l'Olympe quand ils descendaient sur la terre. Hélas! que viendraient-ils faire aujourd'hui qu'ils ont tant de raison de nous bouder!
Quelques tours de roues grinçantes et, à gauche, sur des rochers où ne végète même pas une mousse chétive, la plus décorative des forteresses ruinées, la mieux faite pour tenter le burin des aquafortistes, le vieux château de San Cervantès dresse ses murailles pesantes, rébarbatives, brûlées par d'innombrables soleils.
UN REPRÉSENTANT DE LA FOULE INNOMBRABLE DES MENDIANTS DE TOLÈDE (page 584).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Il domine encore le cours du Tage; il le défendait autrefois. C'est tout un appareil de guerre et de force, qui s'est rompu avec le temps.
San Cervantès lui aussi fut chanté par les poètes:
«Toi qui t'élèves à côté de Tolède, le roi Alfonse te fonda sur les eaux du Tage. On dit que tu as été de fer aux machines de bois des ennemis ... Et maintenant, méprisé, te voilà sur cet âpre rocher comme en décembre la pique vermoulue du gardien des vignes; tes créneaux, autrefois ta couronne, servent de perchoir aux corbeaux, et sont comme ces dents isolées qui disent l'âge des vieillards.
«Écoute-moi, vaillant château, et accomplis ce que j'implore de toi, bien que deux douzaines de vers ne méritent pas une récompense. Si quelquefois ma maîtresse, terrible comme l'enfer, belle comme le ciel, ou, pour mieux dire hautaine comme la ville de Tolède, sort pour jouir des amandiers aux fleurs verdoyantes, prémisses de l'année et le plus doux des aliments, si elle fait des eaux du Tage un miroir à sa beauté, donne tes ruines pour exemple à son orgueil, et dis-lui, sans parler, mille choses que tu sais bien....»
La vieille forteresse n'est pas seulement célébrée par les poètes; ses légendes et ses histoires de guerre et d'amour chevaleresque sont consacrées dans le Romancero.
Le roi Alfonse s'était éloigné à la tête d'une vaillante armée, laissant le commandement de Tolède à Bérengère, noble par le sang, reine par le mariage, souveraine par la beauté.
Le Maure, informé que la ville était dépourvue de ses défenseurs, accourut. Mais, avant de franchir le Tage, il fallait prendre le château qui défendait l'entrée du pont.
(p. 581) La reine monta sur une tour de l'Alcazar, et ses yeux courroucés virent le péril que courait la poignée de braves enfermés dans la forteresse, et qui, bientôt, périrait sous l'étreinte de l'Infidèle.
Et voici qu'il se présente au Maure, le héraut de la reine Bérangère. Elle a dit sur un ton de reproche:
DANS DES RUES TORTUEUSES S'OUVRENT LES ENTRÉES MONUMENTALES D'ANCIENS PALAIS, TEL QUE CELUI DE LA SAINTE HERMANDAD (page 584).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
«N'est-ce point lâcheté à toi de t'en prendre à de si faibles ennemis! Si tu es aussi vaillant que tu veux le faire croire, va, et attaque le roi Alfonse, mon époux, et ses chrétiens, sous les murs de Carélie!»
Le Maure est humilié de cette remontrance, et il sait que la reine est très belle.
«Que du haut du plus proche rempart Doña Bérangère consente à nous montrer son visage dévoilé, et je lèverai le siège.»
Comme le soleil s'abaissait, la reine apparut, debout sur la muraille, le visage découvert, entourée de ses demoiselles somptueusement parées, plus belle que la lune naissante au milieu des premières étoiles qui scintillent.
Le Maure la regarda longuement, et la salua avec les marques du plus profond respect.
À l'aube, lui et les siens levèrent le siège du château, et prirent le chemin de Carélie.
Au temps de Lope de Vega, la vieille forteresse, devenue inutile, était si abandonnée que les gens de qualité se donnaient rendez-vous sous ses murailles lorsque le point d'honneur les obligeait à s'entre-couper la gorge. Dans la jolie comédie intitulée: Aimer sans savoir qui, à laquelle Corneille a emprunté la Suite du Menteur, le héros de la pièce vient y servir de témoin dans un de ces duels si fréquents à cette époque. Si la mode n'en était passée, on y pourrait encore aujourd'hui vider, sans crainte d'être dérangé, d'aussi tragiques différends.
Après avoir croisé un troupeau de bœufs aux formes superbes, à la robe noire comme la figure du diable, à condition que le diable soit très noir, mon carrosse s'engage sur le pont d'Alcantara (le pont du pont) que ferment à ses extrémités deux portes fortifiées, aux armes de la maison d'Autriche.
Vu de ce point, le Tage prend un aspect terrible, en harmonie avec son nom, et du fond de la gorge profonde où il coule, il semble enserrer Tolède pour l'étouffer, plutôt que pour lui faire de ses bras d'amant une amoureuse ceinture. Sans doute, quelque Durandal céleste a ouvert son lit à travers la montagne, et taillé à pic les falaises qui surplombent ses eaux limoneuses. Je lève les yeux et là-haut, sur la crête des rochers, se dresse, tel un joyau serti dans une monture de fer, la ville des conciles gothiques, la vieille capitale de la Nouvelle-Castille, la cité mudejar qui dort sous les lambeaux de ses vêtements asiatiques, sombre et claustrale comme au Moyen âge, à deux heures de Madrid vivant et joyeux. Ce voyage si prompt à travers quatorze siècles surprend l'esprit; un long séjour est nécessaire pour en faire oublier les secousses.
La seconde porte franchie, sous les yeux vigilants des employés de l'octroi, on s'engage sur un chemin en pente fort raide qui porte le nom de: «Cuesta del Carmel». Il est le fils dégénéré d'une voie plus abrupte qui passait non loin de l'église du Cristo de la Luz, un monument très ancien et toujours vénéré.
Il y a sept siècles environ, comme Alfonse le Brave entrait dans Tolède, qu'il venait de délivrer du joug des Infidèles, et s'élevait le long de cet escarpement, ayant à ses côtés le Cid Campeador, les regards des deux (p. 582) héros furent soudain attirés par une douce lumière. Les murailles de l'antique sanctuaire se sont ouvertes, une musique céleste se fait entendre, et la lampe de la chapelle chrétienne, qui ne s'est point éteinte depuis trois cent soixante-neuf ans, sans que personne ait pris soin de l'entretenir, brille aux yeux ravis des guerriers victorieux.
Alfonse et le Cid mettent pied à terre, s'agenouillent et ordonnent de célébrer, dans le sanctuaire rendu au culte, le saint sacrifice de la Messe.
Rêve charmant des âmes pieuses. C'est à lui que le petit édifice doit son nom: El Cristo de la Luz.
Les architectes locaux ont beaucoup discuté sur la date à laquelle on doit faire remonter la construction de la partie la plus antique du sanctuaire. Certains d'entre eux ont voulu y voir une manifestation d'un art arabe très primitif, contemporain des premières années de la conquête sarrazine. Ils voudraient y trouver aussi un prototype de la célèbre mosquée de Cordoue. Son plan carré, ses nefs accotées avec leurs arcs en fer à cheval et leurs colonnes d'un style fort grossier, les coupoles de briques qui le couvrent viennent à l'appui de leur thèse sans donner une certitude.
Des peintures à fresque, représentant les saints martyrs de Tolède, et qui doivent remonter au XIIe siècle, ont été découvertes seulement en 1871, à la suite de la chute d'un fragment de l'enduit qui les recouvrait. Elles dateraient de la période où les chevaliers de Saint-Jean installèrent en ce lieu, signalé par un miracle, une commanderie de leur Ordre. À peine faut-il parler, pour mémoire, de la seconde chapelle construite en 1482 par le cardinal de Mendoza, et dont la suppression rendrait au vieil édifice son véritable caractère.
Un peu au delà du Cristo de la Luz, fière et isolée comme un arc de triomphe, s'élève la merveilleuse Puerta del Sol. Ses briques, dorées par le soleil dont elles absorbent depuis si longtemps les rayons, semblent sourire au regard. Qui ne l'a louée en prose, chantée en vers, célébrée sous tous ses aspects? Le Tage lui-même aurait sujet d'en être jaloux.
PORTE DU VIEUX PALAIS DE TOLÈDE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Il me souvient d'être passée jadis sous son arc. Aujourd'hui, la route carrossable est établie en contrebas, sans doute pour permettre de la mieux admirer, et peut-être aussi pour améliorer la pente d'une route fréquentée par un charroi très actif. La vie est, en effet, très intense sur la Cuesta del Carmel, et parfois l'on a peine à se frayer un passage à travers les convois d'ânes qui vont chercher de l'eau au fleuve, car Tolède, bâti sur le roc, paraît presque aussi altéré que le Manzanares lui-même.
Ce n'est pas d'hier qu'on a rêvé d'élever jusqu'aux lèvres de ses habitants les eaux si douces de son Tage chéri. Charles Quint, ce Charlemagne de l'Espagne, y réussit. Très épris de mécanique—chacun sait le souci que lui causait le désaccord d'un certain nombre d'horloges qu'il ne pouvait faire sonner en même temps,—il chargea un ingénieur de Crémone, nommé Juanilo Turriano, de résoudre le problème. L'Italien construisit un appareil hydraulique, que les contemporains décrivent avec plus d'emphase que de précision. Alvarez de Colmenar, qui vivait au siècle dernier, n'en parle que par ouï-dire, car il n'existait plus de son temps. Il semble qu'il s'agit d'une noria.
«La machine de Juanilo était composée de grandes caisses de fer attachées les unes aux autres et formant un chapelet qui descendait du château dans le Tage; l'eau entrait dans la première, était poussée dans la seconde, au moyen de certains rouages, et, de celle-là, successivement dans les autres, jusqu'au château, où elle tombait dans un réservoir, et se répandait dans toute la ville par un canal, ce qui était d'une grande commodité.»
Juanilo quitta ce monde en 1585. Sa machine, retouchée par un mécanicien israélite, fonctionna encore vingt-quatre ans. Puis, celui-ci étant mort à son tour, elle s'arrêta pour jamais.
FIÈRE ET ISOLÉE COMME UN ARC DE TRIOMPHE, S'ÉLÈVE LA MERVEILLEUSE PUERTA DEL SOL (page 582).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
À part quelques arceaux de la maçonnerie qui la soutenaient, il ne reste rien de l'œuvre de l'ingénieur (p. 584) italien, mais son auteur garde encore dans la ville la réputation d'un nécromancien, capable d'asservir à ses volontés la nature et le monde surnaturel lui-même.
Juanilo, entretenu aux frais du Chapitre de la cathédrale, avait construit un automate qui, chaque jour, sortait de sa maison à heure fixe, se dirigeait, imperturbable, vers la cuisine des chanoines, recevait dans un panier le repas de son maître, saluait respectueusement le cuisinier, pivotait sur les talons, et, sans commettre la moindre indiscrétion ou la moindre gourmandise, rentrait aussitôt au logis. La rue qu'il suivait porte encore aujourd'hui le nom de: «Rue de l'homme de bois».
L'ascension s'achève, et mon char fait son entrée solennelle sur la place du Zocodover. Le Zocodover! Quel nom sonore et superbe, bien qu'il signifie simplement «le marché aux chevaux», et comme il semble bien en harmonie avec les souvenirs héroïques de la cité Impériale! Sur ce plateau fut la place d'armes où s'assemblaient les guerriers prêts à entrer en campagne, ici joutèrent les chevaliers lors de l'entrée solennelle des Rois Catholiques, ici se réunissaient les Comuneros, qu'électrisait la grande Maria de Padilla, ici se dressait le tribunal du Saint-Office dont l'archevêque de Tolède, primat d'Espagne, était de droit le Grand Inquisiteur. Tous les souverains de l'Espagne, tous ses hommes célèbres, devraient avoir leur effigie sur le Zocodover, car presque tous en ont foulé le sol.
À sa vue, adieu les évocations merveilleuses ou tragiques! Le Zocodover n'est plus qu'une place banale irrégulière, dont les maisons pauvres et sans caractère ont pour soutien de grossières colonnes. Sous les portiques ainsi formés, d'humbles marchands vendent des melons, des sandales et des journaux.
Sur un banc circulaire bâti en briques, dorment d'un œil ou fument en silence des mendiants d'une malpropreté grandiose, triomphants dans leurs guenilles. Tous guettent l'apparition d'un étranger sur la place ou à l'entrée de la rue du Commerce qui conduit à la cathédrale. Cette belle habitude ne date pas d'hier.
Dans l'une de ses nouvelles, Cervantès parle de la troupe innombrable de mendiants, de faux perclus et de coupeurs de bourse qui occupaient ce poste de choix. Il la pouvait peindre d'après nature de sa maison toute voisine. Rien ne change sous le beau soleil de l'Espagne, qui incline le corps à la paresse, et l'esprit à la torpeur.
DÉTAIL DE SCULPTURE MUDEJAR DANS LE TRANSITO (page 587).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Pour peu que l'on stationne quelques jours à Tolède, un problème se pose: Faut-il donner ou refuser l'aumône si ardemment sollicitée? Montrez-vous quelque bonne volonté? vous serez tout de suite connu et vous ne pourrez sortir sans que cinquante mains, aux doigts indiscrets et sales, s'accrochent à vos vêtements, explorent toute votre personne, s'enfoncent dans vos poches, en sortent le contenu et y laissent ... des souvenirs piquants. Faites-vous la sourde oreille? vous serez tout aussi pressé, foulé, fouillé, et accablé d'injures par-dessus le marché, sous l'œil paterne d'un agent de police, de qui les mendiants savent attendrir le cœur. Le problème est donc insoluble. Quand on a fait à ses dépens cette expérience, on se résout à voler les voleurs, en cheminant à travers l'inextricable réseau de rues, ou plutôt de ruelles silencieuses qui coupent et recoupent la ville. Parfois, sur ces voies, si étroites qu'un mulet chargé touche les deux murailles, on se trouve en péril d'être écrasé, et il faut remonter jusqu'à l'ébrasement d'une porte hospitalière, pour s'en préserver; mais quels dangers ne braverait-on pas pour éviter l'entrée de la rue du Commerce?
Il arrive même que l'on rencontre d'antiques carrosses dans ces rues tortueuses où s'ouvrent les entrées monumentales d'anciens palais, tels que ceux de la grande famille des Tolède ou de la confrérie de la Sainte-Hermandad. La chose tourne au tragique lorsque deux voitures, sans se voir, s'engagent en même temps aux deux extrémités de la même voie. L'unique ressource est de dételer et de reculer à bras d'homme.
Mais qui détellera? qui reculera? Grave question, dans un pays où le point d'honneur a un culte, et où l'amour-propre, mieux encore que la foi, soulèverait des montagnes.
ANCIENNE SYNAGOGUE CONNUE SOUS LE NOM DE SANTA MARIA LA BLANCA (page 586).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
(p. 585) Il y a ... pas mal d'années, eut lieu une rencontre fameuse entre le carrosse de la femme du Président du Conseil de Castille et l'épouse du Président du Conseil des Indes. Par l'intermédiaire des valets, ces dames avaient parlementé sans pouvoir s'entendre. Aucune des deux ne voulait reculer. Depuis plus de trois heures, les chevaux étaient nez à nez, et les cochers s'invectivaient. Faute de Salomon, mort depuis quelques années, et des arbitres de la Haye retenus encore dans les limbes, une bonne âme, émue de la gravité du cas, proposa de le soumettre au Cardinal et de s'en rapporter à sa décision.
«La question ne se pose même pas, fit le prélat ferré sur l'étiquette. La plus jeune de ces dames doit céder le pas à l'autre.»
À peine cette décision fut-elle communiquée aux parties que, des deux carrosses, sortit en même temps un ordre formel:
«Dételez, et reculez; je cède le pas à la Présidente du Conseil de Castille. Comme le dit si doctement Son Éminence, l'âge lui mérite cet honneur.»
«Reculez au plus vite, je cède le pas à la Présidente du Conseil des Indes. Comme l'a jugé si sagement Son Éminence, l'âge lui vaut cette déférence.»
Pareille mésaventure m'a été évitée, car je suis descendue dans une fonda bien espagnole, dont la porte, splendidement armoriée, s'ouvre sur la large voie qui, du Zocodover, monte à l'Alcazar. C'est un palais qui dut avoir fort belle allure avant qu'un ciel ouvert ne couvrît le patio à la hauteur du premier étage, pour en faire une vaste salle à manger.
Des portes magnifiques, massives et pesantes comme celles d'une cathédrale, munies de clés longues d'une coudée, donnent accès dans les chambres. La mienne est double, c'est-à-dire pourvue d'une alcôve immense, soigneusement close, et contient non seulement deux énormes lits, mais les meubles de toilette. Ni le bruit n'y parviendrait, ni la lumière ni la chaleur n'y pénétreraient, quand même cent personnes s'agiteraient dans le patio, ou que le soleil au zénith darderait sur la terre ses rayons embrasés. Ici encore, mon esprit enfourche son cheval favori et m'emporte, rapide, vers Chiraz ou Kachan. N'est-ce pas ainsi, que dans les riches maisons persanes, toute chambre se compose de trois annexes de plus en plus retirées, fraîches et mystérieuses, que l'on habite ou que l'on abandonne suivant la saison ou même selon l'heure du jour?
(p. 586) J'étais venue il y a quelque vingt ans à Tolède, et, depuis cette époque, je gardais le regret de l'avoir vue en touriste. Il s'agissait, maintenant, d'effacer mes remords.
Mais comment s'orienter avec méthode dans cette cité héroïque qui connut toutes les civilisations de l'Espagne, où chacune a laissé des merveilles? Diviser Tolède par quartiers, n'est-ce point tout mêler et confondre? Bâtie sur un plateau restreint, la ville n'a pu ni se déplacer ni s'étendre beaucoup, de telle sorte que c'est au nord comme au sud, à l'est comme à l'ouest, que ses maîtres ont construit leurs palais ou leurs temples. Ne vaut-il pas mieux suivre, étape par étape, à travers les siècles, sa vie morale, religieuse et artistique, que de passer sans transition à l'étude de monuments dont l'âge varie de cinq ou six siècles?
Je me suis arrêtée à ce dernier parti, conseillée en ceci par mon savant ami, le Professeur Ventura Prosper y Reyes, que tout Tolède respecte pour son talent et chérit pour son exquise bonté. Pas une porte ne reste close devant lui quand il y frappe et prononce ce salut magique qui ne saurait sortir d'une bouche impie: «Ave Maria purissima», auquel on répond par un «sin pécado concebida» et un gracieux sourire.
MADRILÈNE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Après la visite de la chapelle du Cristo de la Luz et des restes, transformés en boutique, de la vieille mosquée de la Torneria, celles des anciennes synagogues connues sous le nom de Santa Maria la Blanca et du Transito s'imposait. Si l'on en croit les familles israélites, que la persécution a depuis cinq siècles rejetées de l'autre côté du détroit, les Hébreux seraient venus en Espagne après la destruction de Jérusalem par Titus. Tous ceux qui purent échapper à la captivité, suivirent les rivages de la Méditerranée, et n'hésitèrent pas à franchir la mer, pour se fixer dans la fertile Andalousie. L'on n'est pas forcé d'accepter comme article de foi cette tradition. La première mention qui soit faite des juifs espagnols, remonte au IVe siècle. Il en est question dans un conseil ilibéritain. Doués d'un esprit d'initiative très vif, et d'une activité physique particulière, ils se multiplièrent et acquirent une richesse que les Wisigoths, insouciants et paresseux, ne cherchèrent pas à leur disputer. Mais aussitôt que leurs maîtres ariens eurent accepté la foi orthodoxe, la persécution s'abattit sur eux. Une loi terrible condamna la race entière à l'esclavage. Montesquieu a pu remarquer sans beaucoup d'exagération que le code gothique contenait en esprit tous les prétextes dont s'inspira l'Inquisition et les monarques du XIVe siècle dans leur guerre contre les Israélites.
La conquête musulmane fut un bienfait pour les Juifs. Ils brillèrent dans les arts et les sciences; ils monopolisèrent la banque, et furent à peu près les seuls à exercer la médecine et la pharmacie. Les écoles de Cordoue, de Tolède et de Barcelone étaient remplies de leurs élèves. Ils atteignirent même à des situations si importantes, qu'après l'expulsion des Maures ils n'en furent pas dépossédés.
On rencontre une foule de noms juifs, parmi ceux des savants et des hommes de finance attachés aux cours d'Alphonse X, d'Alphonse XI, de Pierre le Cruel, d'Enrique IV et de beaucoup d'autres princes chrétiens. Alphonse le Sage les employa à régler ses célèbres tables astronomiques, James Ier d'Aragon eut un Hébreu pour précepteur; Jean II, père d'Isabelle la Catholique, chargea l'un d'eux de réunir les poèmes qui composent le Cancionero nacional.
Ce fut durant cette période que les Juifs Tolédans élevèrent les deux synagogues qui témoignent de leur richesse et de leur goût. L'église qui porte le nom de Santa Maria la Bianca est le plus ancien de ces sanctuaires. Elle avait gardé jusqu'en 1405 sa destination première. Mais à cette époque Vicente Ferrer, dont l'apostolat violent avait converti de gré ou de force tant d'Israélites au christianisme, vint évangéliser Tolède. Il prêchait plusieurs fois par jour à Santiago de Arabal, une église voisine de la porte de Visagra, où l'on montre encore sa chaire, une merveille de ferronnerie. Mais les Juifs de Tolède venaient au sermon, et s'en retournaient incrédules. Habitué à la mollesse et à la douceur des Andalous, Vicente Ferrer s'irritait de son insuccès. Un soir que (p. 587) l'auditoire chrétien était nombreux et enthousiasme, le moine, grisé de ses propres paroles, descend de sa chaire, saisit une croix, sort en courant, entraîne toute l'assistance dont la foule se grossit à mesure qu'elle traverse la ville, entre de force dans la synagogue, expulse les rabbins, et consacre l'édifice au culte chrétien, sous le vocable de Santa Maria la Blanca, en souvenir d'un miracle célèbre et survenu à Rome en 352, sous le pontificat de saint Libérius.
LA PORTE DE VISAGRA, CONSTRUCTION MASSIVE REMONTANT À L'ÉPOQUE DE CHARLES QUINT (page 588).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
Depuis sa transformation, la vieille synagogue a subi bien des vicissitudes. En 1550, le cardinal-archevêque D. Juan Siliceo l'agrandit, y adjoignit quelques constructions, et en fit une sorte de béguinage consacré aux filles repenties, sous le vocable de Refuge de la Pénitence ou de Notre-Dame de la Pitié. Mais, soit que les Tolédanes fussent toutes vertueuses, ou plutôt, comme l'assure un auteur sceptique, qu'elles fussent rarement touchées de repentir, le béguinage ne fut jamais prospère et finit par se fermer faute de béguines. Santa Maria la Blanca, inutile et abandonnée, eût été démolie si l'on n'eût décidé d'y loger des troupes, puis de la convertir en magasin militaire.
Il n'y a guère plus de trente ans que cette petite merveille a été réclamée par la Commission des Monuments historiques. Depuis cette époque, grâce à une subvention annuelle du Gouvernement, et aux revenus que donnent les entrées des étrangers, on a pu entreprendre une importante restauration. À l'extérieur, rien ne signale le charme et la grâce de son architecture; mais, à peine la porte est-elle ouverte, que le regard embrasse dans leur ensemble cinq nefs, divisées par trois rangées de piliers octogones, sur lesquels s'appuyent des arcs outrepassés. Les chapiteaux, ornés de stucs ciselés avec une délicatesse infinie, rappellent, par le dessin ornemental, leurs prototypes encore conservés dans certaines mosquées persanes. Au milieu des tympans, s'étendent de gracieuses rosaces, tandis que le long de l'astragale, formée d'une torsade, règnent des feuillages enroulés en forme de volute et mêlés à ces pommes de pin que l'on retrouve dans les constructions de l'Alhambra remontant à l'époque du Khalifat. Un riche plafond de bois, incrusté de nacre et d'ivoire, couvre la nef centrale et donne à cette partie de l'édifice une élégance suprême.
Les Juifs n'avaient pu protester contre la spoliation dont ils avaient été victimes. Ils se résignèrent, et se réunirent plus tard dans une synagogue plus grande et plus belle, bâtie par Samuel Lévy, le célèbre trésorier de Pierre le Cruel, sur les plans du rabbin Don Meir Abdeli, et terminée en 1336. Ils y célébrèrent leur culte jusqu'en 1492, cette année à la fois glorieuse et terrible, où Isabelle prit Grenade, décida la conquête du Nouveau Monde, et signa d'une main abusée l'arrêt qui priva l'Espagne de cent vingt mille Juifs, industrieux, intelligents et actifs.
La synagogue de Samuel Lévy subit à son tour le sort de son aînée, et devint chrétienne sous le nom de Transito de Nuestra Señora. L'édifice est construit avec un luxe en harmonie avec la richesse de son fondateur, et présente un des plus beaux spécimens de l'art arabe andalou. Il est constitué par une nef unique, couverte, à 14 mètres de haut, par une admirable charpente de mélèze incrusté d'ivoire et de nacre, comme celle de Santa Maria la Blanca. Sur les murs s'étendent des ornements stucqués si délicats, si légers, si élégants, qu'on les prendrait au premier abord pour une vieille guipure de Venise, oubliée depuis des siècles sur la paroi. Dans la partie supérieure où s'ouvrent d'élégantes fenêtres, se déroule, à travers des (p. 588) rinceaux et des fleurs, une magnifique inscription en caractères hébraïques. Elle chante la louange du fondateur de la synagogue, Samuel Lévy, et de D. Pedro, roi régnant. Quand le digne trésorier fut condamné à mort par un maître cupide et jaloux, il dut au fond du cœur regretter l'argent qu'il avait consacré à louer son bourreau. L'inscription n'en a pas moins échappé aux atteintes du temps, et doit à sa position élevée d'avoir défié les chrétiens, au moment où ils consacrèrent la synagogue, après l'avoir transformée en église.
Aujourd'hui, un échafaudage énorme, des planchers successifs auxquels on accède par des escaliers, coupent la nef en plusieurs étages, et empêchent d'apprécier la beauté de son ensemble. Il est cependant possible d'admirer de magnifiques fragments, de reconstituer les grandes lignes du temple et de reconnaître que si, au train dont on la mène, la restauration entreprise risque de durer un demi-siècle, elle est du moins exécutée avec une véritable science, une habileté et une souplesse de main incomparables.
Autour du Transito qu'avoisinait le palais de Samuel Lévy, autour de Santa Maria la Blanca, le sol nu est celui de l'ancien quartier juif. Hélas! sur les escarpements du Tage, sur les hauteurs où les fils de ceux qui avaient mesuré du regard l'abîme du Cédron avaient trouvé un asile qu'ils espéraient éternel, il ne reste que décombres et poussières. Quel terrible exode que celui de la nation infortunée, contrainte de quitter la terre où elle vivait depuis des siècles, de réaliser en quelques mois tous ses biens, sans qu'il lui fût permis d'emporter le peu d'or qui en était le prix dérisoire!
Au-dessous des deux synagogues le sol s'abaisse assez brusquement jusqu'à une plaine que borde le Tage et qu'il couvre de ses eaux lorsqu'il sort de son lit. Les habitations y sont clairsemées; pourtant, une maison plus haute que ses voisines et de meilleure apparence attire mes regards. En travers de la façade et à plus de huit mètres de hauteur une large pierre incrustée, portant une inscription gravée et peinte en noir, m'apprend que le Tage l'atteignit durant une crue restée célèbre.
Étonnée, j'avise une brave femme qui ... peigne sa petite fille sur le pas de la porte.
«Eh quoi! les eaux du fleuve montent parfois jusqu'à cette hauteur?
—Oh non!... Les crues les plus fortes ne se sont jamais élevées à plus d'un mètre ou deux au-dessus du sol, et c'est déjà beaucoup!... Seulement, comme les enfants risquaient d'abîmer l'inscription en jouant à la balle, l'Alcalde nous a commandé de la placer hors de leur portée.»
C'est en réfléchissant à la prudence et à la sagesse de cet administrateur d'élite, que je me suis laissé entraîner jusqu'à la nouvelle porte de Visagra (porte des champs), une construction massive remontant à l'époque de Charles Quint, et dont la vue ferait la joie de tous les polyorcètes si elle n'était maudite par les muletiers qui s'engagent sous sa voûte étranglée.
Il y a bel âge qu'un maire d'Avignon eût fait disparaître cet obstacle; mais à Tolède on a le respect du passé, comme le montrent les précautions prises pour sauvegarder le souvenir des inondations.
(À suivre.) Jane Dieulafoy.
TYMPAN MUDEJAR.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
(p. 589) TOME IX, NOUVELLE SÉRIE.—50e LIV. No 50.—16 Décembre 1905.
DES FAMILLES D'OUVRIERS ONT ÉTABLI LEURS DEMEURES PRÈS DE MURAILLES SOLIDES.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
II. — Le Taller del Moro et le Salon de la Casa de Mesa. — Les pupilles de l'évêque Siliceo. — Santo Tomé et l'œuvre du Greco. — La mosquée de Tolède et la reine Constance. — Juan Guaz, premier architecte de la Cathédrale. — Ses transformations et adjonctions. — Souvenir de la bataille de las Navas. — Le tombeau du cardinal de Mendoza. Isabelle la Catholique est son exécutrice testamentaire. — Ximénès. — Le rite mozarabe. — Alvaro de Luna. — Le porte-bannière d'Isabelle à la bataille de Toro.
CASTILLANE ET SÉVILLANE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
«J'ai vu beaucoup de maisons, beaucoup d'oisifs et, dans les rues riches ou pauvres, des ordures à boisseau. J'ai aperçu le ciel à travers des fenêtres petites comme des barbacanes, et l'on m'a raconté qu'une figure avenante est souvent le masque des méchants, que les aubergines mûrissent en été et qu'il y a des moustiques à l'automne.»
Cette description de Tolède que faisait, au milieu du XVIIe siècle, le gracioso de Garcia de la Châtaigneraie, dans le célèbre drame de Francisco de Rojas, est encore exacte, et si aux ordures on ajoutait les décombres, on n'aurait pas une virgule à y retrancher ou à y mettre.
Les monuments élevés au cours des trois premiers siècles qui suivirent la reconquête, construits dans ce style mudejar que j'ai étudié à Saragosse, ont particulièrement souffert, soit que la mode malfaisante en ait ainsi décidé, soit que la décoration ait été fragile et peu durable.
Tel est le cas du magnifique palais qui longe la Calle del Moro. On franchit une porte quelconque, et l'on entre dans un jardin à peu près inculte, autour duquel habitent plusieurs familles d'ouvriers. Ils ont appuyé leurs masures à des murs solides encore, et démoli la richesse pour, bâtir la pauvreté. De cette vaste demeure, il ne reste qu'une salle de belles proportions, couverte d'une magnifique charpente analogue à celle du Transito. La partie supérieure des murailles, que n'ont pu atteindre ni le marteau des ouvriers ni la balle des enfants, est ornée de stucs infiniment délicats. (p. 590) Ce beau vaisseau que prolongent, à ses extrémités, deux pièces plus petites, a servi longtemps de dépôt aux pierres nécessaires à l'entretien de la cathédrale, et a conservé, de cette destination, le nom de Taller del Moro (atelier du Maure). Durant ces dernières années on l'a transformé en une humble remise.
Et pourtant ce palais fut habité par Charles Quint. On raconte que ses jardins se confondaient avec ceux qui entouraient la demeure du comte de Fuensalide, où mourut l'unique femme du grand empereur, cette triste Isabelle de Portugal, cette mère de Philippe II, dont une admirable peinture du Titien nous a conservé les traits délicats sous l'or des cheveux soyeux et fins.
Un autre spécimen de cette architecture mudejar née du mariage des arts de l'Occident et de l'Orient, celui-ci en parfaite conservation, mais de proportions restreintes, est le salon de la Casa de Mesa.
Les stucs employés dans les revêtements ont beaucoup d'analogie avec les ornements du Transito érigé en 1366, mais ils ressemblent encore davantage à ceux du palais d'Ayala, daté de 1440. Il est donc permis de supposer que l'édifice fut bâti au XVe siècle.
En 1551 l'archevêque D. Juan Martinez Siliceo y installa une maison d'éducation sous le nom de «Collegio de las doncellas virgineas». Ces jeunes filles, au nombre de cent, n'y entraient qu'après avoir fait preuve, non de quartiers de noblesse comme on l'a dit par erreur, mais d'une parfaite pureté de sang, ce qui est bien différent. Pour avoir un sang pur ou du sang de vieux chrétien, il ne fallait compter parmi ses aïeux les plus reculés ni un juif, ni un Maure, ni un condamné de l'Inquisition, du côté paternel comme du côté maternel. Cervantès ajoute même, et c'est logique, qu'il fallait une filiation légitime ininterrompue et prouvée. Évidemment, on ne devait pas être aussi exigeant sur ce dernier chapitre que sur le premier.
Les pupilles de l'archevêque Siliceo étaient admises dans son collège entre sept et dix ans. Six places étaient réservées aux enfants de la famille du fondateur. Des rentes importantes leur étaient attribuées durant leur vie, si elles restaient dans l'établissement. En cas de mariage, elles recevaient une dot de 5 535 réaux; mais aucune faveur ne leur était accordée si elles le quittaient pour entrer dans un monastère; l'objet principal du fondateur étant d'élever de vaillantes et bonnes mères de famille, expertes aux soins domestiques et capables de bien tenir une maison.
ISABELLE DE PORTUGAL, PAR LE TITIEN (MUSÉE DU PRADO).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
En 1810, la Casa de Mesa passa aux mains des Carmélites qui firent leur chapelle du grand salon. C'est à leur présence qu'il faut attribuer son parfait état de conservation. Elle appartient aujourd'hui à un homme jaloux de préserver cette merveille contre toute atteinte.
À part les palais connus et classés, il existe un grand nombre de pauvres demeures où l'on retrouve d'intéressants fragments de décoration mudejar. Pour les voir il ne faut pas s'en rapporter aux guides patentés et quasi officiels: il faut suivre un amoureux des ruines tolédanes, et pénétrer avec lui dans les patios et les écuries, dont les habitants ont succédé à Pierre le Cruel et aux grands seigneurs de sa cour.
Tandis que les maçons et les architectes mudejar élevaient dans les divers quartiers de Tolède des palais destinés à la noblesse, le clergé leur commandait de construire des églises. La plupart ont été détruites par le zèle des curés épris avant l'heure d'un art nouveau. San Justo, San Juan de la Penitencia, San Roman, San Pedro Martyr, San Miguel, Santa Leocadia, le couvent de la Concepcion et Santo Tomé conservent, ceux-ci une tour en forme de minaret qui s'élève pour protester contre la transformation des nefs placées jadis sous leur garde, ceux-là une frise ou un plafond dans lesquels se décèlent l'habileté technique et la science des constructeurs. Toutes ces églises sont intéressantes à visiter, mais Santo Tomé renferme deux chefs-d'œuvre qui lui assignent une place hors de pair: la statue polychrome du prophète Élie, dont les draperies ont malheureusement été restaurées, (p. 591) et l'enterrement du comte d'Orgaz, la plus admirable composition qui soit due au pinceau du réaliste Greco.
La beauté olympienne de la tête d'Élie, le modelé vigoureux des mains et des pieds qui dépassent la robe de bure font immédiatement penser aux élèves espagnols de Michel-Ange. Et comme l'on ne saurait songer à Berruguete, on doit l'attribuer soit à Tordésillas, soit plutôt à Bercera.
LE PALAIS DE PIERRE LE CRUEL.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Domenico Greco ou Theotocopuli, pour lui rendre son véritable nom, est un de ces artistes longtemps méconnus qui suffiraient à glorifier les villes qui les ont accueillis. La couleur sévère et puissante, la composition harmonieuse, le dessin magistral et l'expression des visages sont saisissants au même degré et au même titre. Ce noble descendant des grands artistes de la Hellade, était né en Grèce, comme son nom et son surnom l'indiquent; puis, après avoir traversé l'Italie où il avait été l'élève du Titien, il était venu en Espagne et s'était fixé à Tolède. En outre de l'Enterrement du Comte d'Orgaz, daté de 1584, la ville possède quelques superbes portraits de ce grand maître, peints dans une gamme grise qui rappelle la manière de Franz Hals.
Entre les manifestations du zèle pieux de Tolède, c'est sur la cathédrale que se concentre aujourd'hui l'attention générale. De toutes parts on l'aperçoit. Tantôt elle apparaît au-dessus des maisons, tantôt elle remplit des échappées de ciel ménagées dans les rues très étroites qui convergent vers elle. Elle se dresse flanquée de puissants contreforts, enveloppée de pinacles, couronnée de galeries ajourées, dominée par des tours et des tourelles aiguës, et par le clocher qui s'enfonce dans l'azur du ciel. À ses pieds, se pressent des maisons, des palais; mais on ne peut les regarder tant la cathédrale absorbe l'esprit et retient le regard. Dans l'espace il n'y a qu'elle, et si, pareils à des soulèvements géologiques successifs, les annexes, les sacristies, les chapelles de tout âge se font jour à travers le monument primitif, les choses qui se sont caressées si longtemps harmonisent si bien leurs formes que les siècles s'y coudoient sans se distinguer ni se heurter. Elle est le Saint-Pierre de cette autre Rome, de cette ville aux sept collines; mais un Saint-Pierre très mystique, très pieux, qui éveille des idées sévères et non le souvenir de la pompe orgueilleuse des Césars. J'en veux à Mariana de l'avoir appelée la Riche, alors que d'âge en âge Jupiter, Jésus, Allah et encore Jésus furent pieusement adorés sur l'emplacement qu'elle occupe. Le site où tant d'êtres humains élevèrent leur cœur vers un monde idéal méritait un autre qualificatif.
L'histoire de la cathédrale n'est pas seulement celle de Tolède, elle est celle de l'Espagne même. La première église chrétienne qui succéda aux temples païens dut être édifiée au IVe siècle. C'est sans doute à cet édifice primitif que fut substituée l'église fondée par Récarède, ce roi goth qui abjura l'arianisme (p. 592) et la consacra, sous le vocable de la Vierge Marie, le 12 avril 587. Encore cet édifice ne dut-il pas être somptueux; mais, dans ses murs, pontifièrent les saints évêques de Tolède: les Eugène, les Eladio, les Ildefonse, les Julian; sous ses voûtes s'assemblèrent les conciles où la monarchie gothique légiférait et se perdait dans des subtilités théologiques, tandis que l'Arabe, au galop de son coursier rapide, s'avançait vers la terre d'Occident.
Le Croissant s'implanta sur la terre que Viriathe avait si longtemps disputée aux Romains. L'église fut renversée et remplacée par une mosquée resplendissante, revêtue de marbres précieux. Et lorsque, après trois siècles, la ville fut reconquise par les chrétiens, elle était si belle que les Maures se la réservèrent par un article spécial de la capitulation, et obtinrent du vainqueur la promesse qu'ils conserveraient l'exercice exclusif de leur religion. Le roi Alfonse promit sous serment de tenir à jamais cet engagement solennel.
Les Maures avaient compté avec le roi, mais sans la reine Constance. D'accord avec l'évêque Bernard, elle profite de l'absence du monarque qui guerroie au loin, pour décider ce qu'elle considère comme la plus précieuse des conquêtes. Une nuit, trois mille chrétiens bien armés se rassemblent sous ses ordres, et, conduits par l'évêque, ils se ruent vers la mosquée. La porte tombe sous leurs coups, et les gardiens surpris ne peuvent opposer aucune résistance. San Vicente Ferrer devait suivre cet exemple deux siècles plus tard.
Le lendemain la mosquée était consacrée au culte chrétien, et rétablie dans les droits canoniques de l'église qu'elle avait remplacée, en dépit des protestations d'Abou Valid qui réclamait avec indignation l'exécution du traité de capitulation.
Aussitôt les Maures dépêchèrent au roi un émissaire chargé de lui porter leurs doléances et de réclamer, avec l'accomplissement de la promesse royale, la punition de la reine et de l'évêque.
Alfonse, enflammé de colère, promit de châtier les coupables, et reprit en toute hâte le chemin de Tolède.
STATUE POLYCHROME DU PROPHÈTE ÉLIE, DANS L'ÉGLISE DE SANTO TOMÉ (AUTEUR INCONNU) (page 590).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Quand ils apprirent le soudain retour du roi, la reine et l'évêque, saisis de crainte, tombèrent dans une profonde consternation. Par bonheur, il se trouva parmi les Maures un psychologue prudent et sage.
«Qu'allez-vous faire? dit-il à ses coreligionnaires. Le roi Alfonse est loyal, il tiendra sa promesse et punira comme ils le méritent la reine qu'il aime et l'évêque qui a toute sa confiance. Vous aurez un moment raison, mais soyez sûrs que, justice faite, le justicier vous gardera rancune. Afin de conserver une mosquée désormais trop vaste, ne vous aliénez pas la bonne volonté de notre souverain. Craignez qu'il ne nous fasse repentir de la sévérité que nous exigerions de lui.»
L'alfaqui (docteur de la loi) sut convaincre ses auditeurs, et le soir même, délégué par eux, il courait au-devant du roi pour solliciter sa clémence en faveur des coupables.
Alfonse témoigna le plus vif mécontentement à la reine et à l'évêque; mais, heureux au fond du cœur d'être dispensé de sévir quand l'honneur l'y obligeait, il montra désormais aux Arabes demeurés à Tolède un bon vouloir qui n'était que la juste rançon de la violence commise en son absence.
La ville conserva la mosquée comme cathédrale pendant plus d'un siècle et demi, et ce fut seulement sous le règne de Ferdinand III, le saint conquérant de Séville, qu'on la démolit. La première pierre de l'église actuelle fut posée par ce monarque assisté de l'évêque Dom Jimenez de Rada, le 4 août 1227. Sa construction s'est poursuivie jusqu'à la fin du XVIe siècle. La chapelle Mozarabe, celles des Rois Nouveaux, du Sagrario, de l'Ochavo, la Sacristie, la Maison du Trésorier, la Salle capitulaire, les portes des Lions et de la Présentation, les boiseries du chœur et une multitude d'annexes appartiennent même à une période plus récente.
Le nom du premier architecte nous a été conservé. Il s'appelait Pedro Ferez, ainsi qu'en témoigne son épitaphe trouvée dans la chapelle de Santa Maria démolie lors de la construction du Sagrario. Il mourut (p. 593) fort âgé, en 1285. Parmi ses nombreux successeurs, n'oublions pas le fameux Juan Guaz à qui les Rois-Catholiques confièrent la construction du monastère de San Juan de los Reyes.
PORTE DU PALAIS DE PIERRE LE CRUEL.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Il serait fastidieux d'énumérer le nombre de piliers qui soutiennent la nef de la cathédrale de Tolède, des fenêtres qui l'éclairent, des mètres carrés de voûtes qui la couvrent, de ses chapelles, de ses verrières, de ses portes, de ses cours. Les chanoines eux-mêmes ne sauraient donner un inventaire complet des trésors de tout genre qu'elle renferme. Je m'attacherai donc à considérer ses parties essentielles, et à rappeler les trois grandes figures qui se détachent sur la masse des rois, des ministres, des guerriers, des évêques qui ont trouvé le dernier repos dans la cathédrale, ou lui ont donné quelque chose de leur gloire: je veux parler d'Alvaro de Luna, le célèbre et infortuné ministre de Juan II, du grand cardinal de Mendoza, ministre d'Isabelle la Catholique, et du non moins grand Ximénès de Cisneros qui, investi du pouvoir souverain à la fin de la vie de cette sublime reine, le conserva durant les premières années du règne de sa fille, Jeanne la Folle.
Comme dans presque toutes les églises gothiques d'Espagne, la beauté de la nef centrale est bien amoindrie par la masse encombrante de l'inévitable chœur réservé aux chanoines. Pourtant, sa magnificence doit lui faire beaucoup pardonner. Après avoir considéré la superbe grille de cuivre doré et de fer argenté où se mêlent les ornements caractéristiques du style plateresque, après avoir reconnu sur le couronnement très orné, les armes du cardinal Siliceo, primat d'Espagne à l'époque où le célèbre maître en ferronnerie Domingo Cespedes acheva ce chef-d'œuvre (1548); après avoir déchiffré l'inscription indiquant que cette merveille fut exécutée sous le règne de Charles V et sous le pontificat de Paul III, on commence à oublier des griefs que la visite attentive du vaisseau ne tarde pas à effacer.
Le long des murailles qui s'élèvent jusqu'à mi-hauteur des piliers, se dressent deux étages de stalles, en noyer richement sculpté, mais de styles différents. L'étage inférieur n'est pas le plus beau; du moins il est le plus ancien et le plus intéressant. Chaque bas-relief représente un incident de la conquête du royaume de Grenade par les Rois Catholiques, et la prise successive des nombreuses places fortes qui pendant dix ans en marquèrent les étapes. Ces stalles, achevées en 1495, datent du pontificat du cardinal de Mendoza, et sont l'œuvre du maître-sculpteur Rodriguez. De style gothique fleuri, elles abondent en détails curieux et charmants sur les fortifications, les costumes, les armes, les habitudes des chrétiens et des Maures à l'époque de la conquête.
Les stalles de l'étage supérieur datent du XVIe siècle, et sont tout imprégnées de l'esprit de la Renaissance. La mosaïque de marbre, de jaspe, d'albâtre s'y mêle au bois de noyer d'une belle teinte chaude, et fournit les éléments de la décoration.
Philippe Vigarni, dit de Bourgogne, a composé les stalles de gauche, tandis que Berruguete entreprenait celles de droite. Les personnages représentés presque de grandeur naturelle au-dessus des dossiers, sont empruntés à l'Ancien et au Nouveau Testament. La stalle de l'Archevêque, si particulièrement belle, avait été réservée à Berruguete. La mort vint, et son collaborateur eut la gloire de la tailler. Elle porte l'écu du cardinal Siliceo sous le pontificat duquel elle fut exécutée, au lieu de celui de l'archevêque Talavera qu'on (p. 594) retrouve sur les autres stalles. Les colonnes de bronze qui soutiennent la petite coupole dont elle est surmontée sont ciselées à miracle. Au dossier, un bas-relief d'albâtre, dû au ciseau de Grégorio Vigarni, frère de Philippe de Bourgogne, représente la Vierge posant la chasuble sur les épaules de saint Ildefonse. La grâce et la beauté mystique de la sainte n'ont d'égale que l'expression extatique et ravie de celui qui la contemple. Un groupe important se dresse au-dessus de la coupole, il représente la Transfiguration de Jésus entre Élie et Moïse. Berruguete eut le temps de l'exécuter et même d'avoir des difficultés avec le Chapitre pour le paiement de cette œuvre. Le maître-architecte de l'Alhambra, Pedro Machuca, fut choisi comme expert et fixa le prix du travail à 82 628 réaux, somme très importante pour l'époque puisqu'elle répond à 26 000 francs, toutes proportion et relation gardées.
Au-dessus des stalles s'élèvent à droite et à gauche des orgues que la beauté des registres et l'excellence du mécanisme rendent justement célèbres. L'un date de 1756, l'autre de 1796, et toutes deux sont dues à des constructeurs fameux. Leur boiserie toute dorée est de style chirruguresque. Ceci dispense d'en parler plus longtemps. Le mobilier du chœur rivalise avec les stalles. Au milieu, un aigle aux ailes éployées, aux griffes reposant sur une base gothique d'un style plus ancien, porte les énormes et pesants livres liturgiques. Ce bel oiseau est sans doute venu d'Allemagne à la Renaissance. Deux autres pupitres en bronze doré de forme différente, sont disposés un peu plus bas et parallèlement aux stalles. De très beaux bas-reliefs représentant le Passage de la Mer Rouge et David dansant devant l'Arche ornent les parties planes de ces pupitres. Ils ont été si solidement dorés qu'ils ne portent pas trace d'usure, bien qu'ils soient datés de 1570. S'il aimait les arts, le Chapitre chérissait aussi l'économie, car il eut encore des difficultés avec leur auteur, Nicolas de Vergara le Vieux. Il y eut dispute, querelle; enfin l'on réussissait à s'entendre.
PORTRAIT D'HOMME, PAR LE GRECO.—PHOTOGRAPHIE HAUSER Y MENET, À MADRID.
Entre le chœur et la Capilla Mayor actuelle que ferme une grille surmontée d'un admirable Christ en croix, s'étend un assez grand espace. Il fut occupé jusqu'au XVe siècle par la Capilla Mayor antique, tandis qu'en arrière s'élevait la chapelle dite des Rois Vieux, fondée par le roi D. Sanche le Brave, pour servir de sépulture à sa famille. Devenu cardinal et primat d'Espagne, Ximénès de Cisneros obtint des Rois Catholiques l'autorisation de transporter ailleurs les restes de leurs prédécesseurs et, des deux chapelles, de n'en faire qu'une de proportions plus vastes et mieux en harmonie avec l'importance de l'édifice. Un remaniement si important a laissé sa trace. La Capilla Mayor, après avoir hérité des statues et des ornements des deux sanctuaires, apparaît surchargée, encombrée, disparate. Parmi les effigies des rois et des reines, se sont glissées celles d'un vilain et d'un mécréant.
La fameuse bataille de las Navas était engagée, et l'armée chrétienne, cernée par l'Infidèle, allait être écrasée, quand un pâtre se présenta au roi Alfonse VIII, et lui offrit de le conduire par une voie inconnue, mais sûre, hors du défilé où ses troupes risquaient de périr. Quand il eut tenu sa parole, le pâtre disparut sans attendre un remerciement, ni solliciter une récompense. Le bruit courut aussitôt que le sauveur de l'armée chrétienne était un envoyé du ciel. En témoignage de reconnaissance, Alfonse VIII ordonna d'élever une statue représentant le guide céleste, et le dépeignit à l'artiste tel qu'il lui était apparu.
Vis à vis du Pastor de las Navas figure le digne alfaqui Abou Valid, qui, par sa prudence, sauva la reine Constance du châtiment qu'elle avait bien un peu mérité. Au delà des statues royales et en se rapprochant de l'autel, se superposent une série de tombeaux où dorment les membres des familles royales que l'on n'a point transportés dans la chapelle des Rois Nouveaux. Là encore, à une place toute royale, s'est introduit un personnage que sa naissance ne destinait pas à un tel honneur. Il ne s'agit de rien moins que du célèbre D. Pedro Gonzalès de Mendoza, cardinal, primat d'Espagne et premier ministre des Rois Catholiques.
LA CATHÉDRALE DE TOLÈDE (page 593).
(p. 596) Ce n'est pas sans peine que ses restes reposent dans un tombeau qui est plutôt une chapelle, car elle renferme un autel où, suivant les dernières volontés du prélat, on devrait dire trois messes par jour. Quand le cardinal fut mort, les chanoines, qui l'avaient peut-être trouvé encombrant durant sa vie, s'empressèrent de protester contre les clauses de son testament. L'emplacement que le défunt désignait pour y construire sa sépulture, dirent-ils d'abord, ne pouvait être attribué qu'à un monarque ou à un prince de sang royal. Puis il fallait renverser une partie de la muraille qui soutenait la voûte, pour établir une communication directe entre l'emplacement choisi et la chapelle; et l'on objectait le danger qu'il y aurait à ouvrir cette baie. Informée de cette résistance, Isabelle, que Mendoza avait eu l'habileté de déclarer son exécutrice testamentaire, envoya au Chapitre l'ordre de se conformer aux dernières volontés du cardinal. Comme il ne se pressait pas d'obéir, elle se souvint de la reine Constance. Accompagnée de maçons, et profitant de la nuit, elle se rend à la cathédrale et commande aux ouvriers d'en attaquer sous ses yeux l'épaisse muraille. Quand les chanoines arrivèrent au matin, ils trouvèrent le percement à peu près achevé. La voûte n'étant pas tombée, il ne servait à rien de protester plus longtemps.
La chapelle, le tombeau et la belle statue qui est placée sur le sarcophage, sont dus au maître Alonso de Covarrubias. Vingt-sept sculpteurs l'aidèrent dans ce travail. Quatre ans suffirent à terminer l'œuvre, qui fut inaugurée en 1504, après la mort d'Isabelle.
ENTERREMENT DU COMTE D'ORGAZ, PAR LE GRECO (ÉGLISE SANTO TOMÉ) (page 591).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
En admettant les restes de Mendoza parmi ceux des rois et des princes de Castille, la reine avait voulu récompenser le serviteur loyal, le guerrier valeureux, le grand politique qui, à la bataille de Toro, avait contribué à lui conquérir le trône, et qui, devant Grenade, aida si puissamment à lui donner un royaume. C'est lui qui, s'élevant au-dessus des préjugés de son temps et de son ordre, prêta l'oreille aux prières de Colomb, embrassa ses vues et lui acquit le bon vouloir encore timide d'Isabelle. Sans Mendoza, elle n'eût, peut-être, jamais été la souveraine d'un monde nouveau. Généreuse et reconnaissante, elle ne lui garda pas rancune d'avoir été surnommé, de son vivant, «le troisième roi d'Espagne», et après sa mort elle remplit avec scrupule ses dernières volontés. Le collège de Santa-Cruz à Valladolid, et l'hôpital du même nom, dont elle posa la première pierre à Tolède, n'ont pas d'autre origine.
Le grand cardinal était tel qu'on pouvait concevoir de son temps les princes de l'Église. Pourtant, un ecclésiastique qui prêchait un jour en sa présence, profita de l'occasion pour tonner contre le relâchement du siècle et le fit en des termes tels, qu'il était impossible de se méprendre sur ses intentions. La suite du prélat bouillait d'impatience, et se promettait de châtier l'audacieux. Mais, loin de trahir aucun ressentiment, Mendoza commanda de porter au prédicateur un plat de gibier qu'on devait lui servir ce jour-là, et fit accompagner le présent d'une bourse garnie de doublons d'or, en guise d'épices.
À l'excuse de Mendoza, il est juste d'ajouter que le non-célibat des prêtres était toléré et que les anciens fueros d'Aragon permettaient même aux descendants des ecclésiastiques d'hériter de leurs parents décédés intestats. Ce sont là des usages mudejar, qui ont, avec les mœurs occidentales, les mêmes rapports et aussi les mêmes différences que celles qui existent entre l'architecture des palais tolédans, bâtis pour des chrétiens, et celles des édifices élevés en France à la même époque.
LE COUVENT DE SANTO TOMÉ CONSERVE UNE TOUR EN FORME DE MINARET (page 590).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
(p. 597) Dans une de ses dernières visites à son ministre mourant, Isabelle le pria de lui désigner son successeur, choix d'autant plus important, que l'archevêque de Tolède était de plein droit président du Conseil de Castille. Pressé de donner le nom de l'homme le plus digne de remplir cette double charge, Mendoza lui recommanda le frère Francisco Ximénès de Cisneros, de l'ordre des Franciscains, qui déjà la confessait, bien à contre-cœur du reste. Jamais, peut-être, Mendoza ne rendit un plus grand service à sa patrie, car il confiait l'État à des mains plus pures que les siennes, et en remettait en même temps la direction à un esprit de haute envergure, capable de continuer et de mener à bien l'unification de l'Espagne.
Ximénès ne repose pas, comme son prédécesseur, dans la cathédrale de Tolède. Il avait choisi, pour dormir son dernier sommeil, la retraite plus modeste de l'Université d'Alcala qu'il avait fait construire; mais son souvenir vit quand même dans son église primatiale, et surtout dans la chapelle Mozarabe où se conservent des traditions séculaires.
Qu'est-ce donc au juste que le rite mozarabe?
Lorsque les musulmans eurent pris Tolède, ils y exercèrent une domination si douce, que les chrétiens furent autorisés à y pratiquer leur culte. Trois siècles plus tard, Alfonse VI, en reconquérant la ville, y trouvait une population chrétienne qui avait gardé toutes les formes du vieux culte gothique, alors qu'elles s'étaient transformées dans les pays restés chrétiens. Le rite tolédan fut donc conservé dans les six églises où il s'était perpétué pendant la domination étrangère; mais, peu à peu, le nombre des mozarabes décrut, et le rite se fût perdu sans retour, si Ximénès ne lui eût consacré une chapelle mise en communication directe avec la cathédrale. La messe qu'on y célèbre en pompe chaque jour, diffère de la messe dite suivant le rite romain. Bien qu'il ne s'agisse que de pures questions de formes, telles que le fractionnement de l'hostie en neuf parties, l'ordre des prières—le Credo se dit après l'élévation,—la suppression du dernier évangile, etc., de graves dissentiments s'élevèrent jadis entre les partisans des deux rites. On livra pour eux des combats singuliers, l'un et l'autre eurent leurs chevaliers qui les défendirent en champ clos. Le succès étant demeuré incertain, on s'en remit au feu pour affirmer la volonté du Ciel. Un bûcher fut allumé, et en présence d'une assistance anxieuse les livres tolédans et latins y furent jetés en même temps. Les premiers demeurèrent intacts, pendant que les autres étaient consumés. La voix du Ciel avait parlé, le rite tolédan ou de Saint-Isidore fut conservé. Aujourd'hui la messe mozarabe est un peu considérée comme une curiosité, et (p. 598) rentre dans le domaine de l'archéologie chrétienne. Si les étrangers y viennent en nombre, on n'en saurait dire autant des gens de la ville que, seules, les cérémonies des grandes fêtes ont le pouvoir d'y attirer. Le nombre toujours décroissant des Mozarabes n'a rien de surprenant, étant donné que, dans les unions mixtes, l'époux de rite latin bénéficie de certains privilèges refusés à l'époux de rite tolédan. C'est ainsi que, dans le premier cas, la femme est forcée de rentrer dans le giron de l'Église latine, tandis que dans le second elle ne devient pas mozarabe.
Il est assez difficile de comprendre à quel sentiment obéit un réformateur tel que Ximénès, en assurant par la construction d'une chapelle particulière, la perpétuité du culte qui mourait. Quoi qu'il en soit, l'édifice, commencé en 1504 sur les plans de Enriquez de Egas, et bâti par des maçons musulmans, nommés Faranx et Mahomet, n'a rien de bien remarquable. En revanche, sur le mur qui fait face à l'entrée, s'étend une belle fresque de Jean de Bourgogne, datée de 1514. Elle représente, en trois tableaux admirablement conservés, les épisodes du débarquement de l'armée espagnole commandée par le grand cardinal, devant la ville d'Oran, en 1509. La prise de la ville, le soir même du débarquement, fut le grand triomphe de la vie de Ximénès. À sa prière, le Ciel, au dire des combattants, avait renouvelé le miracle de Josué, et arrêté le soleil jusqu'à ce que les chrétiens eussent forcé les murs de la citadelle musulmane.
Il n'est pas surprenant que le cardinal, en dépit de sa ferveur et de son humilité bien connues, ait succombé à la tentation de conserver à la postérité le souvenir du grand service qu'il rendit à son pays, service qui lui attira la jalousie de Ferdinand, et lui valut, pour plusieurs années, une sorte d'exil dans son Université d'Alcala.
La chapelle mozarabe n'a pas seule le privilège de garder le portrait fidèle du grand cardinal. On retrouve son visage d'ascète parmi les portraits des primats d'Espagne qui se déroulent sur les murs de la salle capitulaire, et aussi dans une fresque située au-dessus de la porte de cette salle. Cette peinture représente le Jugement et les fins dernières de l'homme. Comme l'artiste prétendait installer le cardinal parmi les élus, dans la gloire du Ciel:
LES ÉVÊQUES MENDOZA ET XIMÉNÉS.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
«C'est trop d'orgueil! fit le prélat.
—Faut-il placer Votre Éminence en enfer?
—C'est trop d'humiliation!»
On prit un terme moyen, et le Cardinal fut mis en purgatoire, mais tout prêt à en sortir et allégé de ses habits, afin de s'élever plus vite au séjour des Bienheureux.
Une autre grande figure, mais celle-ci ensanglantée et tragique, avait précédé Mendoza sous les voûtes du vieil édifice. Je veux parler d'Alvaro de Luna, le favori et le ministre de Juan II, père d'Isabelle la Catholique, dont le tronc et la tête reposent dans la chapelle de Santiago, qu'il avait construite de son vivant, et qui est restée l'une des plus belles de la cathédrale. Jamais destinée plus étrange que celle de cet homme parti de bas, élevé au pouvoir par la faveur de son maître, régnant pendant trente-deux ans sur l'Espagne, mourant sur un échafaud, et trouvant dans la cathédrale de Tolède une sépulture quasi royale, après avoir longtemps reposé dans le cimetière des suppliciés. Seul, le sort du cardinal Wolseley peut être comparé au sien.
Vers 1437, alors qu'il était au faîte de la puissance, Alvaro de Luna avait acheté la chapelle de Santo Tomé, fondée en 1177 par le comte D. Muno de Lara, y avait adjoint des terrains voisins, et avait fait construire la superbe chapelle dédiée à saint Jacques en souvenir de l'Ordre dont il avait été nommé Grand-Maître. À la place qu'il réservait pour sa sépulture, il avait installé un automate de bronze émaillé et doré, modelé à sa ressemblance, qui se levait et s'agenouillait au moment de la consécration.
D'après certaines chroniques, l'automate fut détruit du vivant même du Grand-Maître, par D. Enrique d'Aragon, durant la guerre que ce prince soutint contre la Castille en 1440. L'une d'elles fait dire à D. Alvaro, s'adressant à D. Enrique:
(p. 599) «Pourquoi n'as-tu pas bravé ma statue, et pourquoi l'as-tu détruite, toi qui sur le champ de bataille as fui devant moi?»
SALON DE LA PRIEURE, AU COUVENT DE SAN JUAN DE LA PENITENCIA.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Selon d'autres auteurs, la statue fut enlevée par ordre d'Isabelle la Catholique, choquée des distractions que ses évolutions donnaient aux fidèles. Il est probable que la première version est la bonne, car la statue du Connétable ne dut pas survivre à sa disgrâce, et attendre jusqu'au règne d'Isabelle pour descendre de son piédestal. Quoi qu'il en soit, le bronze de l'automate ne fut pas perdu, et on croit en retrouver les restes dans les deux chaires ciselées qui sont à droite et à gauche de la Capilla Mayor.
Sur les deux sarcophages placés au centre de la chapelle, gisent les statues tombales d'Alvaro de Luna, vêtu de l'armure et du manteau des Grands-Maîtres de l'Ordre de Santiago, et de sa femme, Doña Juana de Pimentel. Une inscription donne seulement la date de la mort du Connétable, survenue en juillet 1453. Les traits du célèbre favori de Juan II rappellent ceux du petit portrait peint sur le retable qui surmonte l'autel, portrait copié sans doute sur un original, car le retable fut donné et placé en ce lieu dès 1498 sur les ordres de Doña Maria de Luna, fille du Connétable. Les sarcophages, tous deux très beaux, sont l'œuvre de Pedro Ortiz.
Non loin de la chapelle de Santiago, et signalée par les statues polychromes des hérauts d'armes de Léon et de Castille, s'ouvre la porte de la chapelle des Rois Nouveaux, construite par Alonzo Covarrubias, sur l'ordre de Charles Quint. Elle est de style plateresque, et du plus élégant qu'il soit. En dépit de la nouveauté relative de la construction, et surtout des autels qui remontent à la fin du XVIIIe siècle, on y vit encore parmi d'antiques souvenirs. Sous des ornements gracieux de la Renaissance, sont étendues, sévères et un peu hiératiques, les statues tombales des fondateurs de la première chapelle élevée en ce lieu: D. Enrique de Castille et sa femme, Doña Juana, morts le premier en 1378 et la seconde en 1381. Plus loin, celles de Enrique III et de sa femme, Doña Catalina, morte en 1418.
Dans l'angle de la chapelle, se trouve une très intéressante et très vivante statue peinte de D. Juan II, le maître trop faible et puis trop sévère de l'infortuné Alvaro de Luna. Elle est l'œuvre de Juan de Bourgogne.
L'artiste a dû s'inspirer de quelque portrait fidèle, car, dans ces yeux bleus, ce teint frais, ces joues et cette tête ronde, se retrouvent tous les caractères que l'on remarque dans les portraits les plus authentiques d'Isabelle la Catholique. Le regard de la fille est seulement plus profond et plus ferme que ne l'est celui du père.
À la voûte très haute du vestibule qui précède la chapelle, sont suspendus deux trophées fameux, qu'Isabelle avait fait placer elle-même au-dessus du tombeau de ses ancêtres et qui furent transportés dans la nouvelle chapelle bâtie par son petit-fils, Charles Quint. L'un est un drapeau portugais, pris à la bataille de Toro, livrée en 1476 par les Rois Catholiques, et à la suite de laquelle Isabelle resta maîtresse incontestée de la couronne de Castille; l'autre est l'armure complète de l'alferez D. Duarte de Almaïda, qui, blessé grièvement au bras durant la même bataille, continua de porter l'étendard royal, entre les dents, jusqu'à la fin du combat.
L'histoire suivra l'exemple des Rois Catholiques et immortalisera le porte-étendard de Toro en lui (p. 600) donnant une place à côté du soldat de Salamine, qui, après avoir perdu les deux mains, tenta d'arrêter une galère perse en s'y accrochant avec les dents.
Quand on a visité la grande nef de la cathédrale de Tolède et les innombrables chapelles greffées sur les collatéraux, l'on ne connaît qu'une partie du monument. Il reste à parcourir les sacristies et les magasins, les archives et la bibliothèque, où, depuis des siècles, l'on range, l'on amasse et l'on entasse les dons des rois, des princes et des primats d'Espagne. Le contenant est digne du contenu. Les lambris, les portes, les armoires sont, pour la plupart, des chefs-d'œuvre de menuiserie et de sculpture décorative. Le plafond de la grande sacristie, avec ses caissons étoilés et cruciformes, rouges ou bleus, damassés d'or, est une merveille d'ornementation mudejar. Les bronzes, répandus à profusion, peuvent lutter de beauté avec le revêtement et le marbre de la porte des Lions.
Plusieurs volumes suffiraient à grand'peine à la description des joyaux, des tapisseries, des bannières, des ornements, des meubles, des souvenirs historiques entre lesquels on signalerait la tente de drap d'or qu'Isabelle la Catholique planta fièrement devant Grenade. Puis ce sont des sculptures et des tableaux: le portrait du cardinal Borgia peint par Vélasquez, que connaissent, seuls, quelques rares initiés, et le Saint Antoine d'Alonso Cano, une statuette célèbre qui est, en réalité, de Pedro de Mena, l'un des élèves favoris du maître grenadin.
Et que dire du fonds magnifique de la bibliothèque et des archives, à peu près inexploré encore? Quelle joie n'éprouverait-on pas à retrouver dans la section musicale les œuvres, pour la plupart inédites, des célèbres maîtres de chapelle du XVe et du XVIe siècle: les Francisco Penalosa, les Bernardino Ribera, les Andres Torrentes, les Moralès, les Escovedo, les Pedro Fernandez, les Antonio Bernal, les Navarro! En lisant les pages admirables laissées par certains de ces maîtres, n'éprouverait-on pas quelque surprise à constater qu'elles sont écrites en chiffres, et à retrouver dans leur notation les principes de la méthode de Galin-Paris-Chevé, qui eut tant de vogue il y a quelque trente ans.
Mais pénétrer dans les mystérieuses retraites de l'antique cathédrale et bien connaître sa vie intime, n'est pas donné aux mortels. Trois mille clés sont, paraît-il, nécessaires pour fermer toutes ses portes; je crois qu'il en faut encore bien davantage pour les ouvrir. Saint Pierre lui-même n'y parviendrait pas. Le sage est celui qui sait modérer ses désirs. C'est en méditant sur cette vieille maxime, que j'ai pris congé de mes guides, et que je suis sortie de la cathédrale.
(À suivre.) Jane Dieulafoy.
PRISE DE MELILLA (CATHÉDRALE DE TOLÈDE).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
(p. 601) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—51e LIV. No 51.—23 Décembre 1905.
C'EST DANS CETTE PAUVRE DEMEURE QUE VÉCUT CERVANTÈS PENDANT SON SÉJOUR À TOLÈDE (page 606).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
III. — Entrée d'Isabelle et de Ferdinand, d'après les chroniques. — San Juan de los Reyes. — L'hôpital de Santa Cruz. — Les Sœurs de Saint — Vincent de Paul. — Les portraits fameux de l'Université. — L'ange et la Peste. — Sainte — Léocadie. — El Cristo de la Vega. — Le soleil couchant sur les pinacles de San Juan de los Reyes.
SAINT FRANÇOIS D'ASSISE, PAR ALONZO CANO, CATHÉDRALE DE TOLÈDE.
Le grand nom d'Isabelle la Catholique a retenti bien des fois dans la cathédrale de Tolède, et, au cours de mes nombreuses visites, je l'ai entendu répéter par tous les échos. C'est dans ce beau sanctuaire, pieux joyau de la couronne de Castille, que l'admirable reine vint rendre grâce à Dieu dès que la victoire de Toro l'eut mise en possession du sceptre qu'elle devait porter avec tant de gloire. Les récits du temps nous ont conservé le souvenir fidèle de cette entrée fameuse. Elle eut lieu le 31 janvier 1476.
Les rues, le Zocodover s'étaient, dès l'aurore, remplis d'une foule bruyante, très émue. Les jurats, les échevins étaient sortis de leurs demeures, ceux-ci parés de costumes de couleur éclatante; ceux-là, de longues et magnifiques robes de brocart. Aux portes et aux rares ouvertures extérieures des maisons, l'on avait suspendu des tapisseries, des tapis d'Orient, des étoffes soyeuses venues de Venise ou tissées par les habiles artisans de la cité. Peu à peu, le vide s'était fait dans la ville, et la foule, suivant les chefs des grandes familles, s'était répandue en flots pressés du côté de l'ermitage de Saint-Eugène, où l'on avait déjà réuni des jongleurs, des chanteurs, des poètes, des musiciens et des danseuses, tous richement vêtus.
Bientôt, annoncé par des fanfares et salué par des chants qui célébraient l'union de la Castille et de l'Aragon, le cortège royal apparut; les têtes s'élevèrent, et les cous se tendirent pour mieux voir les souverains de qui la victoire assurait la paix aux deux royaumes, et de qui la renommée était sur toutes les lèvres. Ferdinand, tout jeune, bien pris de sa personne, les cheveux et les yeux noirs, la figure intelligente (p. 602) et gracieuse, montait, en écuyer consommé, un superbe genet. La reine parut à son tour, assise sur une mule richement caparaçonnée, que conduisaient deux pages choisis dans les plus nobles familles du royaume. Elle était de petite taille, mais en elle rayonnait une majesté sereine. Ses cheveux, d'un blond ardent, que cachaient presque les voiles qui entouraient sa tête, sa peau très blanche, ses yeux gris-bleu rappelaient que, par son aïeule paternelle, elle descendait de la maison de Lancastre. Une grâce exquise, un sourire angélique corrigeaient la sévérité du front et la fermeté du regard. Isabelle avait vingt-six ans—deux ans de plus que son époux,—et déjà elle avait soumis un royaume que lui avaient disputé l'étranger et les factieux.
Après avoir juré de respecter les privilèges de la ville et franchi les remparts, les Rois se dirigèrent vers la cathédrale. Ils y pénétrèrent par la porte du Pardon, tandis que de jeunes enfants, figurant des anges, leur souhaitaient en musique la bienvenue. Et agenouillés au pied de l'autel, ils remercièrent l'Éternel qui leur avait permis d'expulser l'Étranger de la Castille, et l'avait contraint de repasser la frontière de Portugal. Peut-être l'incomparable souveraine planta-t-elle, ce jour-là, dans le jardin du cloître, le buis plusieurs fois centenaire dont tout voyageur privilégié reçoit quelques feuilles à titre de souvenir.
Sous le règne de Juan II, père de la reine, le célèbre favori Alvaro de Luna avait fait disposer à l'usage de son maître quelques pièces dans l'Alcazar. Les Rois s'y rendirent. On y avait préparé une petite collation, car ils jeûnaient ce jour-là; mais, en dépit de la pénurie du trésor, les pauvres ne furent pas oubliés.
Le 2 février, dans une pompe plus grande encore, les Rois revinrent à la cathédrale.
PORTE DES LIONS.—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
Isabelle rayonnait d'une beauté suprême; ou ne voyait qu'elle, tout s'éclipsait auprès du lis de la royauté. Sur sa robe de brocart blanc s'enlevaient en frisure d'or les châteaux et les lions symboliques de ses royaumes héréditaires, un long manteau d'hermine tombait de ses épaules et formait une ample traîne, que soutenaient deux jeunes pages. Sur sa tête, entourée de voiles légers, étincelait une couronne d'or constellée de pierreries; autour de son cou, s'enroulait un admirable collier de rubis balais. La pierre qui tombait sur sa poitrine attirait tous les regards, non seulement à cause de sa grosseur et de son incomparable éclat, mais parce qu'elle avait, disait-on, appartenu à Salomon. On en voyait la preuve dans l'inscription hébraïque gravée sur son pourtour.
Devant les Rois flottaient, hauts et fiers, les étendards de Léon, de Castille et d'Aragon, tandis que l'on portait renversés et humiliés les drapeaux lusitaniens, abandonnés par l'ennemi dans la déroute qui avait suivi la victoire de Toro. Les triomphateurs rentrant dans la cité de Romulus, après une guerre heureuse, ne présentaient pas avec plus d'orgueil les dépouilles des vaincus au peuple romain. Après avoir entendu la messe, et fait suspendre au-dessus du tombeau de ses pères, si souvent effrayés par les Portugais, les témoignages de son triomphe, Isabelle en voulut laisser à Tolède un souvenir plus durable. À cette pensée est due l'érection du célèbre monastère de San Juan de los Reyes.
L'édifice, situé à l'extrémité du plateau qui domine la vallée verdoyante du Tage lorsqu'il s'éloigne de la cité, est bâti sur le plan d'une croix latine, en un calcaire blanc dont le grain très fin et très dur s'est prêté, docile, aux fantaisies les plus capricieuses des sculpteurs. À l'intersection des branches s'élève, à une grande hauteur, une large et belle coupole. La retombée des arcs s'appuie sur deux tribunes élégantes, réservées aux Rois, tandis qu'autour des nefs une frise, sculptée en pleine pierre, porte une magnifique inscription en caractères gothiques, qui célèbre les noms glorieux des fondateurs. De charmants détails amusent de tous côtés le regard, sans amoindrir l'impression grandiose et sévère que laisse l'ensemble. Ici des fleurs, des guirlandes, des oiseaux; là un singe, vêtu en moine, la tête couverte d'un capuchon, fait dans un profond recueillement la lecture du bréviaire. Auprès (p. 603) de lui, l'artiste n'a pas craint de modeler un vase ... Sa destination ne peut faire doute pour personne. Singulière irrévérence, permise dans ces temps de piété fervente!
LE CLOÎTRE DE SAN JUAN DE LOS REYES APPARAÎT COMME LA MANIFESTATION LA PLUS PRÉCIEUSE ET LA PLUS FLEURIE DE L'ARCHITECTURE GOTHIQUE ESPAGNOLE (page 604).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
En donnant aux Franciscains le monastère et l'église de San Juan de los Reyes, où elle pensait dormir son dernier sommeil, Isabelle les dota de sept mille maravedis de rente, à prendre sur le trésor royal, sans détriment des revenus et des dîmes en nature, à prélever sur le pays. Elle les enrichit en outre d'œuvres d'art, de miniatures, de joyaux et de manuscrits précieux achetés en Allemagne et en Italie. C'est qu'en effet la grande reine de Castille prétendait que ses largesses profitassent à son peuple. Dans ce but, elle obligea la communauté à créer deux chaires de théologie pour les étudiants et les enfants de la province; elle exigea que l'on y exposât la doctrine chrétienne, de manière à la faire comprendre et aimer. Or, nul ordre religieux n'était plus digne de la confiance d'Isabelle que celui des Franciscains; nul ne méritait mieux, pour ses talents et ses vertus, d'être l'objet de ses prédilections.
Après la conquête du royaume de Grenade, les idées d'Isabelle se modifièrent, et, par son testament, un chef-d'œuvre de prudence et de sagesse, elle ordonna de porter sa dépouille mortuaire dans la ville conquise au prix de tant d'efforts.
La faveur du monastère tolédan ne décrut pas durant les règnes suivants: Charles Quint compléta l'œuvre de son aïeule; Philippe II le gratifia de donations nouvelles et lui fit le suprême honneur de le désigner pour tenir le Chapitre général de tous les grands Ordres militaires d'Espagne. Enfin, Philippe III couvrit ses murailles de peintures, y logea de préférence à l'Alcazar lors de l'élection du Général des Franciscains, et à cette occasion y donna des fêtes et des banquets splendides.
Lorsqu'elle visita l'Espagne, Mme d'Aulnoy fut très frappée de la magnificence de l'église: «Elle est belle et grande, écrit-elle, et toute pleine d'orangers, de grenadiers, de jasmins et de myrtes fort hauts, qui forment des allées dans des caisses, jusqu'au grand autel dont les ornements sont extrêmement riches. De sorte qu'au travers de toutes ces branches vertes et de toutes ces fleurs de couleurs différentes, en voyant briller l'or, l'argent, les broderies et les cierges allumés dont l'autel est paré, il semble que ce soient les (p. 604) rayons du soleil qui vous frappent les yeux. Il y a aussi des cages peintes et dorées remplies de rossignols, de serins et d'autres oiseaux, qui font un concert charmant.»
L'église et surtout le couvent ont terriblement souffert de la guerre et de l'incendie qui, en 1809, détruisirent le retable, les verrières, les œuvres d'art, la bibliothèque et la moitié du cloître. En 1835, lors de la révolution et de l'abolition des Ordres religieux, l'édifice fut transformé en magasin à poudre. Il eût achevé de périr si, en 1844, la Commission des monuments historiques ne l'eût préservé en y transportant la paroisse de San Martino. Rendue au culte, et fermée aux mendiants et aux pillards, l'église a échappé aux démolisseurs qui la guettaient. Quant au cloître, il a subi depuis 1858 une restauration aussi habile que lente, et apparaît aujourd'hui comme la manifestation la plus précieuse et la plus fleurie de l'architecture gothique de l'Espagne. Ses arcs, qui occupent une longueur de 26 mètres environ sur chacun de ses quatre côtés, sont ornés d'une multitude de statues, d'ornements, d'oiseaux, de fruits et de fleurs, traités avec un art exquis. Sur le mur intérieur, qu'ornent également des statues, supportées par d'élégants culs-de-lampe et surmontées de pinacles délicats, court une longue inscription en langue castillane. Les beaux caractères gothiques qui la composent sont analogues à ceux employés à l'intérieur de l'église, quoique d'une dimension moindre. Ferdinand et surtout Isabelle y sont loués avec reconnaissance et justice.
«Ce cloître, la haute et la basse église et tout ce monastère furent édifiés par ordre des Catholiques et Très Excellents Rois Ferdinand et Doña Isabel, rois de Castille, d'Aragon et de Jérusalem, à partir des premiers fondements, en l'honneur et à la gloire du Roi du Ciel et de sa glorieuse Mère et des Bienheureux saint Jean l'Évangéliste et du très saint François, leurs fervents intercesseurs. Et après l'édification de cette demeure, ils conquirent le royaume de Grenade, détruisirent l'hérésie et chassèrent tous les Infidèles, et gagnèrent tous les royaumes des Espagnes et des Indes, et réformèrent les églises et les communautés des moines et des religieuses, qui, dans tous leurs royaumes, avaient besoin de réformes; et, après de si grandes et de si excellentes œuvres, le Roi des rois rappela la reine du naufrage de ce pèlerinage, pour lui donner le prix et la récompense mérités par les si grands et les si éclatants services que, de son vivant, elle rendit en cette ville à la religion; et elle mourut à Médina del Campo, vêtue de l'habit de Saint-François, le 5 novembre de l'an 1503.»
ORNEMENTS D'ÉGLISE, À TOLÈDE.—PHOTOGRAPHIE LÉVY.
Comme l'église et le monastère, le cloître fut bâti sur les plans de l'un des plus célèbres architectes de la cathédrale, Juan Guaz, un Flamand, croit-on, et de qui une fresque très réaliste conservée à San Justo y Pastor nous a gardé les traits. Pour établir entre les deux étages du cloître une communication digne de l'édifice, Charles Quint ordonna plus tard à Covarrubias de construire le bel escalier, recouvert d'une coupole en forme de coquille, où l'écusson du grand empereur figure auprès de ceux de ses ancêtres. S'ouvrant sur la galerie supérieure, l'on montre avec respect la cellule de Ximénès, le premier novice qui prit à San Juan l'habit des Franciscains.
Encore en ces dernières années, San Juan de los Reyes a été l'objet d'une nouvelle injure. Après la prise de Malaga, Isabelle avait envoyé comme trophées les chaînes des captifs chrétiens libérés de sa main, et avait ordonné de les suspendre aux murailles extérieures de l'église. Depuis quatre siècles, leurs sombres anneaux traçaient des courbes sur les parements de pierre blanche, quand un alcade, de sens pratique, les fit décrocher, et ordonna de les battre pour en forger des bancs et une clôture destinée au jardin public. Par bonheur, on eut le temps d'arrêter la consommation totale d'un tel sacrilège, et une partie des chaînes reprit la place si longtemps occupée.
PORTE DUE AU CISEAU DE BERRUGUETE, DANS LE CLOÎTRE DE LA CATHÉDRALE DE TOLÈDE (page 603).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
(p. 605) Dans une des salles basses du monastère, peut-être quelque vaste sacristie, on a réuni une foule d'objets hétéroclites, rappelant des souvenirs plus ou moins tristes ou curieux, tels que: tableaux, bois et pierres sculptés, émaux et ferrailles vénérables. L'ensemble constitue ce que l'on appelle pompeusement le Musée provincial. On le visite, si le concierge a le loisir de répondre au coup de sonnette des visiteurs. Quand ses occupations le retiennent dans ses appartements, on éprouve l'ennui de patienter à la porte; mais, si l'on n'entre pas, on ne doit pas en concevoir un dépit trop amer: les objets qui paraissaient mériter quelque intérêt ayant tous pris le chemin de Madrid.
Enfin, sur l'emplacement de la partie du monastère que son état de ruine n'a pas permis de conserver, on a bâti des écoles où le style ogival, mort depuis tant de siècles, essaye de fleurir une dernière fois.
Isabelle ne s'en tint pas à ces largesses envers la vieille capitale de la Castille. Dans les dernières années de sa vie, elle la dota encore de l'hôpital de Santa Cruz destiné aux enfants trouvés. En ordonnant la construction de ce bel édifice, elle agit en qualité d'exécutrice testamentaire de son fidèle ministre, le cardinal de Mendoza, celui-là même à qui elle avait par violence assuré le dernier repos dans la capilla mayor de la Cathédrale. Le cardinal était mort en 1495, avant que la première pierre eût été posée. La reine intervint aussitôt, leva les difficultés qui s'élevèrent à propos de l'acquisition de terrains possédés par des ordres monastiques, et quand elle mourut à son tour, en 1503, toutes les dispositions avaient été si bien prises que l'architecte, Enrique de Egas, ne rencontra plus aucun obstacle. Dix années plus tard l'hôpital était achevé. Il est bâti en forme de croix grecque ou de Jérusalem. L'église se trouvait jadis à l'intersection des branches de la croix; la désaffectation de l'édifice et sa transformation en école de cadets a contraint de reporter l'autel à l'extrémité de l'une des branches. Bien que construit très peu d'années après San Juan de los Reyes, l'hospice de Santa Cruz n'offre avec lui aucune analogie de style. Les contacts multiples avec l'Italie avaient révélé à l'Espagne des formules nouvelles. Aussitôt elle s'en était éprise, oublieuse de son propre passé et des traditions importées de la Bourgogne et des Flandres aux siècles précédents. Seules, les magnifiques charpentes ornées de mosaïques de bois qui couvrent encore les quatre nefs sont de cet art mudejar dont on retrouve à Tolède tant de modèles parfaits.
À droite de la nef servant aujourd'hui d'entrée, s'élève un cloître porté sur des colonnes d'ordre classique. On accède à l'étage supérieur par un escalier d'un dessin très élégant. Il s'ouvre sous un portique formé par trois arcs aux sculptures infiniment délicates. De grandes marches d'un seul morceau, prises dans un marbre fin et blanc, conduisent à des galeries que les mendiants et les pillards ont dépouillées de leur plancher, de telle sorte que, pour les parcourir, il faut sauter de solive en solive, au risque de tomber dans les intervalles, et de crever le léger caissonnage de marqueterie à travers les fissures duquel on aperçoit le dallage du cloître inférieur.
Cette cour communique avec un autre cloître plus petit, aux colonnes et aux chapiteaux fort lourds empruntés à l'antique chapelle de Sainte-Léocadie. Des rares fenêtres qui éclairent quelques cellules ménagées (p. 606) le long de ces cloîtres, on découvre la sévère brisure au fond de laquelle coule le Tage, le pont d'Alcantara et le château de San Cervantès, cette belle et rébarbative entrée de Tolède. On s'explique très bien les traditions qui placent sur les terrains occupés par l'hospice, l'ancien Alcazar, celui qui se rendit en 1085 au roi Alfonse VI, à la suite d'une famine provoquée par un terrible blocus. Nulle part on ne pouvait être mieux placé pour défendre le fleuve. Que reste-il de cette forteresse? Rien, sinon un hospice ruiné, délabré, percé comme s'il avait subi les ravages d'un long siège, et cette immense mélancolie des forces devenues sans emploi.
En remontant de l'hôpital de Santa Cruz vers le Zocodover, et avant d'atteindre l'arc mauresque de la Sangre, on laisse sur la gauche une maison bien modeste, une sorte de posada où les gens qui viennent au marché réunissent leurs bêtes et leurs charrettes. Elle évoque, elle aussi, bien des tristesses. C'est dans cette pauvre demeure que vécut Cervantès pendant son séjour à Tolède. Hélas! qu'il était vrai ce cri de déchirante détresse échappé un jour au découragement du vieux soldat de Lépante: «Malédiction sur notre siècle où il semble que la pauvreté soit la compagne inséparable de la noblesse!»
L'œuvre de Charles Quint n'est pas seulement représentée par la porte de Visagra. Tolède lui doit encore la belle cour de l'Alcazar, car l'édifice brûlé et rebâti à plusieurs reprises est, sans lui faire injure, un véritable couteau de Janot. Puis on doit encore rattacher à son règne un monument grandiose qui s'étend hors de la ville: l'hôpital de San Juan a Fuera, bâti par le cardinal archevêque D. Juan Tavera. Commencée en 1541, l'œuvre ne fut achevée qu'en 1624. Sa construction avait duré 64 ans. La façade imposante, sinon d'un goût délicat, s'étend sur une longueur de 100 mètres environ. Deux cloîtres jumeaux ménagés de chaque côté d'une colonnade qui aboutit à la porte de l'église, se superposent sur deux étages, l'un de style dorique, l'autre de style ionique.
La porte de l'église, due au ciseau de Berruguete, s'ouvre, et des Filles de Saint-Vincent de Paul, à la blanche cornette, apparaissent, expliquant par leur présence le bon ordre et la propreté dont on est frappé dès qu'on a franchi le seuil de l'hôpital.
UNE TORERA.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Quel étonnement et quelle satisfaction de voir des dallages sans souillures, des coins sans ordures, des vieillards lavés et peignés, des gardiens qui ne mendient pas avec la menace dans le regard. On sent que les bons anges de France ont volé par-dessus les montagnes, et que pour leur charité le Monde ne sera jamais assez grand.
À la croisée de la nef et des branches du transept, une immense et haute coupole abrite le tombeau du fondateur de l'hôpital. Elle est la dernière œuvre d'Alonso Berruguete. Peut-être même fut-elle achevée par son fils en 1561. Les années avaient calmé la fougue de l'artiste, car il n'a jamais mieux rendu la douceur et la béatitude de la mort du juste. Les ornements du sarcophage sont d'une époque postérieure à la figure, et quoique d'un bon style italien, ne la valent pas. Ils sont l'œuvre d'un artiste indigène; mais, à cette époque, et quand ils s'attaquaient au marbre, les sculpteurs espagnols s'étaient si bien approprié la manière italienne, qu'il est difficile de distinguer leurs œuvres de celles qui sortaient des ateliers de Gênes ou de Florence.
Les Tolédans se plaisent à comparer leur ville à la capitale de la chrétienté. Ce parallèle est tout à leur avantage. Jugez-en:
Tolède et Rome ont sept collines, Tolède et Rome ont une roche tarpéïenne, Tolède et Rome ont des églises uniques au monde, Tolède et Rome sont remplies de couvents, Tolède et Rome ont donné naissance à d'illustres prélats; mais la Rome d'Italie a commis des fautes graves et des sottises que la Rome d'Espagne s'est évertuée à corriger. Enfin Tolède écrase sa rivale sous l'universelle renommée de ses massepains aux amandes, qui lui ont valu le titre glorieux de la Roma del Mazapan. Sur ce terrain, la lutte n'est plus possible.
VUE INTÉRIEURE DE L'ÉGLISE DE SAN JUAN DE LOS REYES (page 604).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
(p. 608) Il est encore un autre avantage que l'on a concédé, de temps immémorial, à Tolède sur la Ville Éternelle, et cet avantage elle le doit à ses armuriers. Polybe, Cicéron, Tite-Live, Diodore, Martial parlent de la trempe des courtes épées d'Ibérie; Ovide assure que l'eau du Tage et le sable que charrie son lit sont pourvus de propriétés particulières. Au Moyen Âge le fer des mines de Mondragon, situées dans les provinces basques, était aussi connu que le nom des armuriers tolédans: Juan el Moro qui après la conquête eut pour parrain Ferdinand le Catholique, Nicolas Ortimo, Juan Martinez, Antonio Ruiz, Johannes de la Horta, Tomas de Ayala, Sahagun et ses descendants, Dionisio, Corrientes, Miguel Castaro, Toma Gaya, Sebastien Hernandez qui ajoutait à son nom celui de Toledano et dont la signature se retrouve sur de belles épées conservées à l'Armeria Real, tous ont été célèbres dans le monde entier. Les chevaliers français appréciaient à leur valeur le fer d'Espaigne, et en Angleterre Jonson, Butler et Shakespeare ont rendu témoignage de l'estime en laquelle on tenait les armes tolédanes.
Les armuriers tolédans formaient bien une corporation jouissant d'importants privilèges, tels que l'exemption des impôts et des droits sur le fer et sur la vente des épées, mais chacun poursuivait son œuvre dans le mystère de sa forge, et gardait avec un soin jaloux le secret de ses procédés. Aussi bien sortait-il de leurs mains des armes si différentes, que Mahomet Ben Ali il Erani a pu composer tout un livre sur ce sujet.
À la Renaissance, l'usage des armes de combat était si général en Espagne, que les valets comme les maîtres portaient la rapière au côté, ou le poignard à la ceinture. Les enfants eux-mêmes, n'avaient pas d'autres jouets.
Durant son voyage de Valence à Madrid, François Ier fut frappé de ce fait:
«Ô bienheureuse Espagne, s'écria-t-il, bienheureuse Espagne qui enfantez et élevez des hommes tout armés!»
UNE RUE DE TOLÈDE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
La littérature porte la trace de ce goût de l'Espagnol pour le vaillant et fin acier. Dans les romans et les drames du moyen âge écrits vers le milieu du XVIIe siècle, il n'est pas un gentilhomme qui ne brandisse une bonne lame de Tolède et ne la mette au service de sa dame ou du roi. Plus tard la réputation des poignards trempés au bord du Tage balança même celle des belles Andalouses, en corset noir, qui, le soir venu, passaient sur le pont de Tolède. Il est vrai de dire que les Andalouses de Tolède furent de tout temps aussi rares que les Castillanes de Séville, ou les Aragonaises de Grenade.
La prospérité du commerce des armes touchait d'ailleurs à sa fin. Pendant les grandes guerres de Charles Quint et sous le règne de Philippe II, elle avait déjà souffert des progrès de l'arquebuserie. À l'avènement de Philippe V, l'adoption du costume français fit abandonner l'usage de la rapière en faveur de l'épée de parade.
Aujourd'hui, la manufacture, construite en 1777 par Charles III, fournit des canons et des fusils, tandis que quelques artistes indépendants cisèlent ou incrustent l'or et l'argent dans le fer, et préparent, ô douleur! des pommes d'ombrelle, des manches de parapluie, des nécessaires de fumeurs et des boutons de manchettes. Où sont les héroïques épées d'antan?
La corporation des armuriers n'est pas la seule qui ait déchu: celle des tapissiers pour estrades, et des vendeurs de bois pour bûchers sont également dans le marasme. C'est précisément dans le voisinage de la fabrique d'armes que s'élevait jadis le quemadero de l'Inquisition, où l'on brûlait les infortunés que le terrible tribunal condamnait aux flammes. Cet horrible supplice n'avait pas lieu, comme on le croit généralement, en présence du roi et de la noblesse. L'auto de fe ou acte de foi, qui se célébrait sur la place du Zocodover, consistait en une comparution des accusés, en un sermon, en une lecture des pièces du procès suivies du jugement, et en une amende honorable des réconciliés. Puis la procession funèbre se (p. 609) formait, et les condamnés étaient conduits jusqu'au lieu où s'élevaient les bûchers, dressés généralement hors des murailles.
PORTE DE L'HÔPITAL DE SANTA CRUZ (page 605).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
Un tableau très curieux, représentant le roi Charles II et sa femme, Marie-Louise de Bourbon, nièce de Louis XIV, montre les dispositions de la loge royale et des estrades réservées aux assistants et aux héros de la cérémonie religieuse. Le spectacle devait en être suffisamment lugubre, sans y ajouter encore la vue de la torture physique qui complétait l'acte de foi.
Je crois qu'aucun étranger n'a mieux vu Tolède que je ne l'ai fait sous le patronage de mon excellent ami le savant professeur Ventura Prosper y Reyes. Il n'est pas un fragment de l'ancienne cité qu'il n'ait étudié avec un talent qui n'a d'égal que sa simplicité. Aujourd'hui dimanche, le lycée provincial étant désert, le Docteur m'avait invitée à le visiter avant d'entreprendre une promenade hors ville:
«Nous y conservons, m'avait-il dit avec quelque mystère, deux portraits de femmes qui vous intéresseront beaucoup.
—De quelle époque?
—Du temps de Philippe IV.
—Un Vélasquez? Un Greco?
—Qui sait?»
J'arrivai toute palpitante. Peut-on se vanter de connaître toutes les richesses de cette Espagne, encore si mystérieuse et si discrète? L'émotion me serre le cœur en pénétrant dans la bibliothèque. Au fond de la salle et dans une sorte de retraite ménagée derrière la chaire du professeur, deux toiles d'assez grandes dimensions se font vis-à-vis. Je m'approche en toute hâte, mes yeux percent l'ombre avec anxiété, et je me trouve en présence d'une ... superbe femme à barbe entourée de son mari et de ses nombreux enfants. Une toison rouge couvre tout le visage, tandis que la poitrine opulente, couleur de lis et de rose, déborde au-dessus du corsage largement décolleté.
Il est bien entendu que Vélasquez n'a rien à voir avec ce portrait.
«Qu'en dites-vous? me demande en riant mon guide.
—C'est la réclame d'un marchand de pommade pour faire repousser les cheveux.
—Vous vous trompez: c'est l'image authentique d'une fille de la blonde Germanie. Née en Allemagne en 1620, elle vint en Espagne en 1664, et autant par sa barbe que par son talent d'organiste elle excita (p. 610) l'enthousiasme. Ce portrait et la longue inscription qu'il porte en sont les irrécusables témoignages. Et maintenant ... retournez-vous.»
C'est une gageure! Me voilà en présence d'une seconde femme à barbe!
«Croyez-vous donc que l'Espagne ait voulu être en reste avec l'Allemagne?»
La première femme était rousse et devait être plutôt gaie; la seconde a la barbe blanche et l'aspect très austère. Il ne s'agit plus de corsage ouvert dévoilant des appas nacrés; une guimpe très haute et une collerette raide et dure enserrent la poitrine et encadrent un visage qui siérait à un vieux missionnaire retour de Chine. Sous cette image je cherche en vain une inscription, je ne trouve qu'un chiffre. Celle contemporaine de Philippe IV avait cinquante-cinq ans lorsqu'on reproduisit son image engageante.
Ah! les jeunes élèves du lycée provincial ne seront pas troublés avant l'heure par les spectacles offerts à leurs yeux innocents!
Mais quelle faute a fait commettre à ces filles d'Ève l'impatience de montrer sitôt au monde la richesse de leur barbe! L'exploitation méthodique et lucrative des phénomènes n'était pas encore entrée dans les mœurs ... Quelques siècles plus tard, Barnum eût fait leur fortune, et augmenté la sienne.
La journée commencée sous d'aussi heureux auspices fut comme une revanche des études sévères de la semaine. Depuis mon arrivée, j'avais vécu dans l'ombre mystérieuse des églises, sous les voûtes des cloîtres, autour des tombeaux, dans des palais en ruine; n'avais-je pas mérité de voir aussi la campagne?
Dès que j'eus dépassé l'enceinte, ce fut comme un rayonnement de lumière et de joie, tous les sourires d'un radieux soleil d'automne. Je me retournai cependant pour considérer la porte fortifiée que je venais de franchir. Un ange debout, l'épée à la main, se dresse, sévère, maussade, entre les deux tours robustes qui la flanquent. Et les Tolédans, jeunes et vieux, se sont demandé pourquoi l'envoyé de Dieu leur montrait un si sombre visage. Il fallait une explication: une légende est née.
L'ange du Seigneur veille sur Tolède et en défend l'approche aux maux qui, trop souvent, accablent la pauvre humanité.
Un jour, la Peste hideuse, épouvantable, se présente et demande à entrer.
«Que viens-tu faire ici? s'écrie l'ange en courroux.
—Je suis une envoyée de Dieu, tu n'as pas le droit de me chasser.
—Mon peuple est pieux; si Dieu, dans sa colère, veut châtier quelques pécheurs, qu'il tienne au moins compte à Tolède de sa dévotion à la Vierge. Promets-moi que tu te borneras à frapper vingt victimes.
—Ce n'est pas assez, dit la Peste; à moins de deux cents, je ne serai pas satisfaite.»
SUR LES BORDS DU TAGE.—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
L'ange pria, supplia, la Peste fut intraitable, et il fallut lui accorder le tribut qu'elle réclamait. Elle passa, exerça pendant trois mois de terribles ravages, et détruisit les Tolédans par milliers.
«Misérable, menteuse, parjure! s'écria l'ange, quand elle se décida enfin à sortir. Contre toi, je porterai plainte au Ciel!
—Et pourquoi cette colère? Tu m'avais accordé les vies de deux cents Tolédans. Je les ai prises. Les autres sont morts de peur. Je n'y suis pour rien!»
De la plate-forme sur laquelle on débouche après avoir dépassé l'enceinte, les regards s'arrêtent d'abord sur les statues plus que médiocres et fort moussues de quelques rois d'Espagne; puis, en descendant dans la vallée, ils se reposent sur les ruines d'un cirque romain dont la démolition systématique remonte à l'époque où Abd el-Rhaman, gouverneur de la Tolestane, tenta de se rendre indépendant. Et tout doucement, en admirant la belle plaine du Tage, on suit le chemin qui, par des pentes très raides, conduit au sanctuaire du Cristo de la Vega. Ici, la légende et l'histoire se mêlent d'une manière si étroite, qu'il est bien difficile d'en faire le départ.
(p. 611) L'édifice actuel s'élève, après bien d'autres sanctuaires, sur l'emplacement où sainte Léocadie souffrit le martyre.
ESCALIER DE L'HÔPITAL DE SANTA CRUZ (page 604).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Léocadie était belle, Léocadie était jeune, Léocadie était aimée. Quand on lui demanda de renier la foi chrétienne, elle eut peur de faiblir, elle craignit d'être vaincue par la souffrance, elle trembla de trahir son Dieu. Alors elle l'implore, elle l'appelle à son aide, elle le supplie de la rappeler à lui afin de lui éviter une honteuse apostasie. Et, tandis que de sa main virginale elle trace une croix sur le sol et la baise pieusement, elle expire en murmurant le nom du Jésus qu'elle adore.
Des siècles s'écoulent. À peine converti au christianisme, le roi Sisebuth a fait élever un temple somptueux sur l'emplacement où la martyre a succombé; auprès de sa tombe vénérée, se sont assemblés des conciles. Des monarques, des évêques, ont voulu reposer auprès d'elle; et voici qu'un miracle nouveau vient accroître la dévotion du peuple et des rois.
C'était le 9 décembre 666. L'évêque Ildefonse célébrait, dans le pieux sanctuaire, l'anniversaire de la mort de la sainte. Soudain, la dalle du tombeau disparaît sous la lueur grandissante d'une lumineuse apparition. Une créature séraphique, enveloppée de voiles blancs, se révèle sans mystère aux regards des assistants. Léocadie vit, elle palpite, elle sourit, elle parle, elle loue Ildefonse d'avoir défendu au concile la virginité de la mère de Dieu. L'évêque est tombé à genoux, il écoute, il tremble, il doute. Non, il n'est pas le jouet d'une illusion extatique: le ravissement peint sur tous les visages le rassure. Il frémit de joie, il tend les bras vers l'apparition radieuse; encouragé par le roi, il va la saisir. Mais Léocadie n'est plus de ce monde de douleurs, elle ne subira pas l'étreinte d'un être humain. Elle s'estompe, elle disparaît, fugitive et rapide comme une ombre, sous la dalle qui s'est refermée. Pourtant, sa disparition n'a point été assez prompte. Un pan de son voile léger est resté engagé entre la pierre et son encadrement. Le prince s'est précipité pour le saisir, mais, retenu par le sentiment de son indignité, il passe son poignard à l'évêque, et celui-ci coupe le lin précieux qui témoigne du miracle.
«Vierge et martyre, s'écrie l'évêque, vous qui êtes digne de contempler le Rédempteur dans sa gloire céleste, vous qui avez offert votre vie pour mériter son amour, regardez favorablement la ville où Dieu a voulu que vous naquîtes, protégez-la et intercédez pour le monarque qui célèbre solennellement votre fête.»
Encore aujourd'hui, on conserve à la cathédrale l'unique relique de la patronne de Tolède.
Une statue de sainte Léocadie, sans grande valeur artistique, orne la chapelle, mais elle n'excite pas la dévotion que provoque un christ très singulier, à qui le sanctuaire doit son nom, et qui est la copie très moderne d'un crucifix consumé dans un incendie durant la guerre de l'Indépendance.
L'artiste, respectueux de la tradition, a détaché de la croix un des bras du divin supplicié et l'a modelé tombant le long du corps. Zorilla, dans son poème intitulé: «À bon juge, meilleur témoin», a donné une forme exquise à la légende inspirée par le Christ de la Vega.
Les Tolédans ont l'aspect sombre et le visage sévère, mais chez eux la nature ne perd pas ses droits, et l'on s'aime ici comme dans la joyeuse et bruyante Séville, peut-être même avec une ardeur d'autant plus grande qu'elle est plus concentrée. Deux jeunes gens s'adoraient; ils se le dirent, et comme les circonstances (p. 612) les obligeaient à se séparer pour longtemps, ils se fiancèrent sous le regard du Christ de la Vega.
«Ô doux Jésus! sois témoin de nos promesses, et garde-les sous ta protection divine», dirent-ils en se signant.
Des années se passèrent. Un soir, le jeune homme reparut au Zocodover. Durant son séjour aux colonies, il avait échangé contre une petite fortune ses doux souvenirs, car il reconnut à peine celle qui, chaque matin, avait supplié le Christ de veiller sur l'absent et de le ramener fidèle et toujours pieux. Sommé de tenir sa promesse, l'inconstant la nia. Citation fut faite devant le juge.
«Où sont vos témoins? demanda-t-il à la délaissée.
—Je n'en ai d'autre que le Christ de la Vega. Lui seul; mais il suffira.
—Qu'il parle donc en votre faveur.»
Et les juges et les parties de se diriger vers la chapelle, et la jeune fille de s'agenouiller.
«Ô toi qui reçus nos serments, témoigne de la vérité. Mes lèvres, qui t'ont si souvent imploré, n'ont prononcé aucune parole mensongère, et chaque jour, tu le sais, je t'ai supplié de ramener auprès de moi l'ingrat qui me repousse et m'accuse.»
Elle achevait à peine sa prière, qu'un des bras du Christ fixés à la croix, s'en détachait, s'étendait comme pour prêter serment, et retombait inerte le long du corps; jamais il ne s'est relevé.
Je n'avais pas encore franchi le Tage. Le pont Saint-Martin était voisin. Désireuse d'apercevoir Tolède de la rive opposée, je m'y engageai comme le jour commençait à décroître. À mesure que je gravissais la côte du Palau, le soleil se penchait davantage vers l'horizon.
Je me retournai, et, au ras de l'horizon tranquille, des maisons bordaient le sommet du ravin, enveloppées dans une lumière qui les frappait de face, et semblait rebondir. Voici que l'ombre monte du ravin; déjà, l'on distingue à peine, mêlées aux rochers, les tours en ruines et les courtines démantelées; mais elle s'élève le long des pentes escarpées, elle met un gris violacé très fin sur la blancheur des murailles; seuls, les pinacles de San Juan de los Reyes s'illuminent de rose. C'est le dernier adieu du soleil, le dernier baiser que recevra Tolède avant de s'endormir.
Comme je descendais, j'entendis un rire de femme au-dessous de moi. Un soldat au masque pâle, à la peau mate, aux reins cambrés, serrés dans sa courte veste de cavalier, aux jambes nerveuses, qu'emprisonnaient la culotte d'ordonnance, enlaçait une taille souple qui s'abandonnait. Il parlait bas, elle riait haut; elle riait d'être belle, d'être jeune, de se sentir aimée. Ils ne me virent pas.
Les œillets rouges qui naissaient sur les lèvres de l'enfant, éteignaient par leur éclat le rose délicat des pinacles de San Juan; et il me souvint du refrain tolédan:
La terre engendre tout,
Le soleil dore tout,
L'argent achète tout,
Sauf l'amour qui vainc tout.
(À suivre.) Jane Dieulafoy.
DÉTAIL DU PLAFOND DE LA SACRISTIE DE LA CATHÉDRALE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
(p. 613) TOME IX, NOUVELLE SÉRIE.—52e LIV. No 52.—30 Décembre 1905.
PONT SAN MARTINO, À TOLÈDE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
IV. — Les «cigarrales». — Le pont San Martino et son architecte. — Dévouement conjugal. — L'inscription de l'hôtel de ville. — Cordoue, l'Athènes de l'Occident. — Sa mosquée. — Ses fils les plus illustres. — Gonzalve de Cordoue. — Les comptes du Gran Capitan. — Juan de Mena. — Doña Maria de Parèdes. — L'industrie des cuirs repoussés et dorés.
GUITARISTE CASTILLANE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Tolède garde-t-elle de l'étreinte séculaire de l'Inquisition l'air de tristesse qu'on y respire et qui semble étouffer ses habitants? Ceux-ci, brisés d'âge en âge par une si dure pression, lui doivent-ils leur goût pour la vie languissante, sans activité, sans énergie, sans espérance ni chanson? Peut-être le souvenir d'horribles et lamentables spectacles, dont furent témoins leurs aïeux, arrêta pour jamais, dans leur gorge, les trilles et les coplas, et pour jamais ils désapprirent l'art d'accorder les lyres aux doux accents.—Veulent-ils célébrer une fête, un mariage? Au lieu de la gaîté, la mélancolie en est la reine:
Bien que tu me voies chanter,
Je ne chante pas.
La langue chante,
Le cœur pleure...
Il semble que, pour sourire, les Tolédans soient contraints de franchir l'enceinte de leur cité.
Sur la rive du Tage qui s'étend le long des antiques remparts, dévalent ces fameux jardins connus sous le nom de cigarrales, uniquement arrosés par le ciel, et où les habitants de la ville viennent se divertir sous les figuiers, les amandiers et les abricotiers aux fruits renommés à l'égal des pêches d'Aragon ou des oranges de Valence. Chaque maison de quelque importance a son cigarral, et ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on y bavarde à tort (p. 614) et à travers, car Tirso de Molina y fait conter plusieurs de ses jolies Nouvelles. Il est certain qu'on y jouit d'un laisser-aller qu'on n'oserait prendre entre les murs de la sévère cité. Les caquetages y poussent aussi drus que les mauvaises herbes, et font concurrence aux chants de ces cigales à qui ces modestes vergers pourraient devoir leur nom.
Bien que les Primats d'Espagne aient vu disparaître leur énorme fortune, et s'émietter leurs revenus princiers, ils ont conservé ce dernier luxe des grandes maisons appauvries. Il y a quelques années—on ne m'a point dit la date exacte, ni fait connaître le nom du prélat,—Son Éminence se reposait un soir d'été sous une épaisse tonnelle, quand un de ses grands vicaires s'avance le visage bouleversé:
«Qu'y a-t-il?... Le feu est-il à l'Archevêché?
—Un grand malheur ... un grand scandale!
—Ah! je respire!.. Pourquoi tant de précautions?
—Une religieuse du couvent de ... est accouchée d'un garçon!
—Par ma vertu! à voir votre tête effarée, on dirait que cet accident est arrivé à un moine!»
Quand on considère les hautes et aveugles murailles qui entourent les couvents de femmes, et qui contribuent pour une si grande part à donner à Tolède son aspect sombre et rébarbatif, on s'étonne qu'une pareille nouvelle ait causé si peu d'émotion au digne prélat. Il faut vraiment que le Diable passe par le trou des serrures.
Pour moi, lorsqu'il m'a été donné de franchir la porte d'un couvent de femmes, j'ai été frappée de l'austérité des visages émaciés, et vraiment émue par les preuves d'une misère trop évidente. Et quand on s'approche du tour de certains monastères condamnés par la Règle à donner après chaque repas les restes de la table, on voit distribuer des aliments que repousserait le dernier de nos mendiants. Le pois chiche, la pomme de terre cuite à l'eau, les rogatons de pain noir en constituent l'élément le plus raffiné. Les pauvres nonnes mourraient littéralement de faim, si elles ne fabriquaient avec un art incomparable des confitures exquises et, à l'occasion de certaines fêtes, les fameux massepains dont j'ai parlé tantôt. Elles envoient ces douceurs à des familles amies, et reçoivent en échange les maigres approvisionnements qui les font vivre. Les traditions, une sorte de respect humain amènent encore dans ces tristes demeures des jeunes filles de bonne famille, condamnées au célibat par la pauvreté; et quand l'extrême misère du cloître a produit la désillusion, elles y demeurent quand même, car la religion n'est pas seule à charger de ses malédictions la nonne en rupture de vœux. Le monde est d'accord avec l'Église:
«Garde-toi du courant d'air, de l'eau fraîche du matin et de la nonne ou du moine défroqués.»
LA «CASA CONSISTORIAL», HÔTEL DE VILLE (page 615).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Depuis longtemps déjà les moines de certains Ordres ont pris des licences que n'admettraient sous aucun prétexte les supérieures des couvents de femmes, et la plus fréquente est de s'inviter à des tables amies afin d'éviter le pain noir et les pois chiches à perpétuité.
«Voyez-vous, mes enfants, disait un bon fraile désireux d'instruire, au dessert, les enfants d'un hôte chez lequel il se présentait tous les jours à l'heure des repas, le Ciel est si loin de nous, que si Dieu lançait une fourmi sur la terre, elle mettrait des siècles avant d'y arriver.
—Eh bien, reprit le père de famille, sachez aussi, mes enfants, que si un fraile était lancé du Ciel à la dernière minute de la onzième heure, il tomberait tout juste au coup de midi pour manger ma soupe.»
Si l'indiscrétion des frailes est légendaire, la sottise de certains curés de village leur fait bien concurrence. C'est un sujet inépuisable.
(p. 615) «Ah! mes sœurs, disait un brave desservant aux jeunes filles de la Congrégation, prenez modèle sur Marie. La Vierge était silencieuse, et vous êtes bavardes; la Vierge était humble, et vous êtes bouffies d'orgueil; la Vierge était chaste, et vous êtes indiscrètes. Si l'ange Gabriel vous fût apparu, avant midi tout le village en eût été informé!»
LE «PATIO» DES TEMPLIERS.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Et un autre jour, s'adressant à des mères de famille:
«Ce n'est pas sainte Anne qui eût laissé son enfant barboter dans les ruisseaux jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour jouer à la paume. Sainte Anne avait le sentiment de ses devoirs. Chaque matin, quand elle habillait la Vierge, elle lui apprenait à faire le signe de la croix et à dire l'Ave Maria. Voilà comment on donne des principes chrétiens à sa famille, et comment on lui apprend à respecter les parents devenus vieux!»
Et le jour de l'Ascension:
«Peut-être, mes frères, allez-vous douter de ma parole, quand je vous affirmerai que le Christ est ressuscité d'entre les morts et qu'il est monté au Ciel. Quels furent les témoins de ce miracle? me direz-vous; devant qui portèrent-ils témoignage d'un fait si extraordinaire? Vous le savez, mes frères, ces témoins étaient des soldats romains, soumis à une discipline sévère. Que fit le Gouvernement pour les empêcher de parler? Il les envoya dans nos lointaines possessions d'Ultra Mar, dans nos colonies, afin que jamais ils ne pussent revenir et rendre témoignage de la miraculeuse ascension qui avait ébloui leurs yeux. Aux Philippines et à la Havane, il n'est pas un enfant à la mamelle qui ne le sache aussi bien que moi.
En s'éloignant des cigarrales, et en suivant les rives du Tage, on aperçoit le pont Saint-Martin, sur lequel je passais il y a quelques jours. Sans avoir la réputation et la beauté du pont d'Alcantara, il est pourtant une belle œuvre d'art. Il a sa légende, lui aussi: une légende d'audace et d'amour conjugal.
L'architecte à qui l'on en avait confié la construction venait de l'achever quand il s'aperçut que ses calculs étaient faux, et que l'une des arches devait fatalement s'écrouler quand tomberait le cintre sur lequel elle pesait. Une nuit, comme il s'agitait tourmenté par un secret qu'il n'avait confié à personne, sa femme lui demanda quelle était la cause de son insomnie:
«Je suis un homme perdu de réputation, je n'ai plus qu'à mourir, dit-il désespéré. Dès que j'aurai sorti le cintre, l'arche tombera dans la rivière; mais je m'arrangerai pour me faire écraser dessous.»
Stupéfaite, la femme ne répondit rien; la nuit suivante, comme le mari accablé de fatigue avait succombé au sommeil, elle sortit, se dirigea vers le pont, grimpa d'échelle en échelle jusqu'au cintre et mit le feu en vingt endroits. Une heure après l'arche tombait dans la rivière, tandis que son auteur ronflait paisiblement. L'incendie fut rendu responsable du désastre; et, quand il fallut rebâtir l'arche nouvelle, l'architecte ne se trompa plus dans ses calculs.
En rentrant à Tolède, j'ai traversé des quartiers populeux riches en tableaux d'une délicieuse intimité, et je suis arrivée au centre de la cité, devant un monument où de tout temps battit un cœur dont les pulsations se sentent à peine aujourd'hui. Je veux parler de la Casa consistorial ou hôtel de ville, bâti sur les plans de Georges Théotokopuli. Commencé au XVe siècle, l'édifice s'est embelli et agrandi jusqu'au règne de Philippe III, qui en 1612 et 1618 fit élever les tours d'angle et orna les balcons de statues médiocres.
Dans la cage d'escalier, se trouve une inscription composée au temps des Rois Catholiques, et placée (p. 616) par les ordres du premier Corregidor de Tolède. On devrait la traduire dans toutes les langues, et la graver sur la porte des monuments où siègent les administrations municipales.
«Nobles et hommes sages qui gouvernez Tolède, sur ces degrés laissez toutes les affections, la cupidité, la crainte et la peur. Oubliez, pour l'avantage de tous, vos intérêts personnels, et puisque Dieu a fait de vous les piliers de tant de riches maisons, soyez fermes et droits.»
L'hôtel de ville ne témoigne pas seul des beaux sentiments dont l'âme espagnole est imbue. Même quand un édifice a disparu, son emplacement, resté désert, garde encore son éloquence.
Ici s'élevait le palais du comte de Benavente. Invité par le roi à y recevoir le connétable de Bourbon, traître à la France, il y mit le feu une heure après le départ de son hôte, et attisa de sa main l'incendie qui, à son gré, n'accomplissait pas assez vite son œuvre de purification.
Sur cette place irrégulière, où poussent quelques arbres chétifs, se dressait un autre palais, celui du fameux chef des Comuneros, Don Juan de Padilla. Il fut rasé sur l'ordre de Charles Quint, après la défaite de Villalar et le supplice de l'infortuné défenseur des libertés castillanes. L'histoire de cette insurrection est l'une des plus dramatiques qui se puissent lire dans les annales de Tolède.
Une année ne suffirait point si l'on voulait bien connaître la vieille capitale de la Castile, vénérer les reliques innombrables de son passé glorieux, goûter le charme triste mais captivant de ses rues sinueuses assombries par des murailles hautes et sévères comme des falaises. Ce sont des années qu'il faudrait pour recueillir les vieilles traditions, les légendes, les histoires innombrables, le récit des amours du roi Alfonse et de la Juive Hermosa, ou de la belle Infante Galiana aimée par Ali ben Zaid, Charles Martel, Roland, Olivier, Charlemagne, et qu'ont tour à tour chantée Lope de Vega, Moratin et tant d'autres poètes.
«Galiana de Tolède est une merveille de beauté, la Mauresque la plus vantée de tout le pays maure.
«Bouche éclatante comme l'œillet, sein qui palpite et s'élève, front d'ivoire où étincelle l'or de Tibur.»
JEUNE FEMME DE CORDOUE AVEC LA MANTILLE EN CHENILLE LÉGÈRE (page 617).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Hélas! la Rome de l'Espagne, la Cité Impériale, la Mère des Villes, la Couronne du Royaume, la Lumière du Monde, la capitale des Récarède, des Sisebuth, des Rois Catholiques vainqueurs des Maures, se berce des souvenirs de son passé glorieux, et s'endort dans le linceul de ses ruines. Et pourtant chacune de ses poussières vit, palpite et tressaille. Nulle part l'étranger ne comprend mieux l'âme chevaleresque de la Castille, nulle part on ne saisit mieux le sens de l'héroïque et sauvage Romancero. Entre toutes les cités de la vieille Ibérie, Tolède est noble et belle! Elle a gardé un parfum précieux dont ses adorateurs ont seuls le privilège de jouir.
À mesure qu'en venant de Tolède on s'avance vers Cordoue, on se croirait transporté sous un autre climat. Des fraîches nuits de la Castille on ne peut plus se souvenir, sinon pour les regretter quand souffle à travers la Campina le Solano brûlant, qui semble porter dans son haleine toutes les ardeurs du soleil d'Afrique. Les deux capitales sont aussi différentes que les deux pays. Tandis que la vieille cité gothique, ce nid d'aigle abandonné, regarde d'un œil sévère les hautes falaises qui lui font face et que baigne le Tage, tandis qu'elle dresse encore orgueilleuse ses tours démantelées, ses palais en ruines et les hautes murailles aveugles de ses sombres monastères, la cité d'Abd el-Rhaman épouse les rives du Guadalquivir, dont les eaux capricieuses se promènent à travers la plaine fertile. Et dès qu'on a pénétré dans la ville où les maisons très basses, peintes en blanc, un peu banales dans leurs habits propres et neufs sourient par toutes les portes de leurs patios fleuris ou par les fenêtres éclatantes de géraniums et d'œillets aux violentes couleurs, on se demande à quelle fantaisie obéit Victor Hugo, quand il écrit le premier de ces deux vers:
Cordoue aux maisons vieilles,
À la mosquée où l'œil se perd dans des merveilles.
UN ANGLE DE LA MOSQUÉE DE CORDOUE (page 620).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
(p. 617) Lui qui maîtrisa toujours si habilement la rime, se serait-il plié une fois à ses exigences? En tout cas, je me plais à reconnaître, avec le poète, que la moderne Cordoue porte fièrement les lambeaux de sa toge, les pans de son haïc musulman et les anneaux de sa cotte de mailles chrétienne. À la parcourir, on la reconstitue à travers les siècles, grâce à ses statues romaines martelées et transformées en bornes, grâce à ses inscriptions latines employées comme matériaux de construction dans des bâtisses modernes, grâce à ses arcs outrepassés que des Maures ont peut-être construits, grâce aux ogives qui de-ci de-là s'inscrivent dans des murailles de briques, grâce aux vieux écus héraldiques placés au-dessus des portes de quelques rares demeures anciennes, et que l'on repeint chaque printemps, comme pour les faire participer à la renaissance de la nature.
Tolède est encore l'Occident monastique et féodal, Cordoue est l'Orient substitué à Rome.
Le palais tolédan est une forteresse, sa grandeur meurtrière semble être entrée dans le domaine de la légende ou de l'épopée, tandis qu'à Cordoue la maison à un seul étage, bâtie d'hier ou d'avant-hier, se dresse autour d'une cour, et rappelle par sa distribution les maisons que l'on découvre sous les cendres d'Herculanum ou de Pompéi.
Il n'est pas jusqu'au type, jusqu'au costume de la population, jusqu'à la mantille qui ne diffèrent quand on passe de Castille en Andalousie. L'œil s'assombrit, la lèvre devient plus rouge, le teint plus brun, la taille se cambre. Sur les cheveux noirs, très noirs de l'Andalouse s'épanouit toujours quelque fleur que la Castillane plante parfois près de l'oreille; on guise de mantille, un tissu de chenille légère remplace la dentelle portée dans les provinces du centre ou du nord. Enfin, au lieu du châle jeté on pointe dans le dos et ramené sur la poitrine, les crêpes de Chine souples, drapés près du corps, serrés aux épaules, à la taille et aux hanches dont elles précisent les contours, rappellent le chitôn grec et semblent un héritage de l'antiquité classique.
Les modifications du type et du costume apparaissent plus nettes au touriste qui ne voit d'une ville que les façades plus ou moins quelconques bâties le long des rues; mais quand on s'est familiarisé avec Cordoue, on retrouve, en dépit de l'épais manteau jeté par l'Islam et la Renaissance chrétienne sur les ruines antiques, des reliefs assez prononcés pour reconstituer la ville disparue. Les historiens aident encore à sa résurrection morale.
(p. 618) C'est Silius Italicus qui la chante dans son poème sur la Seconde Guerre Punique et la signale parmi les villes qui aidèrent Hannibal; c'est Strabon qui honore sa science, et assure que ses lois très belles et très antiques sont formulées en vers; c'est Claudius Marcellus qui, entre toutes les villes de la Péninsule, lui accorde le titre de colonie romaine et les privilèges qui y sont attachés; ce sont les deux Sénèques, c'est Lucain qui voient le jour dans ses murs. Des siècles passent, et les Wisigoths font d'elle la ville sainte où ils tiennent des conciles, la ville savante dont l'on vante les écoles, les rhéteurs et les élèves à l'extraordinaire faconde. La conquête arabe lui est profitable, et sa grandeur, sa puissance, son renom atteignent à leur apogée sous Abd el-Rhaman qui fait d'elle la capitale du Khalifat d'Occident. Sa population s'élève à un million d'hommes, ses palais, ses bains, ses écoles, ses fontaines se comptent par centaines; elle rivalise avec Bagdad et Damas; l'hyperbole ne suffit plus pour louer «l'Athènes de l'Occident, la nourrice des sciences, le berceau des capitaines, la mère du trône des sultans, le minaret de piété et de dévotion, le refuge de la tradition, le séjour de la magnificence et de l'élégance».
Forte et puissante, Cordoue était tolérante et généreuse. Quand ils la conquirent, les Maures montrèrent envers elle les mêmes vertus, partagèrent par moitié leurs temples avec les chrétiens, et, lorsqu'ils songèrent à élever l'admirable mosquée qui est aujourd'hui le grand attrait de la vieille cité, ils ne s'emparèrent pas de force du terrain sur lequel ils la voulaient élever, ils n'expulsèrent point les vaincus, mais leur achetèrent le sol et leur facilitèrent l'édification d'autres sanctuaires, comme ils avaient autorisé les Juifs à bâtir des synagogues. Et c'est peut-être parce que la vieille mosquée ne fut pas fondée sur l'iniquité, que, depuis des siècles, elle est restée debout, comme un témoignage d'un passé de justice et de piété. Il n'y eut jamais de haine contre ses murailles.
CHAPELLE DE SAN FERNANDO, DE STYLE MUDAJAR, ÉLEVÉE AU CENTRE DE LA MOSQUÉE DE CORDOUE (page 620).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
On était en 770, et sous le khalifat du brillant Abd el-Rhaman quand on la commença. Cinquante ans de domination avaient suffi aux Maures pour s'établir solidement dans un pays où ils avaient apporté avec la science, dont ils étaient les détenteurs à cette époque, l'agriculture qui enrichit les pays fertiles, et les arts qui parent et embellissent les cités. Le vieux sanctuaire qui avait succédé à un temple de Janus fut abattu, et bientôt arrivèrent, transportés d'Afrique et de toute l'Espagne romaine, les innombrables colonnes arrachées à des édifices antiques, qui devaient supporter les soffites de cèdre sculpté. De Byzance, l'empereur Léon fit également un envoi de marbre précieux, et, aussitôt, l'on se mit à l'œuvre. Le plan de la mosquée était simple, comme l'est tout ce qui est grand et beau. Au delà d'une vaste cour, plantée d'orangers et entourée de portiques, s'ouvraient dix-neuf galeries hypostyles orientées vers la Mecque, ce pôle religieux du monde musulman. Celle du centre, plus ornée conduisait au Mihrab. Ces galeries étaient coupées en équerre par vingt autres galeries dont les colonnes égalisées, et durement amputées dans ce but, formaient comme les arbres d'un jardin planté en quinconce. La construction primitive fut élevée avec une fiévreuse rapidité. C'était à qui aiderait à l'édification du temple, par ses dons ou même par son effort personnel. Abd el-Rhaman avait prêché d'exemple, en s'assujettissant à travailler une heure par jour à l'œuvre laborieuse. Peu d'années plus tard, Cordoue possédait une des plus belles, une des plus vastes, une des plus nobles mosquées (p. 620) de l'Islam. Son mirhab ne fut sans doute pas achevé tout de suite, car les admirables mosaïques dont il est orné ne purent être exécutées rapidement; mais les musulmans purent se flatter d'avoir doté le monde d'une nouvelle merveille. Alors ils l'ornèrent d'objets précieux, de lampes où brûlaient des huiles parfumées, de portes de bronze, de marbres et d'agates; ils la parèrent, ils l'embellirent sans jamais se lasser. Elle était unique quand Ferdinand III s'empara de Cordoue en 1239. Ce fut le signal de la décadence de la vieille cité. Dépouillée de son titre de capitale, devenue vassale de souveraine qu'elle était, elle ne fit plus que dépérir, décroître en population, en richesse, en crédit.
LA MOSQUÉE QUI FAIT LA GLOIRE DE CORDOUE, AVEC SES DIX-NEUF GALERIES HYPOSTYLES, ORIENTÉES VERS LA MECQUE (page 618).—PHOTOGRAPHIE LACOSTE, À MADRID.
Pourtant la belle mosquée d'Abd el-Rhaman fut respectée. On se contenta d'élever au centre une chapelle de style mudejar dédiée à saint Ferdinand, le patron du conquérant, tandis que le magnifique mihrab que recouvrait une immense dalle de marbre blanc taillée en forme de coquille, et dont les mosaïques d'or rivalisent avec celles de Saint-Marc de Venise, était caché derrière une construction bâtarde qui empêcha les fidèles de le voir et le préserva peut-être d'une destruction sauvage. Près de trois siècles s'étaient écoulés ainsi quand, en l'année 1523, l'évêque Alonzo Manrique fut pris d'une belle ambition: celle de construire une grande, haute et robuste cathédrale à la mode du jour. S'il eût choisi un emplacement vide, Cordoue bénirait sans doute sa mémoire, au lieu de la détester. Mais c'était au beau milieu de la mosquée, près de la chapelle de San Fernando, qu'il prétendait élever l'église qui porterait son nom à la postérité, et le chœur qui lui vaudrait les bénédictions des chanoines craintifs des courants d'air. Ce beau projet n'eut pourtant pas l'assentiment général. L'Ayuntamiento s'indigna, et déclara qu'il punirait de mort quiconque oserait toucher à l'édifice. L'évêque en appela sans hésiter à Charles Quint, et finit par lui arracher une autorisation contre laquelle personne n'osa plus protester. On enleva les toitures de cèdre peint et sculpté, on emporta les colonnes qui les soutenaient, et la lourde, la malencontreuse construction qui coupe aujourd'hui les perspectives, qui au dehors écrase à ses pieds les galeries de la mosquée, s'éleva triomphante, à la grande satisfaction du prélat, et à la colère des Cordouans.
DÉTAIL DE LA CHAPELLE DE SAN FERNANDO.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Trois ans après, Charles Quint, de retour de Flandre, visita le nouvel édifice. Quand il vit la grandeur du crime commis contre l'art et le goût, il ne put réprimer son vif mécontentement.
«Pourquoi ai-je ignoré la beauté de cet édifice! s'écria-t-il. Je n'aurais jamais permis qu'on le touchât!»
Et s'adressant aux chanoines consternés:
«Vous avez élevé un monument que vous pouviez construire autre part, et vous avez détruit ce qui était unique au monde!»
Aujourd'hui Cordoue est plus que jamais éprise de la belle mosquée, qui, seule, attire chez elle les étrangers. Les masques qui couvraient le mirhab ont été enlevés, les toitures de cèdre qui se cachaient derrière un berceau de plâtre ont revu le jour, les crépis extérieurs ont été grattés et les murailles anciennes remises à jour; les charpentes démolies qui n'ont point été utilisées à faire des guitares, servent à la réparation des parties dégradées; bref, une restauration très lente, comme tout ce qui se fait en Espagne, mais conduite avec méthode et discrétion, effacera les traces de l'attentat partout où il est possible de le faire. La grande verrue de l'évêque Manrique disparaîtra-t-elle un jour? Je ne le pense pas. La vieille mosquée est admirée, mais elle n'excite point la piété; les petits (p. 621) autels des chapelles ménagées le long des murs sont pauvres et à peine entretenus. On s'amuse, on cause dans la demeure d'Allah, tandis qu'on se signe et que l'on se tait en entrant dans l'église. Et pourtant, pas plus dans l'une que dans l'autre, le pied ne foule ces dalles armoriées, sous lesquelles les grands personnages aimaient à dormir le sommeil éternel. On y retrouve seulement les souvenirs funèbres de quelques évêques, des chanoines et de cette merveilleuse Doña Maria de Guzman de Parèdes qui conquit si brillamment ses grades à l'Université d'Alcala, sous le règne de Philippe III. Le poète Gongora, dont le style ampoulé a fait école au XVIIe siècle, et n'a d'analogie que le style chiriguresque en architecture, repose aussi dans une chapelle en harmonie avec son talent. Enfin le chœur abrite les restes de Pedro Cornyo, un sculpteur du XVIIIe siècle, qui remplit l'Espagne de sa renommée, bien qu'il fût, lui aussi, un artiste de la décadence.
VUE EXTÉRIEURE DE LA MOSQUÉE DE CORDOUE (page 620).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Du minaret, sans doute analogue à la Giralda de Séville et que surmontaient trois globes d'or et d'argent, il ne reste que l'étage inférieur. Contre l'habitude, la main de l'homme n'est pas coupable de sa destruction; il fut renversé au XVIe siècle par un tremblement de terre. Herman Ruiz, l'architecte du chœur, en commença la reconstruction vers 1593, et Gaspar de la Pena la termina en 1653. De l'étage supérieur, la vue s'étend magnifique jusqu'aux contreforts de la sierra Morena.
Enfin, au XVIe siècle remonte encore la belle porte de bronze décorée d'hexagones réguliers, et le magnifique heurtoir en fer à cheval, orné d'une inscription en caractères arabes: «Béni soit le nom de Dieu». Elle est un des plus précieux spécimens de cet art mudejar qui persista si longtemps en Espagne, et dont j'ai donné les origines et la définition dans mon étude sur Saragosse.
L'on ne s'attardera guère devant le monument du Triomphe, tout voisin de la mosquée, où le mauvais goût le dispute à la mauvaise exécution.
Un peu plus bas débouche le grand pont qui réunit les rives du Guadalquivir, et que ferme la forteresse de Calahora. La construction en est attribuée à Octave Auguste. En vérité, il fut reconstruit par les Maures en 815. Il mérite d'ailleurs, sa réputation. Quand les eaux sont hautes, quand les flots torrentueux remplacent dans le lit du fleuve le linge à sécher qui forme sa parure estivale, ses piles massives paraissent à peine assez puissantes pour résister à la violence des courants.
(p. 622) Cordoue est connue dans l'univers par l'admirable mosquée qui fait sa gloire; elle doit aussi une part de sa célébrité au souvenir de son fils de prédilection, Gonzalve dit de Cordoue, bien que le héros ait vu le jour à Montilla, un bourg tout voisin de la cité. À peine a-t-on quitté la gare, qu'on s'engage dans une largo voie nouvelle qui porte le nom du Grand Capitan. Sa personnalité emplit la ville, et il semble que sa mort soit d'hier, tant sa mémoire est encore vivante. Narrer ses exploits, ses conquêtes, la noblesse de son caractère, sa remarquable intelligence, son faste sans égal, serait faire l'histoire de l'Espagne pendant un quart de siècle, à l'époque la plus glorieuse. L'ingratitude ne devait pas plus l'épargner que Christophe Colomb. Comme celui-ci fut persécuté pour avoir donné le Nouveau Monde à l'Espagne, Gonzalve fut humilié pour lui avoir conquis l'Italie. Isabelle n'était plus là pour réparer les fautes de son égoïste époux. Ferdinand en vint à réclamer l'état des dépenses durant les dures campagnes où Gonzalve avait payé de son patrimoine ses conquêtes et le train de roi qu'il avait mené. La réponse fut fière, et telle qu'on la devait attendre d'un Espagnol.
«Le roi me demande mes comptes; je présenterai les siens et les miens, et l'on verra qui, de lui ou de moi, est le débiteur.»
Et quelques mois plus tard, il envoyait la belle page où se résume toute une vie de dévouement, de sacrifice et d'honneur.
«Les comptes de Gonzalve de Cordoue.—200 736 ducats et neuf réaux payés aux moines, aux religieuses et aux pauvres qui ont prié Dieu d'accorder la victoire aux armées espagnoles.
STATUE DE GONZALVE DE CORDOUE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
«Cent millions en piques, en boulets et en piques de tranchée; cent mille ducats en poudre et en boulets de canon; dix mille ducats en gants parfumés, pour préserver les troupes de la mauvaise odeur que répandaient les cadavres ennemis étendus sur les champs de bataille. Cent soixante mille ducats pour réparer et renouveler les cloches usées à force de sonner tous les jours à coups redoublés, en l'honneur des nouvelles victoires obtenues sur nos ennemis. Cinquante mille ducats en eau-de-vie pour les troupes, un jour de combat. Un million et demi pour garder les prisonniers et les blessés.
«Un million pour messes d'actions de grâce et Te Deum en l'honneur du Tout-Puissant. 700 494 en espions, etc....
«Et cent millions pour la patience avec laquelle j'ai écouté hier le roi, quand il demandait des comptes à celui qui lui a fait présent d'un royaume.»
Ferdinand lut sans émotion «Las cuentas del Gran Capitan», mais, jaloux de tous ceux que la reine avait élevés auprès de lui, il laissa mourir le héros de découragement et de tristesse.
Ce ne fut qu'au jour de la mort, ce terrible jour des louanges, qu'il rendit justice à celui dont la grandeur ne pouvait plus lui porter ombrage, et ordonna de lui faire un service funèbre dans la chapelle royale de Grenade.
Près d'un siècle auparavant, la ville, «fleur de la science et de la chevalerie», avait enfanté un grand poète, Juan de Mena, l'un des brillants satellites qui gravitèrent à la cour de Juan II, roi de Castille, et père de la grande Isabelle. Quoique né dans une condition assez humble, Mena s'était épris des lettres avec passion, avait suivi les cours de Salamanque, était parti pour Rome où l'étude des maîtres immortels qui venaient de révéler au monde la puissance des langues modernes avait développé son goût et donné une direction à son génie. À son retour, son mérite littéraire lui valut l'admiration générale et le patronage bientôt amical du marquis de Santillane. Admis dans le cercle privé du monarque qui, si l'on en croit les bavardages de son médecin, avait aussi souvent à son chevet les vers de Mena que son livre de prières, le poète paya sa dette de gratitude en offrant à son royal admirateur les rymes mielleuses pour lesquelles il montrait un goût passionné. Il lui resta fidèle parmi toutes les fluctuations des guerres civiles et ne lui survécut que de deux ans (1456).
STATUE DE DOÑA MARIA MANRIQUE, FEMME DE GONZALVE DE CORDOUE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
(p. 623) De Juan de Mena date une ère nouvelle pour la poésie castillane. Son grand ouvrage, «Le Labyrinthe», peut dans une certaine mesure se comparer à cette partie de la Divine Comédie où l'aède florentin se place lui-même sous la protection de Béatrice. Accompagné d'une femme jeune et belle personnifiant la Providence, le poète assiste à l'apparition des grandes figures de la Fable et de l'Histoire, et se complaît à dessiner leurs traits. Parfois le style s'alourdit et devient pédant, parfois aussi les touches du pinceau ont une simplicité et une vigueur vraiment dantesque. Avant Juan de Mena, jamais la muse castillane n'avait pris un essor aussi hardi; et malgré les défauts du plan général, malgré une phraséologie d'un goût médiocre, malgré la mesure dans laquelle il est composé, «le Labyrinthe» abonde en conceptions et en épisodes où l'énergie mêlée à la beauté révèle un génie de premier ordre. Dans quelques morceaux d'une importance moindre le style est d'une souplesse gracieuse qui manque peut-être aux œuvres de grande envergure.
Encore naquit à Cordoue ce digne père Sanchez qui parla si savamment sur le mariage, qu'il fit dire à l'un de ses contemporains: «Del matrimonio sabe mas que el Demonio».
La splendeur de sa mosquée, la gloire de ses écoles, les exploits et les œuvres de ses fils illustres avaient fait connaître Cordoue de toute l'Europe intellectuelle; une de ses industries porta également son nom dans l'univers. Je veux parler des cuirs estampés et peints très en usage au XVIe et au XVIIe siècle. Les procédés de fabrication sont-ils indigènes ou furent-ils apportés en Espagne par les musulmans? On a beaucoup discuté sur cette question sans l'élucider. Le nom de guadamacil donné très anciennement aux cuirs dorés connus plus tard sous le nom de brocados y cueros est de forme arabe. Ne dériverait-il pas du nom de Ghadamès, cette ville d'Afrique dont les cuirs, comme ceux de Tunis et du Maroc, étaient célèbres au Xe siècle sous le nom de maroquins du Levant? Ce qu'il y a de certain, c'est que les Espagnols, soit à cause de la nature des peaux, soit à cause du climat de leur pays, excellèrent de bonne heure dans le travail des cuirs. Un vieil auteur, Ambroise de Moralès, s'exprime ainsi à ce sujet:
«Le commerce des cuirs est important, beaucoup s'y sont enrichis, et le talent est plus grand à Cordoue que dans toutes les autres villes de l'Espagne pour bien dresser ces cuirs, qu'ils soient de chèvre ou de mouton, et qu'ils viennent de telle ou telle province.»
Des ordonnances sévères rendues sous le règne des Rois Catholiques, ces grands organisateurs de l'État, assurèrent d'ailleurs à l'industrie des cuirs un avenir fondé sur le mérite et la probité. Un apprenti ne pouvait tenir boutique avant d'avoir accompli un stage de trois ans, la surveillance de la corporation était confiée à des maîtres assermentés, aucun ouvrier n'y était admis sans avoir fait ses preuves, enfin il était interdit sous peine d'amende d'employer les peaux d'animaux morts de maladie. Grâce à ces sages mesures, la quantité des cordouans que l'on exportait jusqu'en Amérique devint telle qu'en 1552 les Espagnols se plaignirent de leur enchérissement et demandèrent que leur sortie fût prohibée comme l'était celle des draps et des soies. C'était une singulière manière de faire prospérer l'industrie. On fit droit cependant à leur réclamation, et les cuirs de Cordoue ne traversèrent plus l'Océan que sous la forme de cartes à jouer destinées aux conquérants de la Floride.
Les rues où l'on fabriquait les cuirs ne fleuraient ni la rose ni même l'oranger; en revanche, elles offraient de jolies perspectives, car les cuirs peints et dorés séchaient d'habitude sur le pas des portes, et jetaient devant chaque maison de merveilleux faisceaux de couleurs et des diaprures infiniment riches et variées.
Séville, Ciudad Rodrigo, Valladolid disputèrent bientôt à Cordoue la suprématie dans l'art de travailler les cuirs, et Ciudad Rodrigo s'appliqua tout spécialement à la fabrication des gants parfumés à l'ambre, ces «guantes de ambar», fendus sur le haut de la main, qui eurent tant de succès au XVIIe siècle dans toutes les cours d'Europe. Le roi d'Espagne en approvisionnait les princes étrangers, et, à l'occasion du mariage de (p. 624) Louis XIV, Philippe IV qui connaissait les goûts de la reine-mère n'oublia pas de lui envoyer des gants dignes de ses mains souveraines:
«Ordonnons envoyer à la reine-mère trois malles d'une varra de large, avec coins, serrures, gonds et verrous formés par un joug d'or; deux émaillées de vert et l'autre de blanc avec des ornements de filigrane, pleines de cordobans et de gants d'ambre. Une autre malle au duc d'Anjou, frère du roi.»
Les marchés que les Espagnols s'étaient fermés à plaisir s'ouvrirent à leurs concurrents. Les Vénitiens en particulier se distinguèrent dans l'industrie des cuirs peints et dorés; mais ils ne furent pas les seuls et, dans l'Europe entière, on les copia ou on les imita. En France, ils furent connus dès le XVIe siècle sous le nom de cuir d'or basané, de cuir d'or, ou encore de cuir argenté et figuré. On lit dans un document daté de 1530 l'ordonnance suivante:
«Il y avait dans la ville de Paris grande abondance de cordoban d'Espagne, qui est le meilleur de tous les cuirs, et ordonnons que ne se vendent cordobans de Flandre parce que ceux-ci sont pour la plupart arrangés au tanin.»
D'ailleurs, on ne tarda pas à créer à Paris, près de la porte Saint-Antoine, des ateliers où l'on fabriqua des cuirs repoussés, peints et dorés, traités avec ce bon goût qui caractérisa toujours les œuvres des ouvriers français. Des peintres de talent ne se contentèrent pas de concourir à leur beauté en les enluminant de motifs ornementaux tels que des chevaux marins, des amours, des fleurs et des fruits, ils tracèrent et peignirent de véritables tableaux devenus aujourd'hui fort rares, et partant fort précieux. On suivit les mêmes procédés qu'en Espagne et, en dépit de la différence du climat, on s'astreignit à travailler et à sécher les cuirs à l'air libre, afin de leur donner une souplesse nécessaire à leur conservation. Depuis longtemps déjà Cordoue a vu mourir l'industrie qui lui avait assuré quelques siècles de prospérité; du moins ses palais conservaient leurs revêtements dorés où se jouaient en dessins charmants les arabesques, les fleurs et les oiseaux. Durant le siège de 1808-1809, la majeure partie des demeures seigneuriales furent incendiées, et les plus beaux cordobans périrent; puis la noblesse vit tarir peu à peu les sources de sa fortune, et elle offrit aux brocanteurs les derniers vestiges de son ancienne opulence et de sa splendeur évanouie. Maintenant, ces impassibles témoins de la vie sévère des héros espagnols, prisés au poids de l'or, courent les ventes publiques, de capitale en capitale, et finissent dans un vagabondage dégradant.
Jane Dieulafoy.
DÉTAIL D'UNE PORTE DE LA MOSQUÉE DE CORDOUE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
L'ÉTÉ AU KACHMIR
Par Mme F. MICHEL
En «rickshaw» sur la route du mont Abou. (D'après une photographie.) 1
L'éléphant du touriste à Djaïpour. 1
Petit sanctuaire latéral dans l'un des temples djaïns du mont Abou. (D'après une photographie.) 2
Pont de cordes sur le Djhilam, près de Garhi. (Dessin de Massias, d'après une photographie.) 3
Les «Karévas» ou plateaux alluviaux formés par les érosions du Djhilam. (D'après une photographie.) 4
«Ekkas» et «Tongas» sur la route du Kachmir: vue prise au relais de Rampour. (D'après une photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 5
Le vieux fort Sikh et les gorges du Djhilam à Ouri. (D'après une photographie.) 6
Shèr-Garhi ou la «Maison du Lion», palais du Maharadja à Srinagar. (Photographie Bourne et Sheperd, à Calcutta.) 7
L'entrée du Tchinar-Bagh, ou Bois des Platanes, au-dessus de Srinagar; au premier plan une «dounga», au fond le sommet du Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 7
Ruines du temple de Brankoutri. (D'après une photographie.) 8
Types de Pandis ou Brahmanes Kachmirs. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 9
Le quai de la Résidence; au fond, le sommet du Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 10
La porte du Kachmir et la sortie du Djhilam à Baramoula. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 11
Nos tentes à Lahore. (D'après une photographie.) 12
«Dounga» ou bateau de passagers au Kachmir. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 13
Vichnou porté par Garouda, idole vénérée près du temple de Vidja-Broer (hauteur 1m 40.) 13
Enfants de bateliers jouant à cache-cache dans le creux d'un vieux platane. (D'après une photographie.) 14
Batelières du Kachmir décortiquant du riz, près d'une rangée de peupliers. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 15
Campement près de Palhallan: tentes et doungas. (D'après une photographie.) 16
Troisième pont de Srinagar et mosquée de Shah Hamadan; au fond, le fort de Hari-Paryat. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 17
Le temple inondé de Pandrethan. (D'après une photographie.) 18
Femme musulmane du Kachmir. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 19
Pandit Narayan assis sur le seuil du temple de Narasthan. (D'après une photographie.) 20
Pont et bourg de Vidjabroer. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 21
Ziarat de Cheik Nasr-oud-Din, à Vidjabroer. (D'après une photographie.) 22
Le temple de Panyech: à gauche, un brahmane; à droite, un musulman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 23
Temple hindou moderne à Vidjabroer. (D'après une photographie.) 24
Brahmanes en visite au Naga ou source sacrée de Valtongou. (D'après une photographie.) 25
Gargouille ancienne, de style hindou, dans le mur d'une mosquée, à Houtamourou, près de Bhavan. 25
Temple ruiné, à Khotair. (D'après une photographie.) 26
Naga ou source sacrée de Kothair. (D'après une photographie.) 27
Ver-Nag: le bungalow au-dessus de la source. (D'après une photographie.) 28
Temple rustique de Voutanar. (D'après une photographie.) 29
Autel du temple de Voutanar et accessoires du culte. (D'après une photographie.) 30
Noce musulmane, à Rozlou: les musiciens et le fiancé. (D'après une photographie.) 31
Sacrifice bhramanique, à Bhavan. (D'après une photographie.) 31
Intérieur de temple de Martand: le repos des coolies employés au déblaiement. (D'après une photographie.) 32
Ruines de Martand: façade postérieure et vue latérale du temple. (D'après des photographies.) 33
Place du campement sous les platanes, à Bhavan. (D'après une photographie.) 34
La Ziarat de Zaïn-oud-Din, à Eichmakam. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 35
Naga ou source sacrée de Brar, entre Bhavan et Eichmakar. (D'après une photographie.) 36
Maisons de bois, à Palgam. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 37
Palanquin et porteurs. 37
Ganech-Bal sur le Lidar: le village hindou et la roche miraculeuse. (D'après une photographie.) 38
Le massif du Kolahoi et la bifurcation de la vallée du Lidar au-dessus de Palgam, vue prise de Ganeth-Bal. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 39
Vallée d'Amarnath: vue prise de la grotte. (D'après une photographie.) 40
Pondjtarni et le camp des pèlerins: au fond, la passe du Mahagounas. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 41
Cascade sortant de dessous un pont de neige entre Tannin et Zodji-Pal. (D'après une photographie.) 42
Le Koh-i-Nour et les glaciers au-dessus du lac Çecra-Nag. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 43
Grotte d'Amarnath. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 43
Astan-Marg: la prairie et les bouleaux. (D'après une photographie.) 44
Campement de Goudjars à Astan-Marg. (D'après une photographie.) 45
Le bain des pèlerins à Amarnath. (D'après une photographie.) 46
Pèlerins d'Amarnath: le Sadhou de Patiala; par derrière, des brahmanes, et à droite, des musulmans du Kachmir. (D'après une photographie.) 47
Mosquée de village au Kachmir. (D'après une photographie.) 48
Brodeurs Kachmiris sur toile. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 49
Mendiant musulman. (D'après une photographie.) 49
Le Brahma Sar et le camp des pèlerins au pied de l'Haramouk. (D'après une photographie.) 50
Lac Gangabal au pied du massif de l'Haramouk. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 51
(p. ii) Le Noun-Kol, au pied de l'Haramouk, et le bain des pèlerins. (D'après une photographie.) 52
Femmes musulmanes du Kachmir avec leurs «houkas» (pipes) et leur «hangri» (chaufferette). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 53
Temples ruinés à Vangath. (D'après une photographie.) 54
«Mêla» ou foire religieuse à Hazarat-Bal. (En haut, photographie par l'auteur; en bas, photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 55
La villa de Cheik Safai-Bagh, au sud du lac de Srinagar. (D'après une photographie.) 56
Nishat-Bagh et le bord oriental du lac de Srinagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 57
Le canal de Mar à Sridagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 58
La mosquée de Shah Hamadan à Srinagar (rive droite). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 59
Spécimens de l'art du Kachmir. (D'après une photographie.) 60
SOUVENIRS DE LA CÔTE D'IVOIRE
Par le docteur LAMY
Médecin-major des troupes coloniales.
La barre de Grand-Bassam nécessite un grand déploiement de force pour la mise à l'eau d'une pirogue. (D'après une photographie.) 61
Le féminisme à Adokoï: un médecin concurrent de l'auteur. (D'après une photographie.) 61
«Travail et Maternité» ou «Comment vivent les femmes de Petit-Alépé». (D'après une photographie.) 62
À Motéso: soins maternels. (D'après une photographie.) 63
Installation de notre campement dans une clairière débroussaillée. (D'après une photographie.) 64
Environs de Grand-Alépé: des hangars dans une palmeraie, et une douzaine de grands mortiers destinés à la préparation de l'huile de palme. (D'après une photographie.) 65
Dans le sentier étroit, montant, il faut marcher en file indienne. (D'après une photographie.) 66
Nous utilisons le fût renversé d'un arbre pour traverser la Mé. (D'après une photographie.) 67
La popote dans un admirable champ de bananiers. (D'après une photographie.) 68
Indigènes coupant un acajou. (D'après une photographie.) 69
La côte d'Ivoire. — Le pays Attié. 70
Ce fut un sauve-qui-peut général quand je braquai sur les indigènes mon appareil photographique. (Dessin de J. Lavée, d'après une photographie.) 71
La rue principale de Grand-Alépé. (D'après une photographie.) 72
Les Trois Graces de Mopé (pays Attié). (D'après une photographie.) 73
Femme du pays Attié portant son enfant en groupe. (D'après une photographie.) 73
Une clairière près de Mopé. (D'après une photographie.) 74
La garnison de Mopé se porte à notre rencontre. (D'après une photographie.) 75
Femme de Mopé fabriquant son savon à base d'huile de palme et de cendres de peaux de bananes. (D'après une photographie.) 76
Danse exécutée aux funérailles du prince héritier de Mopé. (D'après une photographie.) 77
Toilette et embaumement du défunt. (D'après une photographie.) 78
Jeune femme et jeune fille de Mopé. (D'après une photographie.) 79
Route, dans la forêt tropicale, de Malamalasso à Daboissué. (D'après une photographie.) 80
Benié Coamé, roi de Bettié et autres lieux, entouré de ses femmes et de ses hauts dignitaires. (D'après une photographie.) 81
Chute du Mala-Mala, affluent du Comoé, à Malamalasso. (D'après une photographie.) 82
La vallée du Comoé à Malamalasso. (D'après une photographie.) 83
Tam-tam de guerre à Mopé. (D'après une photographie.) 84
Piroguiers de la côte d'Ivoire pagayant. (D'après une photographie.) 85
Allou, le boy du docteur Lamy. (D'après une photographie.) 85
La forêt tropicale à la côte d'Ivoire. (D'après une photographie.) 86
Le débitage des arbres. (D'après une photographie.) 87
Les lianes sur la rive du Comoé. (D'après une photographie.) 88
Les occupations les plus fréquentes au village: discussions et farniente Attié. (D'après une photographie.) 89
Un incendie à Grand-Bassam. (D'après une photographie.) 90
La danse indigène est caractérisée par des poses et des gestes qui rappellent une pantomime. (D'après une photographie.) 91
Une inondation à Grand-Bassam. (D'après une photographie.) 92
Un campement sanitaire à Abidjean. (D'après une photographie.) 93
Une rue de Jackville, sur le golfe de Guinée. (D'après une photographie.) 94
Grand-Bassam: cases détruites après une épidémie de fièvre jaune. (D'après une photographie.) 95
Grand-Bassam: le boulevard Treich-Laplène. (D'après une photographie.) 96
L'ÎLE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER
L'île d'Elbe se découpe sur l'horizon, abrupte, montagneuse et violâtre. 97
Une jeune fille elboise, au regard énergique, à la peau d'une blancheur de lait et aux beaux cheveux noirs. 97
Les rues de Porto-Ferraio sont toutes un escalier (page 100). 98
Porto-Ferraio: à l'entrée du port, une vieille tour génoise, trapue, bizarre de forme, se mire dans les flots. 99
Porto-Ferraio: la porte de terre, par laquelle sortait Napoléon pour se rendre à sa maison de campagne de San Martino. 100
Porto-Ferraio: la porte de mer, où aborda Napoléon. 101
La «teste» de Napoléon (page 100). 102
Porto-Ferraio s'échelonne avec ses toits plats et ses façades scintillantes de clarté (page 99). 103
Porto-Ferraio: les remparts découpent sur le ciel d'un bleu sombre leur profil anguleux (page 99). 103
La façade extérieure du «Palais» des Mulini où habitait Napoléon à Porto-Ferraio (page 101). 104
Le jardin impérial et la terrasse de la maison des Mulini (page 102). 105
La Via Napoleone, qui monte au «Palais» des Mulini. 106
La salle du conseil à Porto-Ferraio, avec le portrait de la dernière grande-duchesse de Toscane et celui de Napoléon, d'après le tableau de Gérard. 107
La grande salle des Mulini aujourd'hui abandonnée, avec ses volets clos et les peintures décoratives qu'y fit faire l'empereur (page 101). 107
Une paysanne elboise avec son vaste chapeau qui la protège du soleil. 108
Les mille mètres du Monte Capanna et de son voisin, le Monte Giove, dévalent dans les flots de toute leur hauteur. 109
Un enfant elbois. 109
Marciana Alta et ses ruelles étroites. 110
Marciana Marina avec ses maisons rangées autour du rivage et ses embarcations tirées sur la grève. 111
Les châtaigniers dans le brouillard, sur le faite du Monte Giove. 112
... Et voici au-dessus de moi Marciana Alta surgir des nuées (page 111). 113
La «Seda di Napoleone» sur le Monte Giove où l'empereur s'asseyait pour découvrir la Corse. 114
La blanche chapelle de Monserrat au centre d'un amphithéâtre de rochers est entourée de sveltes cyprès (page 117). 115
Voici Rio Montagne dont les maisons régulières et cubiques ont l'air de dominos empilés... (page 118). 115
(p. iii) J'aperçois Poggio, un autre village perdu aussi dans les nuées. 116
Une des trois chambres de l'ermitage. 117
L'ermitage du Marciana où l'empereur reçut la visite de la comtesse Walewska, le 3 Septembre 1814. 117
Le petit port de Porto-Longone dominé par la vieille citadelle espagnole (page 117). 118
La maison de Madame Mère à Marciana Alta. — «Bastia, signor!» — La chapelle de la Madone sur le Monte Giove. 119
Le coucher du soleil sur le Monte Giove. 120
Porto-Ferraio et son golfe vus des jardins de San Martino. 121
L'arrivée de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du temps.) 121
Le drapeau de Napoléon roi de l'île d'Elbe: fond blanc, bande orangé-rouge et trois abeilles jadis dorées. 122
La salle de bains de San Martino a conservé sa baignoire de pierre. 123
La chambre de Napoléon à San Martino. 123
La cour de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du temps.) 124
Une femme du village de Marciana Alta. 125
Le plafond de San Martino et les deux colombes symboliques représentant Napoléon et Marie-Louise. 126
San Martino rappelle par son aspect une de ces maisonnettes à la Jean-Jacques Rousseau, agrestes et paisibles (page 123). 126
Rideau du théâtre de Porto-Ferraio représentant Napoléon sous la figure d'Apollon gardant ses troupeaux chez Admète. 127
La salle égyptienne de San Martino est demeurée intacte avec ses peintures murales et son bassin à sec. 127
Broderies de soie du couvre-lit et du baldaquin du lit de Napoléon aux Mulini, dont on a fait le trône épiscopal de l'évêque d'Ajaccio. 128
La signorina Squarci dans la robe de satin blanc que son aïeule portait à la cour des Mulini. 129
Éventail de Pauline Borghèse, en ivoire sculpté, envoyé en souvenir d'elle à la signora Traditi, femme du maire de Porto-Ferraio. 130
Le lit de Madame Mère, qu'elle s'était fait envoyer de Paris à l'île d'Elbe. 130
Le vieil aveugle Soldani, fils d'un soldat de Waterloo, chauffait, à un petit brasero de terre jaune, ses mains osseuses. 131
L'entrée du goulet de Porto-Ferraio par où sortit la flottille impériale, le 26 février 1815. 132
D'ALEXANDRETTE
AU COUDE DE L'EUPHRATE
Par M. VICTOR CHAPOT
membre de l'École française d'Athènes.
Dans une sorte de cirque se dressent les pans de muraille du Ksar-el-Benat (page 142). (D'après une photographie.) 133
Le canal de Séleucie est, par endroits, un tunnel (page 140). 133
Vers le coude de l'Euphrate: la pensée de relever les traces de vie antique a dicté l'itinéraire. 134
L'Antioche moderne: de l'ancienne Antioche il ne reste que l'enceinte, aux flancs du Silpios (page 137). 135
Les rues d'Antioche sont étroites et tortueuses; parfois, au milieu, se creuse en fossé. (D'après une photographie.) 136
Le tout-Antioche inonde les promenades. (D'après une photographie.) 137
Les crêtes des collines sont couronnées de chapelles ruinées (page 142). 138
Alep est une ville militaire. (D'après une photographie.) 139
La citadelle d'Alep se détache des quartiers qui l'avoisinent (page 143). (D'après une photographie.) 139
Les parois du canal de Séleucie s'élèvent jusqu'à 40 mètres. (D'après une photographie.) 140
Les tombeaux de Séleucie s'étageaient sur le Kasios. (D'après une photographie.) 141
À Alep une seule mosquée peut presque passer pour une œuvre d'art. (D'après une photographie.) 142
Tout alentour d'Alep la campagne est déserte. (D'après une photographie.) 143
Le Kasr-el-Benat, ancien couvent fortifié. 144
Balkis éveille, de loin et de haut, l'idée d'une taupinière (page 147). (D'après une photographie.) 145
Stèle Hittite. L'artiste n'a exécuté qu'un premier ravalement (page 148). 145
Église arménienne de Nisib; le plan en est masqué au dehors. (D'après une photographie.) 146
Tell-Erfat est peuplé d'Yazides; on le reconnaît à la forme des habitations. (D'après une photographie.) 147
La rive droite de l'Euphrate était couverte de stations romaines et byzantines. (D'après une photographie.) 148
Biredjik vu de la citadelle: la plaine s'allonge indéfiniment (page 148). (D'après une photographie.) 149
Sérésat: village mixte d'Yazides et de Bédouins (page 146). (D'après une photographie.) 150
Les Tcherkesses diffèrent des autres musulmans; sur leur personne, pas de haillons (page 152). (D'après une photographie.) 151
Ras-el-Aïn. Deux jours se passent, mélancoliques, en négociations (page 155). (D'après une photographie.) 152
J'ai laissé ma tente hors les murs devant Orfa. (D'après une photographie.) 153
Environs d'Orfa: les vignes, basses, courent sur le sol. (D'après une photographie.) 154
Vue générale d'Orfa. (D'après une photographie.) 155
Porte arabe à Rakka (page 152). (D'après une photographie.) 156
Passage de l'Euphrate: les chevaux apeurés sont portés dans le bac à force de bras (page 159). (D'après une photographie.) 157
Bédouin. (D'après une photographie.) 157
Citadelle d'Orfa: deux puissantes colonnes sont restées debout. (D'après une photographie.) 158
Orfa: mosquée Ibrahim-Djami; les promeneurs flânent dans la cour et devant la piscine (page 157). (D'après une photographie.) 159
Pont byzantin et arabe (page 159). (D'après une photographie.) 160
Mausolée d'Alif, orné d'une frise de têtes sculptées (page 160). (D'après une photographie.) 161
Mausolée de Théodoret, selon la légende, près de Cyrrhus. (D'après une photographie.) 162
Kara-Moughara: au sommet se voit une grotte taillée (page 165). (D'après une photographie.) 163
L'Euphrate en amont de Roum-Kaleh; sur la falaise campait un petit corps de légionnaires romains (page 160). (D'après une photographie.) 163
Trappe de Checkhlé: un grand édifice en pierres a remplacé les premières habitations (page 166). 164
Trappe de Checkhlé: la chapelle (page 166). (D'après une photographie.) 165
Père Maronite (page 168). (D'après une photographie.) 166
Acbès est situé au fond d'un grand cirque montagneux (page 166). (D'après une photographie.) 167
Trappe de Checkhlé: premières habitations des trappistes (page 166). (D'après une photographie.) 168
LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES
Par M. RAYMOND BEL
Indigènes hébridais de l'île de Spiritu-Santo. (D'après une photographie.) 169
Le petit personnel d'un colon de Malli-Colo. (D'après une photographie.) 169
Le quai de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté. (D'après une photographie.) 170
Une case de l'île de Spiritu-Santo et ses habitants. (D'après une photographie.) 171
Le port de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté, présente une rade magnifique. (D'après une photographie.) 172
(p. iv) C'est à Port-Vila ou Franceville, dans l'île Vaté, que la France a un résident. (D'après une photographie.) 173
Dieux indigènes ou Tabous. (D'après une photographie.) 174
Les indigènes hébridais de l'île Mallicolo ont un costume et une physionomie moins sauvages que ceux de l'île Pentecôte. (D'après des photographies.) 175
Pirogues de l'île Vao. (D'après une photographie.) 176
Indigènes employés au service d'un bateau. (D'après une photographie.) 177
Un sous-bois dans l'île de Spiritu-Santo. (D'après une photographie.) 178
Un banquet de Français à Port-Vila (Franceville). (D'après une photographie.) 179
La colonie française de Port-Vila (Franceville). (D'après une photographie.) 179
La rivière de Luganville. (D'après une photographie.) 180
LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
Par M. ALBERT THOMAS
Les enfants russes, aux grosses joues pales, devant l'isba (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 181
La reine des cloches «Tsar Kolokol» (page 180). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 181
Les chariots de transport que l'on rencontre en longues files dans les rues de Moscou (page 183). 182
Les paysannes en pèlerinage arrivées enfin à Moscou, la cité sainte (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 183
Une chapelle où les passants entrent adorer les icônes (page 183). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 184
La porte du Sauveur que nul ne peut franchir sans se découvrir (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 185
Une porte du Kreml (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 186
Les moines du couvent de Saint-Serge, un des couvents qui entourent la cité sainte (page 185). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 187
Deux villes dans le Kreml: celle du xve siècle, celle d'Ivan, et la ville moderne, que symbolise ici le petit palais (page 190). 188
Le mur d'enceinte du Kreml, avec ses créneaux, ses tours aux toits aigus (page 183). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 189
Tout près de l'Assomption, les deux églises-sœurs se dressent: les Saints-Archanges et l'Annonciation (page 186). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 189
À l'extrémité de la place Rouge, Saint-Basile dresse le fouillis de ses clochers (page 184). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 190
Du haut de l'Ivan Véliki, la ville immense se découvre (page 190). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 191
Un des isvotchiks qui nous mènent grand train à travers les rues de Moscou (page 182). 192
Il fait bon errer parmi la foule pittoresque des marchés moscovites, entre les petits marchands, artisans ou paysans qui apportent là leurs produits (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 193
L'isvotchik a revêtu son long manteau bleu (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 193
Itinéraire de Moscou à Tomsk. 194
À côté d'une épicerie, une des petites boutiques où l'on vend le kvass, le cidre russe (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 195
Et des Tatars offraient des étoffes étalées sur leurs bras (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 196
Patients, résignés, les cochers attendent sous le soleil de midi (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 197
Une cour du quartier ouvrier, avec l'icône protectrice (page 196). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 198
Sur le flanc de la colline de Nijni, au pied de la route qui relie la vieille ville à la nouvelle, la citadelle au marché (page 204). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 199
Le marché étincelait dans son fouillis (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 200
Déjà la grande industrie pénètre: on rencontre à Moscou des ouvriers modernes (page 195). (D'après une photographie.) 201
Sur l'Oka, un large pont de bois barrait les eaux (page 204). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 202
Dans le quartier ouvrier, les familles s'entassent, à tous les étages, autour de grandes cours (page 196). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 203
Le char funèbre était blanc et doré (page 194). (D'après une photographie.) 204
À Nijni, toutes les races se rencontrent, Grands-Russiens, Tatars, Tcherkesses (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 205
Une femme tatare de Kazan dans l'enveloppement de son grand châle (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 205
Nous avons traversé le grand pont qui mène à la foire (page 205). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 206
Au dehors, la vie de chaque jour s'étalait, pêle-mêle, à l'orientale (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 207
Les galeries couvertes, devant les boutiques de Nijni (page 206). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 208
Dans les rues, les petits marchands étaient innombrables (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 209
Dans une rue, c'étaient des coffres de toutes dimensions, peints de couleurs vives (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 210
Près de l'asile, nous sommes allés au marché aux cloches (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 211
Plus loin, sous un abri, des balances gigantesques étaient pendues (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 211
Dans une autre rue, les charrons avaient accumulé leurs roues (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 212
Paysannes russes, de celles qu'on rencontre aux petits marchés des débarcadères ou des stations (page 215). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 213
Le Kreml de Kazan. C'est là que sont les églises et les administrations (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 214
Sur la berge, des tarantass étaient rangées (page 216). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 215
Partout sur la Volga d'immenses paquebots et des remorqueurs (page 213). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 216
À presque toutes les gares il se forme spontanément un petit marché (page 222). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 217
Dans la plaine (page 221). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 217
Un petit fumoir, vitré de tous côtés, termine le train (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 218
Les émigrants étaient là, pêle-mêle, parmi leurs misérables bagages (page 226). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 219
Les petits garçons du wagon-restaurant s'approvisionnent (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 220
Émigrants prenant leur maigre repas pendant l'arrêt de leur train (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 221
L'ameublement du wagon-restaurant était simple, avec un bel air d'aisance (page 218). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 222
Les gendarmes qui assurent la police des gares du Transsibérien. (Photographie de M. Thiébeaux.) 223
L'église, près de la gare de Tchéliabinsk, ne diffère des isbas neuves que par son clocheton (page 225). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 224
Un train de constructeurs était remisé là, avec son wagon-chapelle (page 225). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 225
Vue De Stretensk: la gare est sur la rive gauche, la ville sur la rive droite. (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 226
(p. v) Un point d'émigration (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 227
Enfants d'émigrants (page 228). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 228
Un petit marché dans une gare du Transsibérien. (Photographie de M. Legras.) 229
La cloche luisait, immobile, sous un petit toit isolé (page 230). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 229
Nous sommes passés près d'une église à clochetons verts (page 230). (Photographie de M. Thiébeaux.) 230
Tomsk a groupé dans la vallée ses maisons grises et ses toits verts (page 230). (Photographie de M. Brocherel.) 231
Après la débâcle de la Tome, près de Tomsk (page 230). (D'après une photographie de M. Legras.) 232
Le chef de police demande quelques explications sur les passeports (page 232). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 233
La cathédrale de la Trinité à Tomsk (page 238). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 234
Tomsk: en revenant de l'église (page 234). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 235
Tomsk n'était encore qu'un campement, sur la route de l'émigration (page 231). (D'après une photographie.) 236
Une rue de Tomsk, définie seulement par les maisons qui la bordent (page 231). (Photographie de M. Brocherel.) 237
Les cliniques de l'Université de Tomsk (page 238). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 238
Les longs bâtiments blancs où s'abrite l'Université (page 237). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 239
La voiture de l'icône stationnait parfois (page 230). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 240
Flâneurs à la gare de Petropavlosk (page 242). (D'après une photographie de M. Legras.) 241
Dans les vallées de l'Oural, habitent encore des Bachkirs (page 245). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 241
Un taillis de bouleaux entourait une petite mare. (D'après une photographie.) 242
Les rivières roulaient une eau claire (page 244). (D'après une photographie.) 243
La ligne suit la vallée des rivières (page 243). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 244
Comme toute l'activité commerciale semble frêle en face des eaux puissantes de la Volga! (page 248.) (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 245
Bachkirs sculpteurs. (D'après une photographie de M. Paul Labbé.) 246
À la gare de Tchéliabinsk, toujours des émigrants (page 242). (D'après une photographie de M. J. Legras.) 247
Une bonne d'enfants, avec son costume traditionnel (page 251). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 248
Joie naïve de vivre, et mélancolie. — un petit marché du sud (page 250). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 249
Un russe dans son vêtement d'hiver (page 249). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 250
Dans tous les villages russes, une activité humble, pauvre de moyens. — Marchands de poteries (page 248). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 251
Là, au passage, un Kirghize sur son petit cheval (page 242). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 252
LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
Par M. GERSPACH
Lugano: les quais offrent aux touristes une merveilleuse promenade. (Photographie Alinari.) 253
Porte de la cathédrale Saint-Laurent de Lugano (page 256). (Photographie Alinari.) 253
Le lac de Lugano dont les deux bras enserrent le promontoire de San Salvatore. (D'après une photographie.) 254
La ville de Lugano descend en amphithéâtre jusqu'aux rives de son lac. (Photographie Alinari.) 255
Lugano: faubourg de Castagnola. (D'après une photographie.) 256
La cathédrale de Saint-Laurent: sa façade est décorée de figures de prophètes et de médaillons d'apôtres (page 256). (Photographie Alinari.) 257
Saint-Roch: détail de la fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges (Photographie Alinari.) 258
La passion: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari) 259
Saint Sébastien: détail de la grande fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges. (Photographie Alinari.) 260
La madone, l'enfant Jésus et Saint Jean, par Luini, église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari.) 261
La Scène: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). 262
Lugano: le quai et le faubourg Paradiso. (Photographie Alinari.) 263
lac de Lugano: viaduc du chemin de fer du Saint-Gothard. (D'après une photographie.) 264
SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE
Par M. ÉMILE DESCHAMPS
Les quais sont animés par la population grouillante des Chinois (page 266). (D'après une photographie.) 265
Acteurs du théâtre chinois. (D'après une photographie.) 265
Plan de Shanghaï. 266
Shanghaï est sillonnée de canaux qui, à marée basse, montrent une boue noire et mal odorante. (Photographie de Mlle Hélène de Harven.) 267
Panorama de Shanghaï. (D'après une photographie.) 268
Dans la ville chinoise, les «camelots» sont nombreux, qui débitent en plein vent des marchandises ou des légendes extraordinaires. (D'après une photographie.) 269
Le poste de l'Ouest, un des quatre postes où s'abrite la milice de la Concession française (page 272). (D'après une photographie.) 270
La population ordinaire qui grouille dans les rues de la ville chinoise de Shanghaï (page 268). 271
Les coolies conducteurs de brouettes attendent nonchalamment l'arrivée du client (page 266). (Photographies de Mlle H. de Harven.) 271
Une maison de thé dans la cité chinoise. (D'après une photographie.) 272
Les brouettes, qui transportent marchandises ou indigènes, ne peuvent circuler que dans les larges avenues des concessions (page 270). (D'après une photographie.) 273
La prison de Shanghaï se présente sous l'aspect d'une grande cage, à forts barreaux de fer. (D'après une photographie.) 274
Le parvis des temples dans la cité est toujours un lieu de réunion très fréquenté. (D'après une photographie.) 275
Les murs de la cité chinoise, du côté de la Concession française. (D'après une photographie.) 276
La navigation des sampans sur le Ouang-Pô. (D'après une photographie.) 277
Aiguille de la pagode de Long-Hoa. (D'après une photographie.) 277
Rickshaws et brouettes sillonnent les ponts du Yang King-Pang. (D'après une photographie.) 278
Dans Broadway, les boutiques alternent avec des magasins de belle apparence (page 282). 279
Les jeunes Chinois flânent au soleil dans leur Cité. (Photographies de Mlle H. de Harven.) 279
Sur les quais du Yang-King-Pang s'élèvent des bâtiments, banques ou clubs, qui n'ont rien de chinois. (D'après une photographie.) 280
Le quai de la Concession française présente, à toute heure du jour, la plus grande animation. (D'après une photographie.) 281
Hong-Hoa: pavillon qui surmonte l'entrée de la pagode. (D'après une photographie.) 282
«L'omnibus du pauvre» (wheel-barrow ou brouette) fait du deux à l'heure et coûte quelques centimes seulement. (D'après une photographie.) 283
Une station de brouettes sur le Yang-King-Pang. (D'après une photographie.) 284
Les barques s'entre-croisent et se choquent devant le quai chinois de Tou-Ka-Dou. (D'après une photographie.) 285
(p. vi) Chinoises de Shanghaï. (D'après une photographie.) 286
Village chinois aux environs de Shanghaï. (D'après une photographie.) 287
Le charnier des enfants trouvés (page 280). (D'après une photographie.) 288
L'ÉDUCATION DES NÈGRES
AUX ÉTATS-UNIS
Par M. BARGY
L'école maternelle de Hampton accueille et occupe les négrillons des deux sexes. (D'après une photographie.) 289
Institut Hampton: cours de travail manuel. (D'après une photographie.) 289
Booker T. Washington, le leader de l'éducation des nègres aux États-Unis, fondateur de l'école de Tuskegee, en costume universitaire. (D'après une photographie.) 290
Institut Hampton: le cours de maçonnerie. (D'après une photographie.) 291
Institut Hampton: le cours de laiterie. (D'après une photographie.) 292
Institut Hampton: le cours d'électricité. (D'après une photographie.) 293
Institut Hampton: le cours de menuiserie. (D'après une photographie.) 294
Le salut au drapeau exécuté par les négrillons de l'Institut Hampton. (D'après une photographie.) 295
Institut Hampton: le cours de chimie. (D'après une photographie.) 296
Le basket ball dans les jardins de l'Institut Hampton. (D'après une photographie.) 297
Institut Hampton: le cours de cosmographie. (D'après une photographie.) 298
Institut Hampton: le cours de botanique. (D'après une photographie.) 299
Institut Hampton: le cours de mécanique. (D'après une photographie.) 300
À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le Major PERCY MOLESWORTH SYKES
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.
Une foule curieuse nous attendait sur les places de Mechhed. (D'après une photographie.) 301
Un poney persan et sa charge ordinaire. (D'après une photographie.) 301
Le plateau de l'Iran. Carte pour suivre le voyage de l'auteur, d'Astrabad à Kirman. 302
Les femmes persanes s'enveloppent la tête et le corps d'amples étoffes. (D'après une photographie.) 303
Paysage du Khorassan: un sol rocailleux et ravagé, une rivière presque à sec; au fond, des constructions à l'aspect de fortins. (D'après une photographie.) 304
Le sanctuaire de Mechhed est parmi les plus riches et les plus visités de l'Asie. (D'après une photographie.) 305
La cour principale du sanctuaire de Mechhed. (D'après une photographie.) 306
Enfants nomades de la Perse orientale. (D'après une photographie.) 307
Jeunes filles kurdes des bords de la mer Caspienne. (D'après une photographie.) 308
Les préparatifs d'un campement dans le désert de Lout. (D'après une photographie.) 309
Le désert de Lout n'est surpassé, en aridité, par aucun autre de l'Asie. (D'après une photographie.) 310
Avant d'arriver à Kirman, nous avions à traverser la chaîne de Kouhpaia. (D'après une photographie.) 311
Rien n'égale la désolation du désert de Lout. (D'après une photographie.) 312
La communauté Zoroastrienne de Kirman vint, en chemin, nous souhaiter la bienvenue. (D'après une photographie.) 313
Un marchand de Kirman. (D'après une photographie.) 313
Le «dôme de Djabalia», ruine des environs de Kirman, ancien sanctuaire ou ancien tombeau. (D'après une photographie.) 314
À Kirman: le jardin qui est loué par le Consulat, se trouve à un mille au delà des remparts. (D'après une photographie.) 315
Une avenue dans la partie ouest de Kirman. (D'après une photographie.) 316
Les gardes indigènes du Consulat anglais de Kirman. (D'après une photographie.) 317
La plus ancienne mosquée de Kirman est celle dite Masdjid-i-Malik. (D'après une photographie.) 318
Membres des cheikhis, secte qui en compte 7 000 dans la province de Kirman. (D'après une photographie.) 319
La Masdjid Djami, construite en 1349, une des quatre-vingt-dix mosquées de Kirman. (D'après une photographie.) 320
Dans la partie ouest de Kirman se trouve le Bagh-i-Zirisf, terrain de plaisance occupé par des jardins. (D'après une photographie.) 321
Les environs de Kirman comptent quelques maisons de thé. (D'après une photographie.) 322
Une «tour de la mort», où les Zoroastriens exposent les cadavres. (D'après une photographie.) 323
Le fort dit Kala-i-Dukhtar ou fort de la Vierge, aux portes de Kirman. (D'après une photographie.) 324
Le «Farma Farma». (D'après une photographie.) 325
Indigènes du bourg d'Aptar, Baloutchistan. (D'après une photographie.) 325
Carte du Makran. 326
Baloutches de Pip, village de deux cents maisons groupées autour d'un fort. (D'après une photographie.) 327
Des forts abandonnés rappellent l'ancienne puissance du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 328
Chameliers brahmanes du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 329
La passe de Fanoch, faisant communiquer la vallée du même nom et la vallée de Lachar. (D'après une photographie.) 330
Musiciens ambulants du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 331
Une halte dans les montagnes du Makran. (D'après une photographie.) 332
Baloutches du district de Sarhad. (D'après une photographie.) 333
Un fortin sur les frontières du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 334
Dans les montagnes du Makran: À des collines d'argile succèdent de rugueuses chaînes calcaires. (D'après une photographie.) 335
Bureau du télégraphe sur la côte du Makran. (D'après une photographie.) 336
L'oasis de Djalsk, qui s'étend sur 10 kilomètres carrés, est remplie de palmiers-dattiers, et compte huit villages. (D'après une photographie.) 337
Femme Parsi du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 337
Carte pour suivre les délimitations de la frontière perso-baloutche. 338
Nous campâmes à Fahradj, sur la route de Kouak, dans une palmeraie. (D'après une photographie.) 339
C'est à Kouak que les commissaires anglais et persans s'étaient donné rendez-vous. (D'après une photographie.) 340
Le sanctuaire de Mahoun, notre première étape sur la route de Kouak. (D'après une photographie.) 341
Cour intérieure du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.) 342
Le khan de Kélat et sa cour. (D'après une photographie.) 343
Jardins du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.) 344
Dans la vallée de Kalagan, près de l'oasis de Djalsk. (D'après une photographie.) 345
Oasis de Djalsk: Des édifices en briques abritent les tombes d'une race de chefs disparue. (D'après une photographie.) 346
Indigènes de l'oasis de Pandjgour, à l'est de Kouak. (D'après une photographie.) 347
Camp de la commission de délimitation sur la frontière perso-baloutche. (D'après une photographie.) 348
Campement de la commission des frontières perso-baloutches. (D'après une photographie.) 349
Parsi de Yezd. (D'après une photographie.) 349
Une séance d'arpentage dans le Seistan. (D'après une photographie.) 350
(p. vii) Les commissaires persans de la délimitation des frontières perso-baloutches. (D'après une photographie.) 351
Le delta du Helmand. 352
Sculptures sassanides de Persépolis. (D'après une photographie.) 352
Un gouverneur persan et son état-major. (D'après une photographie.) 353
La passe de Buzi. (D'après une photographie.) 354
Le Gypsies du sud-est persan. 355
Sur la lagune du Helmand. (D'après une photographie.) 356
Couple baloutche. (D'après une photographie.) 357
Vue de Yezd, par où nous passâmes pour rentrer à Kirman. (D'après une photographie.) 358
La colonne de Nadir s'élève comme un phare dans le désert. (D'après une photographie.) 359
Mosquée de Yezd. (D'après une photographie.) 360
AUX RUINES D'ANGKOR
Par M. le Vicomte De MIRAMON-FARGUES
Entre le sanctuaire et la seconde enceinte qui abrite sous ses voûtes un peuple de divinités de pierre.... (D'après une photographie.) 361
Emblème décoratif (art khmer). (D'après une photographie.) 361
Porte d'entrée de la cité royale d'Angkor-Tom, dans la forêt. (D'après une photographie.) 362
Ce grand village, c'est Siem-Réap, capitale de la province. (D'après une photographie) 363
Une chaussée de pierre s'avance au milieu des étangs. (D'après une photographie.) 364
Par des escaliers invraisemblablement raides, on gravit la montagne sacrée. (D'après une photographie.) 365
Colonnades et galeries couvertes de bas-reliefs. (D'après une photographie.) 366
La plus grande des deux enceintes mesure 2 kilomètres de tour; c'est un long cloître. (D'après une photographie.) 367
Trois dômes hérissent superbement la masse formidable du temple d'Angkor-Wat. (D'après une photographie.) 367
Bas-relief du temple d'Angkor. (D'après une photographie.) 368
La forêt a envahi le second étage d'un palais khmer. (D'après une photographie.) 369
Le gouverneur réquisitionne pour nous des charrettes à bœufs. (D'après une photographie.) 370
La jonque du deuxième roi, qui a, l'an dernier, succédé à Norodom. (D'après une photographie.) 371
Le palais du roi, à Oudong-la-Superbe. (D'après une photographie.) 371
Sculptures de l'art khmer. (D'après une photographie.) 372
EN ROUMANIE
Par M. Th. HEBBELYNCK
La petite ville de Petrozeny n'est guère originale; elle a, de plus, un aspect malpropre. (D'après une photographie.) 373
Paysan des environs de Petrozeny et son fils. (D'après une photographie.) 373
Carte de Roumanie pour suivre l'itinéraire de l'auteur. 374
Vendeuses au marché de Targu-Jiul. (D'après une photographie.) 375
La nouvelle route de Valachie traverse les Carpathes et aboutit à Targu-Jiul. (D'après une photographie.) 376
C'est aux environs d'Arad que pour la première fois nous voyons des buffles domestiques. (D'après une photographie.) 377
Montagnard roumain endimanché. (Cliché Anerlich.) 378
Derrière une haie de bois blanc s'élève l'habitation modeste. (D'après une photographie.) 379
Nous croisons des paysans roumains. (D'après une photographie.) 379
Costume national de gala, roumain. (Cliché Cavallar.) 380
Dans les vicissitudes de leur triste existence, les tziganes ont conservé leur type et leurs mœurs. (Photographie Anerlich.) 381
Un rencontre près de Padavag d'immenses troupeaux de bœufs. (D'après une photographie.) 382
Les femmes de Targu-Jiul ont des traits rudes et sévères, sous le linge blanc. (D'après une photographie.) 383
En Roumanie, on ne voyage qu'en victoria. (D'après une photographie.) 384
Dans la vallée de l'Olt, les «castrinza» des femmes sont décorées de paillettes multicolores. 385
Dans le village de Slanic. (D'après une photographie.) 385
Roumaine du défilé de la Tour-Rouge. (D'après une photographie.) 386
La petite ville d'Horezu est charmante et animée. (D'après une photographie.) 387
La perle de Curtea, c'est cette superbe église blanche, scintillante sous ses coupoles dorées. (D'après une photographie.) 388
Une ferme près du monastère de Bistritza. (D'après une photographie.) 389
Entrée de l'église de Curtea. (D'après une photographie.) 390
Les religieuses du monastère d'Horezu portent le même costume que les moines. (D'après une photographie.) 391
Devant l'entrée de l'église se dresse le baptistère de Curtea. (D'après une photographie.) 392
Au marché de Campolung. (D'après une photographie.) 393
L'excursion du défilé de Dimboviciora est le complément obligé d'un séjour à Campolung. (D'après une photographie.) 394
Dans le défilé de Dimboviciora. (D'après des photographies.) 395
Dans les jardins du monastère de Curtea. 396
Sinaïa: le château royal, Castel Pelés, sur la montagne du même nom. (D'après une photographie.) 397
Un enfant des Carpathes. (D'après une photographie.) 397
Une fabrique de ciment groupe autour d'elle le village de Campina. (D'après une photographie.) 398
Vue intérieure des mines de sel de Slanic. (D'après une photographie.) 399
Entre Campina et Sinaïa la route de voiture est des plus poétiques. (D'après une photographie.) 400
Un coin de Campina. (D'après une photographie.) 401
Les villas de Sinaïa. (D'après une photographie.) 402
Vues de Bucarest: le boulevard Coltei. — L'église du Spiritou Nou. — Les constructions nouvelles du boulevard Coltei. — L'église métropolitaine. — L'Université. — Le palais Stourdza. — Un vieux couvent. — (D'après des photographies.) 403
Le monastère de Sinaïa se dresse derrière les villas et les hôtels de la ville. (D'après une photographie.) 404
Une des deux cours intérieures du monastère de Sinaïa. (D'après une photographie.) 405
Une demeure princière de Sinaïa. (D'après une photographie.) 406
Busteni (les villas, l'église), but d'excursion pour les habitants de Sinaïa. (D'après une photographie.) 407
Slanic: un wagon de sel. (D'après une photographie.) 408
CROQUIS HOLLANDAIS
Par M. Lud. GEORGES HAMÖN
Photographies de l'auteur.
À la kermesse. 409
Ces anciens, pour la plupart, ont une maigreur de bon aloi. 409
Des «boerin» bien prises en leurs justins marchent en roulant, un joug sur les épaules. 410
Par intervalles une femme sort avec des seaux; elle lave sa demeure de haut en bas. 410
Emplettes familiales. 411
Les ménagères sont là, également calmes, lentes, avec leurs grosses jupes. 411
Jeune métayère de Middelburg. 412
Middelburg: le faubourg qui prend le chemin du marché conduit à un pont. 412
Une mère, songeuse, promenait son petit garçon. 413
Une famille hollandaise au marché de Middelburg. 414
Le marché de Middelburg: considérations sur la grosseur des betteraves. 415
Des groupes d'anciens en culottes courtes, chapeaux marmites. 416
(p. viii) Un septuagénaire appuyé sur son petit-fils me sourit bonassement. 417
Roux en le décor roux, l'éclusier fumait sa pipe. 417
Le village de Zoutelande. 418
Les grandes voitures en forme de nacelle, recouvertes de bâches blanches. 419
Aussi comme on l'aime, ce home. 420
Les filles de l'hôtelier de Wemeldingen. 421
Il se campe près de son cheval. 421
Je rencontre à l'orée du village un couple minuscule. 422
La campagne hollandaise. 423
Environs de Westkapelle: deux femmes reviennent du «molen». 423
Par tous les sentiers, des marmots se juchèrent. 424
Le père Kick symbolisait les générations des Néerlandais défunts. 425
Wemeldingen: un moulin colossal domine les digues. 426
L'une entonna une chanson. 427
Les moutons broutent avec ardeur le long des canaux. 428
Famille hollandaise en voyage. 429
Ah! les moulins; leur nombre déroute l'esprit. 429
Les chariots enfoncés dans les champs marécageux sont enlevés par de forts chevaux. 430
La digue de Westkapelle. 431
Les écluses ouvertes. 432
Les petits garçons rôdent par bandes, à grand bruit de sabots sonores.... 433
Jeune mère à Marken. 433
Volendam, sur les bords du Zuiderzee, est le rendez-vous des peintres de tous les pays. 434
Avec leurs figures rondes, épanouies de contentement, les petites filles de Volendam font plaisir à voir. 435
Aux jours de lessive, les linges multicolores flottent partout. 436
Les jeunes filles de Volendam sont coiffées du casque en dentelle, à forme de «salade» renversée. 437
Deux pêcheurs accroupis au soleil, à Volendam. 438
Une lessive consciencieuse. 439
Il y a des couples d'enfants ravissants, d'un type expressif. 440
Les femmes de Volendam sont moins claquemurées en leur logis. 441
Vêtu d'un pantalon démesuré, le pêcheur de Volendam a une allure personnelle. 442
Un commencement d'idylle à Marken. 443
Les petites filles sont charmantes. 444
ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
Par M. E. AMELINEAU
Le lac sacré d'Osiris, situé au sud-est de son temple, qui a été détruit. (D'après une photographie.) 445
Séti Ier présentant des offrandes de pain, légumes, etc. (D'après une photographie.) 445
Une rue d'Abydos. (D'après une photographie.) 446
Maison d'Abydos habitée par l'auteur, pendant les trois premières années. (D'après une photographie.) 447
Le prêtre-roi rendant hommage à Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.) 448
Thot présentant le signe de la vie aux narines du roi Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.) 449
Le dieu Thot purifiant le roi Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris, mur sud). (D'après une photographie.) 450
Vue intérieure du temple de Ramsès II. (D'après une photographie.) 451
Perspective de la seconde salle hypostyle du temple de Séti Ier. (D'après une photographie.) 451
Temple de Séti Ier, mur est, pris du mur nord. Salle due à Ramsès II. (D'après une photographie.) 452
Temple de Séti Ier, mur est, montrant des scènes diverses du culte. (D'après une photographie.) 453
Table des rois Séti Ier et Ramsès II, faisant des offrandes aux rois leurs prédécesseurs. (D'après une photographie.) 454
Vue générale du temple de Séti Ier, prise de l'entrée. (D'après une photographie.) 455
Procession des victimes amenées au sacrifice (temple de Ramsès II). (D'après une photographie.) 456
VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE
AUX MONTS CÉLESTES
Par M. JULES BROCHEREL
Le bazar de Tackhent s'étale dans un quartier vieux et fétide. (D'après une photographie.) 457
Un Kozaque de Djarghess. (D'après une photographie.) 457
Itinéraire de Tachkent à Prjevalsk. 458
Les marchands de pain de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 459
Un des trente-deux quartiers du bazar de Tachkent. (D'après une photographie.) 460
Un contrefort montagneux borde la rive droite du «tchou». (D'après une photographie.) 461
Le bazar de Prjevalsk, principale étape des caravaniers de Viernyi et de Kachgar. (D'après une photographie.) 462
Couple russe de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 463
Arrivée d'une caravane à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 464
Le chef des Kirghizes et sa petite famille. (D'après une photographie.) 465
Notre djighite, sorte de garde et de policier. (D'après une photographie.) 466
Le monument de Prjevalsky, à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 467
Des têtes humaines, grossièrement sculptées, monuments funéraires des Nestoriens... (D'après une photographie.) 467
Enfants kozaques sur des bœufs. (D'après une photographie.) 468
Un de nos campements dans la montagne. (D'après une photographie.) 469
Montée du col de Tomghent. (D'après une photographie.) 469
Dans la vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 470
Itinéraire du voyage aux Monts Célestes. 470
La carabine de Zurbriggen intriguait fort les indigènes. (D'après une photographie.) 471
Au sud du col s'élevait une blanche pyramide de glace. (D'après une photographie.) 472
La vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 473
Le col de Karaguer, vallée de Tomghent. (D'après une photographie.) 474
Sur le col de Tomghent. (D'après une photographie.) 475
J'étais enchanté des aptitudes alpinistes de nos coursiers. (D'après une photographie.) 475
Le plateau de Saridjass, peu tourmenté, est pourvu d'une herbe suffisante pour les chevaux. (D'après une photographie.) 476
Nous passons à gué le Kizil-Sou. (D'après des photographies.) 477
Panorama du massif du Khan-Tengri. (D'après une photographie.) 478
Entrée de la vallée de Kachkateur. (D'après une photographie.) 479
Nous baptisâmes Kachkateur-Tao, la pointe de 4 250 mètres que nous avions escaladée. (D'après une photographie.) 479
La vallée de Tomghent. (D'après une photographie.) 480
Des Kirghizes d'Oustchiar étaient venus à notre rencontre. (D'après une photographie.) 481
Kirghize joueur de flûte. (D'après une photographie.) 481
Le massif du Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 482
Région des Monts Célestes. 482
Les Kirghizes mènent au village une vie peu occupée. (D'après une photographie.) 483
Notre petite troupe s'aventure audacieusement sur la pente glacée. (D'après une photographie.) 484
Vallée supérieure d'Inghiltchik. (D'après une photographie.) 485
(p. ix) Vallée de Kaende: l'eau d'un lac s'écoulait au milieu d'une prairie émaillée de fleurs. (D'après une photographie.) 486
Les femmes kirghizes d'Oustchiar se rangèrent, avec leurs enfants, sur notre passage. (D'après une photographie.) 487
Le chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.) 488
Nous saluâmes la vallée de Kaende comme un coin de la terre des Alpes. (D'après une photographie.) 489
Femmes mariées de la vallée de Kaende, avec leur progéniture. (D'après une photographie.) 490
L'élément mâle de la colonie vint tout l'après-midi voisiner dans notre campement. (D'après une photographie.) 491
Un «aoul» kirghize. 492
Yeux bridés, pommettes saillantes, nez épaté, les femmes de Kaende sont de vilaines Kirghizes. (D'après une photographie.) 493
Enfant kirghize. (D'après une photographie.) 493
Kirghize dressant un aigle. (D'après une photographie.) 494
Itinéraire du voyage aux Monts Célestes. 494
Nous rencontrâmes sur la route d'Oustchiar un berger et son troupeau. (D'après une photographie.) 495
Je photographiai les Kirghizes de Kaende, qui s'étaient, pour nous recevoir, assemblés sur une éminence. (D'après une photographie.) 496
Le glacier de Kaende. (D'après une photographie.) 497
L'aiguille d'Oustchiar vue de Kaende. 498
Notre cabane au pied de l'aiguille d'Oustchiar. (D'après des photographies.) 498
Kirghizes de Kaende. (D'après une photographie.) 499
Le pic de Kaende s'élève à 6 000 mètres. (D'après une photographie.) 500
La fille du chirtaï (chef) de Kaende, fiancée au kaltchè de la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 501
Le kaltchè (chef) de la vallée d'Irtach, l'heureux fiancé de la fille du chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.) 502
Le glacier de Kaende. 503
Cheval kirghize au repos sur les flancs du Kaende. (D'après des photographies.) 503
Retour des champs. (D'après une photographie.) 504
Femmes kirghizes de la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 505
Un chef de district dans la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 505
Le pic du Kara-tach, vu d'Irtach, prend vaguement l'aspect d'une pyramide. (D'après une photographie.) 506
Les caravaniers passent leur vie dans les Monts Célestes, emmenant leur famille avec leurs marchandises. (D'après une photographie.) 507
La vallée de Zououka, par où transitent les caravaniers de Viernyi à Kachgar. (D'après une photographie.) 508
Le massif du Djoukoutchiak; au pied, le dangereux col du même nom, fréquenté par les nomades qui se rendent à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 509
Le chaos des pics dans le Kara-Tao. (D'après une photographie.) 510
Étalon kirghize de la vallée d'Irtach et son cavalier. (D'après une photographie.) 511
Véhicule kirghize employé dans la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 511
Les roches plissées des environs de Slifkina, sur la route de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 512
Campement kirghize, près de Slifkina. (D'après une photographie.) 513
Femme kirghize tannant une peau. (D'après une photographie.) 514
Les glaciers du Djoukoutchiak-Tao. (D'après une photographie.) 515
Tombeau kirghize. (D'après une photographie.) 516
L'ARCHIPEL DES FEROÉ
Par Mlle ANNA SEE
«L'espoir des Feroé» se rendant à l'école. (D'après une photographie.) 517
Les enfants transportent la tourbe dans des hottes en bois. (D'après une photographie.) 517
Thorshavn apparut, construite en amphithéâtre au fond d'un petit golfe. 518
Les fermiers de Kirkebœ en habits de fête. (D'après une photographie.) 519
Les poneys feroïens et leurs caisses à transporter la tourbe. (D'après une photographie.) 520
Les dénicheurs d'oiseaux se suspendent à des cordes armées d'un crampon. (D'après une photographie.) 521
Des îlots isolés, des falaises de basalte ruinées par le heurt des vagues. (D'après des photographies.) 522
On pousse vers la plage les cadavres des dauphins, qui ont environ 6 mètres. (D'après une photographie.) 523
Les femmes feroïennes préparent la laine.... (D'après une photographie.) 524
On sale les morues. (D'après une photographie.) 525
Feroïen en costume de travail. (D'après une photographie.) 526
Les femmes portent une robe en flanelle tissée avec la laine qu'elles ont cardée et filée. (D'après une photographie.) 527
Déjà mélancolique!... (D'après une photographie.) 528
PONDICHÉRY
chef-lieu de l'Inde française
Par M. G. VERSCHUUR
Groupe de Brahmanes électeurs français. (D'après une photographie.) 529
Musicien indien de Pondichéry. (D'après une photographie.) 529
Les enfants ont une bonne petite figure et un costume peu compliqué. (D'après une photographie.) 530
La visite du marché est toujours une distraction utile pour le voyageur. (D'après une photographie.) 531
Indienne en costume de fête. (D'après une photographie.) 532
Groupe de Brahmanes français. (D'après une photographie.) 533
La pagode de Villenour, à quelques kilomètres de Pondichéry. (D'après une photographie.) 534
Intérieur de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 535
La Fontaine aux Bayadères. (D'après une photographie.) 536
Plusieurs rues de Pondichéry sont larges et bien bâties. (D'après une photographie.) 537
Étang de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 538
Brahmanes français attendant la clientèle dans un bazar. (D'après une photographie.) 539
La statue de Dupleix à Pondichéry. (D'après une photographie.) 540
UNE PEUPLADE MALGACHE
LES TANALA DE L'IKONGO
Par M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ
Les populations souhaitent la bienvenue à l'étranger. (D'après une photographie.) 541
Femme d'Ankarimbelo. (D'après une photographie.) 541
Carte du pays des Tanala. 542
Les femmes tanala sont sveltes, élancées. (D'après une photographie.) 543
Panorama de Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 544
Groupe de Tanala dans la campagne de Milakisihy. (D'après une photographie.) 545
Un partisan tanala tirant à la cible à Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 546
Enfants tanala. (D'après une photographie.) 547
Les hommes, tous armés de la hache. (D'après une photographie.) 548
Les cercueils sont faits d'un tronc d'arbre creusé, et recouverts d'un drap. (D'après une photographie.) 549
Le battage du riz. (D'après une photographie.) 550
(p. x) Une halte de partisans dans la forêt. (D'après une photographie.) 551
Femmes des environs de Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 552
Les Tanala au repos perdent toute leur élégance naturelle. (D'après une photographie.) 553
Une jeune beauté tanala. (D'après une photographie.) 553
Le Tanala, maniant une sagaie, a le geste élégant et souple. (D'après une photographie.) 554
Le chant du «e manenina», à Iaborano. (D'après une photographie.) 555
La rue principale à Sahasinaka. (D'après une photographie.) 556
La danse est exécutée par des hommes, quelquefois par des femmes. (D'après une photographie.) 557
Un danseur botomaro. (D'après une photographie.) 558
La danse, chez les Tanala, est expressive au plus haut degré. (D'après des photographies.) 559
Tapant à coups redoublés sur un long bambou, les Tanala en tirent une musique étrange. (D'après une photographie.) 560
Femmes tanala tissant un lamba. (D'après une photographie.) 561
Le village et le fort de Sahasinaka s'élèvent sur les hauteurs qui bordent le Faraony. (D'après une photographie.) 562
Un détachement d'infanterie coloniale traverse le Rienana. (D'après une photographie.) 563
Profil et face de femmes tanala. (D'après une photographie.) 564
LA RÉGION DU BOU HEDMA
(sud tunisien)
Par M. Ch. MAUMENÉ
Les murailles de Sfax, véritable décor d'opéra.... (D'après une photographie.) 565
Salem, le domestique arabe de l'auteur. (D'après une photographie.) 565
Carte de la région du Bou Hedma (sud tunisien). 566
Les sources chaudes de l'oued Hadedj sont sulfureuses. (D'après une photographie.) 567
L'oued Hadedj, d'aspect si charmant, est un bourbier qui sue la fièvre. (D'après une photographie.) 568
Le cirque du Bou Hedma. (D'après une photographie.) 569
L'oued Hadedj sort d'une étroite crevasse de la montagne. (D'après une photographie.) 570
Manoubia est une petite paysanne d'une douzaine d'années. (D'après une photographie.) 571
Un puits dans le défilé de Touninn. (D'après une photographie.) 571
Le ksar de Sakket abrite les Ouled bou Saad Sédentaires, qui cultivent oliviers et figuiers. (D'après une photographie.) 572
De temps en temps la forêt de gommiers se révèle par un arbre. (D'après une photographie.) 573
Le village de Mech; dans l'arrière-plan, le Bou Hedma. (D'après une photographie.) 574
Le Khrangat Touninn (défile de Touninn), que traverse le chemin de Bir Saad à Sakket. (D'après une photographie.) 575
Le puits de Bordj Saad. (D'après une photographie.) 576
DE TOLÈDE À GRENADE
Par Mme JANE DIEULAFOY
Après avoir croisé des bœufs superbes.... (D'après une photographie.) 577
Femme castillane. (D'après une photographie.) 577
On chemine à travers l'inextricable réseau des ruelles silencieuses. (D après une photographie.) 578
La rue du Commerce, à Tolède. (D'après une photographie.) 579
Un représentant de la foule innombrable des mendiants de Tolède. (D'après une photographie.) 580
Dans des rues tortueuses s'ouvrent les entrées monumentales d'anciens palais, tel que celui de la Sainte Hermandad. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 581
Porte du vieux palais de Tolède. (D'après une photographie.) 582
Fière et isolée comme un arc de triomphe, s'élève la merveilleuse Puerta del Sol. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 583
Détail de sculpture mudejar dans le Transito. (D'après une photographie.) 584
Ancienne sinagogue connue sous le nom de Santa Maria la Blanca. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 585
Madrilène. (D'après une photographie.) 586
La porte de Visagra, construction massive remontant à l'époque de Charles Quint. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 587
Tympan mudejar. (D'après une photographie.) 588
Des familles d'ouvriers ont établi leurs demeures près de murailles solides. (D'après une photographie.) 589
Castillane et Sévillane. (D'après une photographie.) 589
Isabelle de Portugal, par le Titien (Musée du Prado). (Photographie Lacoste, à Madrid.) 590
Le palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.) 591
Statue polychrome du prophète Élie, dans l'église de Santo Tomé (auteur inconnu). (D'après une photographie.) 592
Porte du palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.) 593
Portrait d'homme, par le Greco. (Photographie Hauser y Menet, à Madrid.) 594
La cathédrale de Tolède. 595
Enterrement du comte d'Orgaz, par le Greco (église Santo Tomé). (D'après une photographie.) 596
Le couvent de Santo Tomé conserve une tour en forme de minaret. (D'après une photographie.) 597
Les évêques Mendoza et Ximénès. (D'après une photographie.) 598
Salon de la prieure, au couvent de San Juan de la Penitencia. (D'après une photographie.) 599
Prise de Melilla (cathédrale de Tolède). (D'après une photographie.) 600
C'est dans cette pauvre demeure que vécut Cervantès pendant son séjour à Tolède. (D'après une photographie.) 601
Saint François d'Assise, par Alonzo Cano, cathédrale de Tolède. 601
Porte des Lions. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 602
Le cloître de San Juan de los Reyes apparaît comme le morceau le plus précieux et le plus fleuri de l'architecture gothique espagnole. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 603
Ornements d'église, à Madrid. (D'après une photographie.) 604
Porte due au ciseau de Berruguete, dans le cloître de la cathédrale de Tolède. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 605
Une torea. (D'après une photographie.) 606
Vue intérieure de l'église de San Juan de Los Reyes. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 607
Une rue de Tolède. (D'après une photographie.) 608
Porte de l'hôpital de Santa Cruz. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 609
Sur les bords du Tage. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 610
Escalier de l'hôpital de Santa Cruz. (D'après une photographie.) 611
Détail du plafond de la cathédrale. (D'après une photographie) 612
Pont Saint-Martin à Tolède. (D'après une photographie.) 613
Guitariste castillane. (D'après une photographie.) 613
La «Casa consistorial», hôtel de ville. (D'après une photographie.) 614
Le «patio» des Templiers. (D'après une photographie.) 615
Jeune femme de Cordoue avec la mantille en chenille légère. (D'après une photographie.) 616
Un coin de la Mosquée de Cordoue. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 617
Chapelle de San Fernando, de style mudejar, élevée au (p. xi) centre de la Mosquée de Cordoue. (D'après une photographie.) 618
La mosquée qui fait la célébrité de Cordoue, avec ses dix-neuf galeries hypostyles, orientées vers la Mecque. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 619
Détail de la chapelle de San Fernando. (D'après une photographie.) 620
Vue extérieure de la Mosquée de Cordoue, avec l'église catholique élevée en 1523, malgré les protestations des Cordouans. (D'après une photographie.) 621
Statue de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.) 622
Statue de doña Maria Manrique, femme de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.) 623
Détail d'une porte de la mosquée. (D'après une photographie.) 624
Note 1: Suite. Voyez page 577.[Retour au texte principal]
Note 2: Suite. Voyez pages 577 et 589.[Retour au texte principal]
Note 3: Suite. Voyez pages 577, 589 et 601.[Retour au texte principal]